The Invention of Tradition est publié pour la première fois en 1983 en Angleterre par le Syndicate of the Press of the University of Cambridge en langue anglaise. La traduction française par Christine Vivier de cet ouvrage collectif n'est publiée qu'en 2006 aux Editions Amsterdam. Le livre comporte dans sa partie rédigée 324 pages, complétées par des notes et un index.
Cet ouvrage est nécessaire à l'étude et à la compréhension des mouvements nationalistes. En se basant sur l'exemple de la Grande-Bretagne, les six historiens dont chacun des six chapitres du livre est l'œuvre, démontrent comment une identité et un sentiment nationaux se créent, pour la plupart non pas à partir de traditions ancestrales, mais par le biais d' « inventions » ou de résurrections de traditions unificatrices. L'histoire leur sert de moyen de légitimation et compose le ciment qui donne lieu à une cohésion de groupe, jusqu'à ce que ces « traditions » deviennent les symboles mêmes des luttes nationales. De fait, ces « traditions » et rituels donnent lieu à des reproductions d'esprits de classe ou de caste ainsi qu'au renforcement, avec l'exemple de la couronne britannique, de la domination sur ses sujets colonisés. Les « traditions inventées » se veulent inscrites dans la continuité d'un passé largement fictif et se proposent de reprendre l'ordre ancien pour répondre à des situations nouvelles. Ainsi les Etats européens ont-ils dû créer, entre 1789 et 1914, une ingénierie médiatique de manière à raffermir leur cohésion et leur unité face aux progrès du suffrage universel, aux ravages du capitalisme et à la formation d'un mouvement ouvrier virulent et par là même menaçant.
[...] Les Anglais prennent en effet conscience à cette époque de la nécessité de renforcer la monarchie de traditions, qui passent par la rédaction de comptes-rendus des cérémonies, d'une organisation plus rigoureuse, et donc d'une symbolique plus forte. En guise de conclusion de cette sous-partie, une citation de D. Cannadine, qui témoigne des manipulations historiques dues à l'invention de la tradition : C'est donc dans cette seconde période d'inventivité cérémonielle concurrentielle et internationale que nous pouvons directement localiser les origines de ces grands et splendides rituels que les commentateurs anglais font remonter à un millier d'années Représenter l'autorité dans l'Inde Victorienne Ce chapitre de Bernard Cohen traite de l'Inde victorienne et des inventions et appropriations de traditions qui servirent à la fois à la Couronne britannique à asseoir son autorité et sa légitimité (à partir du 2 août 1858, date du Government of India Act), et en même temps à éveiller chez les Indiens des velléités nationales. [...]
[...] Dans la même optique, l'empire allemand bismarckien use lui d'un conglomérat de symboles que sont ceux du nationalisme libéral, du précédent empire, tout en s'appuyant sur la continuité de la dynastie de Prusse qui vise à montrer que, si les changements sociaux et politiques sont majeurs, des constantes persistent qui légitiment la loyauté du peuple allemand à l'Etat. Ainsi l'auteur montre-t-il l'invention de traditions par les pouvoirs politiques de manière à se légitimer et à créer un large espace public qui leur est loyal. [...]
[...] Le deuxième pan du développement repose sur ce qui pourrait apparaître de prime abord comme paradoxal, à savoir l'utilisation des Indiens de l'invention de la tradition des colons britanniques pour donner lieu aux prémisses d'un rassemblement national indien. Il faut, pour expliquer ce fait, s'appuyer sur sa manifestation principale qu'est l'organisation de l'Assemblée Impériale de 1877 : c'est de fait la première fois que les dirigeants nationalistes et les médias de l'Inde toute entière sont réunis en un même lieu et qu'ils prennent conscience de leur intérêt commun à l'émancipation nationale. [...]
[...] Son engagement marxiste est scellé par son adhésion en 1936 au Parti Communiste anglais. Outre ses postes d'enseignant, il est membre de la British Academy depuis 1976 et concentre son vaste champ de recherches sur le banditisme et ses causes sociopolitiques ainsi que sur le conflit entre anarchisme et communisme. Il dirige conjointement avec Terence Granger l'ouvrage collectif L'Invention de la Tradition. III) Thèse défendue et articulations principales En 1790, Edmund Burke s'adressait aux Français comme suit : Pourquoi faire du nouveau ? Rattachez-vous à vos anciennes traditions. [...]
[...] Sur le fond, et je laisse le privilège à J-P. Scot dans son article d'arroser l'ouvrage d'arguments dithyrambiques, j'ai trouvé ce livre intéressant dans ses grandes lignes, mais absolument opaque et partant ennuyeux dans ses longueurs descriptives, variables selon les chapitres. Le chapitre II sur La quête du passé gallois à l'époque romantique a été pour moi le plus laborieux à lire dans la mesure où il démarre par une longue introduction qui laisse de côté le fil rouge du livre qu'est l'invention de la tradition et qu'il s'appuie sur de nombreuses références en langue galloise (traduites) et dont les subtilités ne sauraient être appréciées que par un gallophone initié. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture