Comment ce 101e bataillon a-t-il contribué à la Solution finale, et pourquoi, tel est l'objet du livre de C. Browning. Mais son but, quel est-il ? Faire la "description serrée" des expériences communes des gens ordinaires ne vise pas à banaliser le mal, mais seulement à étudier ces hommes, justement trop ordinaires, pénétrés des idées nazies
[...] Le second point marquant de "D. H. O." est l'énumération des crimes du 101e bataillon, commis tout du long de leur séjour en Pologne, tantôt seuls, tantôt aidés de Hiwis (ou Hilfswillige, volontaires ukrainiens, lettons ou lituaniens entraînés par les SS) et de SS. Certes, cette énumération n'appelle pas une grande argumentation, mais elle mérite de s'y attarder, ne serait-ce qu'en raison de la gravité des crimes commis, et de la part de l'ouvrage (sans doutes les deux tiers) y étant consacrée. [...]
[...] et dans ce cas, pourquoi n'aurions-nous pas nous-mêmes obéi à ces ordres de mort. I. La méthode utilisée dans "Des hommes ordinaires" est très sensiblement différente de celles auxquelles nous sommes généralement habitués. Comme je l'ai dit en introduction, citant partiellement Pierre Vidal-Naquet, Christopher Browning fait de la "micro-histoire", c'est à dire la "description serrée" des expériences communes des gens ordinaires, la pensée du réel au niveau historique le plus simple, celui des individus ou d'une petite communauté. C'est-à-dire qu'il ne prétend pas parler au nom "des Allemands". [...]
[...] Le titre du chapitre 13 est expressif : "les étranges ennuis de santé du Capitaine Hoffmann". Ou encore, C. B. s'intéresse au capitaine Buchmann qui, lui, désapprouve ouvertement (pour un officier, c'est unique) ces massacres et persécutions, refuse d'y prendre part, et sera protégé par Trapp. Ces approfondissements sur des individus portent un éclairage relatif sur le 101e, et le 101e uniquement. On ne saurait chercher là une quelconque valeur symbolique. Trapp, Hauffmann, Buchmann, Gnade (un sous-officier particulièrement sadique) ne sont pas représentatifs, ou peu, du bataillon et encore moins des Allemands dans leur ensemble. [...]
[...] propose d'abord des solutions d'ordre général, mais précise leurs insuffisances. Les premières explications disent que les hommes du 101e ont tué pour une foule de raisons isolées : à cause de la guerre et de sa brutalité inhérente, du racisme, de la segmentation et du caractère routinier des tâches, de la sélection des tueurs, du carriérisme, de l'obéissance aux règles, par déférence à l'égard de l'autorité, par endoctrinement idéologique, par conformisme enfin. Certes, dit Browning. Mais chacun de ces arguments, isolé qu'il est, avec des réserves. [...]
[...] Les tueurs potentiels ne sont jamais totalement mauvais, ou ne se révèlent ainsi qu'en des occasions exceptionnelles. Du moins concernant les hommes ordinaires. [...]
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