Histoire de la France politique, tome 3, L'invention de la démocratie, 1789-1914, Serge Bernstein, Michel Winock, introduction, chapitre 1
Le 10 août 1792, le soulèvement du peuple de Paris met fin à la monarchie française, régime lentement construit depuis le Moyen-Age. Un apogée avait été atteint au XVIIIe siècle avec la mise en place de la monarchie absolue.
L'effondrement de la monarchie a été précédé d'une longue crise et de mutations majeures : les effets différés de l'humanisme, la croyance dans le progrès d'une humanité régie par la raison et la science.
La France révolutionnaire pose entre le printemps 1789 et l'été 1792 les fondements d'une cité idéale au point de vue de la souveraineté, de la société politique et des cultures politiques.
En juin 1789, les députés du Tiers État se proclament Assemblée nationale et mettent fin à l'identification de la nation à la personne du souverain. Désormais, la souveraineté appartient à la nation, c'est-à-dire à l'ensemble des individus adultes mâles. Le roi refuse d'être le chef d'une administration chargée d'appliquer les lois décidées par les représentants du peuple. Il est renversé puis exécuté. Une première expérience républicaine a lieu, sans succès, de 1792 à 1799.
[...] Dans le Sud-Est du pays, les protestants, partisans de la Révolution et les catholiques qui forment la Contre-Révolution s'affrontent dans des bagarres. En juin 1790, l'une d'entre-elle fait plusieurs centaines de morts à Nîmes. La position des curés au sujet de la Constitution civile du clergé influence les populations locales. Le centre du pays y est favorable, alors que les marges occidentales et orientales (Bretagne, Poitou, Alsace, vallée du Rhône) s'y opposent. Une politique vise à imposer le français, considéré comme la langue de la Révolution. [...]
[...] La condamnation de la Constitution civile par le pape au printemps 1791 scelle la division entre deux France et donne un poids considérable aux opposants. Une partie des révolutionnaires s'engagent dans un anticléricalisme virulent. Les opinions s'affichent de plus en plus par le port de cocardes, par des débats, par les journaux, par les courriers, par les clubs, par des insultes politiques aristocrates désigne tous les opposants de la Révolution, y compris les non-nobles) Les prodromes[3] de la guerre civile L'équilibre se rompt brusquement avec la fuite de la famille royale le 20 juin 1791, pour tenter de gagner la frontière allemande pour retrouver des troupes qui lui sont restées fidèles. [...]
[...] Des opposants à la Révolution s'appuient sur la DDHC pour affirmer leur droit à la religion traditionnelle. Même dans les campagnes reculées, le peuple se divise en aristocrates et patriotes reconnaissables aux emblèmes qu'ils portent : bleu des uniformes des gardes nationaux, cocardes tricolores ou blanches, Sacré- Cœur Le mouvement initial concernait les élites nobiliaires et bourgeoises participant + ou à la modernité des Lumières. Il incorpore par la suite les couches urbaines modestes et pauvres, les nobles provinciaux, les ruraux Les revendications de ces groupes sont diverses. [...]
[...] Les événements fondateurs La prise de la Bastille précipite le transfert de légitimité Le 14 juillet marque la 1re phase de la Révolution. Cette journée peut passer pour un non-événement. Elle est d'abord une manifestation née de la peur engendrée par la présence de troupe dans Paris et par le renvoi de Necker par le roi. La foule passe la nuit à chercher des armes et à incendier des octrois avant d'arriver devant la forteresse de la Bastille où le mouvement se transforme en insurrection. [...]
[...] Les premières effusions de sang de 1789 pour des motifs politiques ont lieu à Rennes, lors d'affrontements entre bourgeois et nobles lors de la réunion des États de Bretagne. Le Tiers État se caractérise par une forte mobilisation. Des fédérations de patriotes se veulent représentatives de la Nation et se développent dans l'ensemble du pays. La Nation prend un sens nouveau : il ne désigne plus les rassemblements de populations spécifiques, mais l'unité revendiquée d'individus composant une société réglée par des lois librement décidées Les patriotes s'inspirent des théories de Montesquieu (relativité des institutions) et de Rousseau (supériorité de la volonté générale). [...]
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