L'expression linguistic turn qui a été popularisée par le recueil du philosophe Richard Rorty (the linguistic turn paru en 1967) concernait alors les débats internes à la philosophie analytique anglo-saxonne portant sur le point de savoir si les problèmes qui devaient occuper la philosophie étaient en priorité des problèmes d'élucidation du langage.
[...] Il faut désormais reconnaitre que le choc épistémologique du LT a sans aucun doute contribué à sa façon (en histoire) à remettre en cause les tentations déterministes, à critiquer les classifications trop exogènes aux contextes d'action et, non seulement à réhabiliter l'efficace propre du symbolique, mais aussi à mieux prendre en compte la dimension symbolique des réalités historiques. Plus largement, un nombre croissant d'historiens adoptent à l'égard du LT une position d'appropriation critique dans le sens des remarques d'Antoine Lilti à propos des auteurs ayant participé au volume beyond the cultural turn paru en 1999 et dirigé par Lynn Hunt et Victoria Bonnel. Cette nouvelle convergence et cette appropriation critique des acquis du LT ne sont pas la simple continuation du compromis entre narrativité et défense du projet d'objectivité de l'histoire des années 1990. [...]
[...] Historiographies, F. Dosse, Tome 1 Linguistic turn L'expression linguistic turn qui a été popularisée par le recueil du philosophe Richard Rorty (the linguistic turn paru en 1967) concernait alors les débats internes à la philosophie analytique anglo-saxonne portant sur le point de savoir si les problèmes qui devaient occuper la philosophie étaient en priorité des problèmes d'élucidation du langage. Un paradigme linguistique contre l'histoire sociale Il faut attendre les années 1980 pour que des historiens, dans le monde anglo-saxon d'abord et surtout dans le cadre des départements de littérature, s'ouvrent à des propositions théoriques réhabilitant le rôle du langage en sciences sociales et que la domination LT (linguistic turn) devienne un label historiographique. [...]
[...] Chartier est l'un des rares historiens français de sa génération à avoir dialogué avec des partisans du LT. III) Dédramatiser et historiciser le LT ? Pour l'histoire, cette dramatisation de l'impact du LT en France (qui vise en tout premier lieu H White) doit sans doute être rapportée à la position longtemps dominante du modèle de l'histoire sociale. De plus, les principales composantes de l'histoire dite culturelle, qui s'est affirmée à partir des années 1980, sont issues soit de l'histoire sociale elle-même, soit de l'histoire politique. [...]
[...] Débats et polémiques violentes qui accompagnent le LT. Le LT et le poststructuralisme ont été de puissants outils de critiques et de distinction théoriques pour la gender history (J. Scott) comme pour tous les courants issus des cultural studies anglaises (post colonial studies, subaltern studies). Il faut cependant distinguer les travaux historiques se revendiquant d'un tournant langagier et le LT comme complexe de positions textualistes et relativistes plus radicales. Ces dernières, en remettant en cause les frontières disciplinaires traditionnelles, débordent d'ailleurs largement le domaine de l'histoire. [...]
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