France urbaine duby
- p.6: la ville de l'âge industriel: des années 1840 à 1950; 1950: notre univers urbain, avec ses caractéristiques : afflux de nouveaux habitants, grands ensembles bâtis à la hâte au-delà des "banlieues frontières", submersion automobile, difficultés sociales inédites
- sur l'histoire urbaine française, pas de coupure aux siècles, ni en 1800, ni à la Révolution; les révolutionnaires n'ont pas songé à changer la ville, Napoléon n'en a pas eu le temps; Révolution, Empire, Restauration, Monarchie de Juillet, se déroulent dans des villes vétustes, grouillantes, malsaines; places rares, rues étroites et tortueuses
- la ville de l'âge industriel définie comme économique avec le décollage industriel des années 1830-40; au centre, les forces productives et techniques, les rapports sociaux, plus que les institutions politiques ou les idéaux de la modernité libérale; le Capital existait depuis longtemps, la machine à vapeur fait son entrée
- mais bien des villes grandissent qui ne sont pas touchées par l'industrialisation; aller contre la vulgate d'histoire sociale: les villes ne voient pas forcément s'élever les barricades entre les ouvriers et les patrons; les villes qui ont la barricade facile ne sont pas celles où la domination du patronat industriel est la plus évidente (voir pour ces nuances, Georges Duveau, La vie ouvrière au temps du Second Empire: typologie des manières d'être des ouvriers selon qu'ils vivent dans le cadre d'une métropole, d'une ville moyenne à industries multiples, d'une petite ville à usine dominante); l'histoire concrète, même la plus sociale, ne saurait se réduire au simple déterminisme économique; d'autres réalité anthropologiques: l'habitat, la culture.
[...] entre deux forces qui tirent à l'opposé les sociétés urbaines, malaisé de donner une définition spécifique simple; groupes sont nommés seulement par référence à d'autres” - présence évidente à tous les observateurs des villes; les chiffres avec la hiérarchie des successions : ni prolétaires, ni bourgeois; à Lille, en 1840-50, quand l'industrialisation a déjà élargi les hiérarchies, on peut y classer le tiers des mutations après décès - partout, on passe dans les deux premiers tiers du XIXè d'une pyramide régulière à un gonflement des niveaux moyens; les transformations reproduisent les entrées successives des villes dans la transformation économique; parallèlement, la part de ces échelons moyens diminue : à Paris de 62 à 19% entre 1820 et 1847 - les sociétés urbaines sont fondamentalement ternaires - on ne peut mettre en exacte correspondance l'échelle des fortunes et celle des statuts socio-professionnels; mais il faut chercher les couches moyennes du côté des services - rôle ancien d'animation économique du plat pays environnant; villes sont aussi le centre du pouvoir politique, social et culturel, elles concentrent appareils et institutions - le progression démographique de Rennes entre 1880 et 1939 s'explique par son rôle de capitale régionale, et les projets universitaires y sont la grande affaire à la Belle Epoque; en 1939, l'enseignement, maîtres et élèves de toutes catégories concentre de la population - Rouen est un port, mais aussi siège d'un archevêché, d'une cour d'appel et d'un état-major - la permanence numérique de ces classes moyennes cache de profonds reclassements, comme à Bordeaux où vers 1900 c'est la poussée des services publics qui compense le relatif déclin du commerce - les services ont poussé à l'ombre de l'industrie; nouvelles chances d'ascension sociale quand les anciens chemins se ferment les hasards du commerce - p.357 : artisans, commerçants, négociants; le XIXè ne connaît longtemps que la profession, maçon, cordonnier, cafetier, tailleur, boulanger; il ne sépare pas la fabrication de la vente; il ne se préoccupe pas de dire la dépendance ou l'indépendance, le salariat ou non, qui fonde l'accès direct au marché - ce que les sources du temps laissent longtemps ignorer, les contemporains le savent d'instinct : en 1884, les chiffonniers parisiens qui demandent du travail au service de nettoiement de la mairie refusent d'être balayeurs : “nous travaillons librement, nous ne voulons pas être esclaves” - les commerçants sont détestés, comme les marchands de canons, on les accuse d'enrichissement en jouant seulement les intermédiaires - mais la toile de fond est la même, l'atelier et la boutique demeurent, dans l'opinion, un des moyens privilégiés de l'enrichissement et donc de l'ascension sociale; mais recul rapide des artisans indépendants, envers de l'accroissement des prolétaires; l'essor de la confection ferme les ateliers des cordonniers et des tailleurs; à la veille de la guerre, les fils d'artisans se dirigent vers le tertiaire pour éviter de tomber dans le prolétariat - les progrès de la boutique : leur nombre n'augmente pas de façon significative jusqu'à la fin du II Empire; en patrons d'alimentation à Grenoble, qui emploient 311 personnes seulement à la vente ou à la fabrication; 1485 magasins à Dijon en 1887; la clientèle est bornée au voisinage immédiat; on s'y succède de père en fils ou engendre, sans faire fortune; on cherche rarement à améliorer le cadre ou à diversifier les activités; dans le centre des villes, on s'inquiète de la concurrence des grands magasins - auto-exploitation du petit commerçant (Haupt) : journées longues, pas de dimanche, mise à contribution de toute la famille; pour beaucoup d'ouvrir, c'est une manière de changer de monde sans quitter l'univers familier - c'est donc le petit commerce qui bénéficie de la diversification des besoins alimentaires et autres, et d la demande que crée l'extension de l'espace urbain, avec les quartiers neufs éloignés du commerce traditionnel; les boulangers profitent ainsi de la disparition de la cuisson domestique du pain - Gerbod montre la prolifération des coiffeurs, avec la progression du niveau de vie qui rend plus attentif à l'allure extérieure; 1896 : 47.000 coiffeurs en France en 1911; 99.000 en en 1939, dont seulement 15.000 femmes - la concurrence des grands magasins n'est par réelle; de 1870 à 1939, le nombre des boutiques double en France, passant de un à deux millions, pour les seules agglomérations urbaines - la législation accompagne cette ascension et la protection s'esquisse dès 1905; des textes de 1926 et 1928 garantissent la propriété et la valeur des fonds de commerce - dès la fin du XIXè, mise en place d'associations de défense corporatives; pour les coiffeurs dès 1890, pour organiser la professions, promouvoir son image de marque et organiser l'apprentissage - les magasins à succursales multiples : Docks rémois, Goulet-Turpin, Casino; en magasins de ce type en France - amis les créations de commerces indépendants continuent de se multiplier, surtout après 1931; en 1935, la loi prohibe les ambulants, surtout lancés à l'initiative du gros négoce et interdit en 1936 de lancer des nouveaux magasins à prix unique - les Italiens marseillais de la deuxième génération ont des boutiques d'alimentation, nombreux aussi dans la coiffure dans le midi; arméniens dans les cuirs et les vêtements - mais pour la mobilité sociale bien garder en vue qu'en permanence il naît autant de commerces qu'il en meurt; à Niort, sous le II Empire, négociants et banquiers tiennent la moitié des créances du petit commerce en faillite - pour Chaline, c'est dès 1850, à Rouen, que la boutique cesse d'être le trait d'union entre le petit peuple et la bourgeoisie locale : se voit dans la raréfaction des alliances matrimoniales - à Lille, en 1908, la moitié des commerçants ne laisse aucun patrimoine; mais reste quand même le triple de celui d'un ouvrier qualifié quand il existe - mais chaque fois que s'industrialise une nouvelle consommation, c'est la chance d'une partie d'entre eux : la chaussure de Romans (Figuet, Pinet), dans la cimenterie grenobloise, la bonneterie lyonnaise de la domestique à l'employée et au-delà - p.547 : très grande importance numérique des domestiques; la littérature du temps (Zola, frères Goncourt, Maupassant, Proust) est pleine de femmes de chambres et de cochers, de cuisinières et de valets; leur emploi est signe de distinction pour la bourgeoisie; la hiérarchie des possédants se calque sur le nombre de domestiques; les grandes maisons en ont plusieurs dizaines - à Rouen, un ménage sur dix, toutes conditions confondues se fait servir, on compte 8.000 domestiques sur 40.000 actifs, soit il est possible qu'une partie d'entre eux soit des aides dans le commerce - souvent des femmes, massivement recrutées parmi les jeunes campagnardes qui préfèrent travailler maison” qu'à l'usine (cf. [...]
[...] maintes manières d'habiter l'espace urbain en s'y adaptant, en couvant la révolte ou en sécrétant un certain renoncement - le premier môle de la résistance est la famille, à l'inverse de ce qu'a pensé un moment une école occupée à en déplorer l'éclatement; l'organisation du travail s'y prêté longtemps, avec l'éparpillement des ateliers qui fait coïncider logement et travail, en mêlant intérêts et sentiments; on retrouve en ville de que les protohistoriens ont vu à la campagne; on se méfie des grosses mules-jennies à l'usine, mais on accepte les petites jeannettes à domicile - la famille est le véritable cadre du revenu; elle dit l'évolution du niveau de vie plus que les courbes de salaires et de prix; emploi des femmes, des enfants, des parents et collatéraux; on met les enfants à leur pain, pas forcément à l'usine, mais aussi au commerce, aux petits métiers de rue; vers 1910 à Paris, une enquête découvre que les chiffonniers sont de vieux ouvriers (ancien menuisier, ex-chauffeur de bateaux mouches ) - le travail des femmes : très répandu; tiennent aussi l'économie du ménage; fort usage du mont-de-piété, négociation des ardoises avec une usure qui peut aller jusqu'à 20 ou 30% - à Carmaux ou à Saint-Etienne, on cultive un jardin qui peut être loué; à pris on fait ses légumes à l'abri des fortifs, les cultures maraîchères sont un peu partout en ville - la rançon de la progressive ségrégation sociale est l'homogénéité grandissante des quartiers ouvriers; entre soi, sans le voisinage des riches; Chombart de Lauwe retrouve en 1950 ces “milieux de consommation où dominent famille et voisinage”; rues animées, sociabilités de rues contrairement aux quartiers riches, boutiques, cafés - souvent situé à proximité de l'usine, quand l'embauche se fait directement au portail; traversé à heures fixes par les équipes, on fait un bout de chemin ensemble deux fois par jour - le cabaret : très malmené par l'historiographie, réduit comme dans la littérature du XIXè et dans la littérature médicale à l'assommoir, source des désordres sociaux et moraux; café interdit au Creusot par les Schneider; on café on lit le journal, la paye s'y fait souvent et en tout cas l'embauche, le patron se fait banquier, aide à la poste; c'est une véritable agence de placement et d'affaires; toutes les chambres syndicales y ont jusque longtemps leur siège (n'ont des locaux propres à la fin du siècle avec les bourses) - à la Belle Epoque, le vin remplace l'alcool; apparition d'une nouvelle génération de spiritueux, aux mains d'une puissante industrie alimentaire; une loi de 1880 atténue les restrictions mises à l'ouverture des débits de boisson, naissance de “l'apéro”, dont l'absinthe; voir aussi les fêtes, les kiosques, les bals, les expos internationales, relevant strictement de la nouvelle culture urbaine - débuts du sport, des loisirs de plein air et des spectacles sportifs; chaque ville construit son stade pour le foot entre les deux guerres et quand elle le peut, son vélodrome le renouvellement des classes moyennes - p.535 : classes moyennes, couches intermédiaires, petits bourgeois? [...]
[...] par an, formés par l'apprentissage, correctement nourris et alphabétisés suffisamment pour s'informer du monde; au bas, les ouvriers misérables, sans qualification, chômeurs chroniques, souvent immigrés récents, marginaux; au milieu, les ouvriers pauvres, moins de 500 fr. [...]
[...] par famille avec en plus charbon et denrée alimentaires; marches de l faim à Roubaix; - de 1930 à 1935, le recul e la masse salariale distribuée est de mais ce ne sont plus les mêmes qui sont touchés du compagnon au prolétaire d'industrie - p.507 : travail manuel encore fort peu industrialisé dans les villes du XIX7 françaises; rares prolétaires stricto sensu, car les grandes usines sont rares; jusque dans les années 1880, une bonne part de l'industrialisation se fait en dehors des villes - quelques grandes manufactures d'État : arsenaux de Brest avec 4500 ouvriers en 1840, puis 8000 à la veille de la guerre - Toulouse (et Lyon) le seul grand établissement jusqu'à la veille de la guerre est la Manufacture des Tabacs; à Bordeaux, la seule grosse concentration ouvrière est l'atelier de réparation du chemin de fer du Midi, installé en 1857 : 800 ouvriers; - là où les grands organismes sidérurgiques se développent vite, Saint- Chamond, Rive-de-Gier, Longwy et Lorraine, ils baignent quand même dans une nébuleuse d'industries dispersées, clouterie, sidérurgie, rubanerie - par ailleurs, les murs d e l'usine ne sont pas seuls à créer le prolétaire moderne : le rassemblement d'un grand nombre d'ouvriers dans un même lieu n'entraîne pas forcément de modification du travail lui-même, ni de la répartition des qualifications; c'est la juxtaposition des artisans qualifiés et de leurs aides; survie du marchandage, de l'adjudication, dans les galeries de mines de Saint-Etienne, les coulées de hauts-fourneaux en Lorraine; à la verrerie, le chef de place paie lui-même ses souffleurs en fonction de la commande des bouteilles - les distinctions sont bien fondée en théorie, mais mal fondées en pratique qui distinguent les prolétaires selon la propriété des moyens de production; tous les tisseurs propriétaires de leurs métiers, les artisans indépendants - le travail urbain reste dominé par l'artisanat jusque dans les année 1880; une ville comme Nancy n'a que trois usines de plus de 100 ouvriers en 1870 (cotonnades Saladin ouvriers, lainière Goudchaux-Picard, par contre 200 PME qui rassemblent les autres salariés, avec moins de 10 salariés pour 70% d'entre elles - le petit peuple des villes est longtemps celui que l'on retrouve dans les émeutes : bronziers et ciseleurs, ébénistes et menuisiers, typographes, fondeurs de lettres, chapeliers et tailleurs; ils passent d'un lieu de travail à l'autre, de l'atelier à l'usine, sans perdre leur identité d'ouvriers de métier; le foisonnement brouille pour l'instant les analyses - les niveaux du docteur Guépin en 1840 : les ouvriers aisés, plus de 600 fr. [...]
[...] Lods), l'innovation est exclue, à quelques exceptions près; dans l'ensemble prévaut l'esprit de la loi sur les dommages de guerre d'octobre 1946 qui prescrit la reconstruction à l'identique; au Havre, exceptionnel, on laisse la reconstruction à Auguste Perret, qui apparaît comme le plus grand architecte français (p.268) QUATRIÈME PARTIE : LES CITADINS ET LEUR VIE QUOTIDIENNE, Yves Lequin anciens et nouveaux citadins mouroirs urbains ? [...]
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