Au lendemain de la guerre de 1914, de nombreux pays industrialisés sont confrontés à de nombreuses difficultés, parmi lesquels la France qui connaît donc des problèmes gigantesques. En France se cumulent dépression classique, inflation et dévaluations du franc (alternativement sur-évalué puis sous-évalué). En quelques années, la France passe ainsi d'une phase d'extrême confiance à une période de morosité et de perte de confiance générale. Les déséquilibres économiques favorisent également l'instabilité politique.
Le XXe siècle marque également le fabuleux retournement des forces dominantes en Europe : ainsi la domination anglaise cède la place à l'explosion industrielle des pays dits à industrialisation tardive tels que l'Allemagne, la Russie ou le Japon. Vers 1930, le bilan français est toutefois plutôt favorable et la dépression ne se manifestera qu'avec retard; la contagion sera progressive une fois la phase de dépression enclenchée, ayant pour point de départ la dégradation du commerce extérieur français pour la première fois. En fin de compte, l'économie française est sans aucun doute la plus touchée au cours du XXe siècle; elle subit notamment un arrêt prolongé, sans précédent, de la croissance.
Nous tenterons ainsi d'analyser tout au long de ce dossier les explications de ce retournement historique ainsi que les conséquences majeurs des différentes politiques, économiques et sociales, menées en France jusqu'en 1970. Nous montrerons ainsi comment les déséquilibres de l'entre-deux-guerres n'ont pu être surmonté que temporairement avant l'enlisement dans la grande dépression.
[...] En effet quand un pays dévalue sa monnaie alors il devient largement plus compétitif sur les marchés mondiaux. Tandis que les pays non d'évaluateurs comme la France voient leurs exportations s'effondrer et leurs importations exploser. Les pays qui élargissent leurs marchés grâce à la dévaluation exportent leur chômage. Sauvy utilise la métaphore du naufragé qui pour remonter sur le navire prend pied sur un autre en l'enfonçant également. Ainsi en France le chômage partiel tend à se généraliser à partir de 1932. Les investissements s'effondrent en France et les profits dans l'industrie diminuent. [...]
[...] Ainsi en 1934 la France est une nouvelle fois au bord de la crise de régime. Un ensemble de mesures malthusiennes seront prises, aux effets divers, diffus et incertains. Nous essaierons toutefois d'en dégager les principales tendances. Le terme de malthusianisme économique désigne toute politique visant à rétablir l'équilibre sur les marchés par une réduction de l'offre. La demande française, insuffisante depuis la véritable entrée de la France dans la crise (que nous pouvons dater de 1931), n'atteint pas le niveau de la production, c'est à dire de l'offre. [...]
[...] La production énergétique française (houille, gaz, nucléaire) est loin de compenser ses besoins. La stabilité du prix de l'essence contribue de même au développement du secteur automobile. Le trafic est de plus en plus routier, au détriment du réseau ferroviaire (et de la SNCF). La baisse mondiale des prix de l'énergie permet à la France de maintenir une croissance de haut niveau : libérée du carcan que représentaient pour elle les prix de l'énergie sur les marchés mondiaux, la France connaît jusqu'en 1970 une performance exceptionnelle. [...]
[...] De plus la spécialisation de la France dans de tels secteurs s'est révélée désavantageuse en période de dépression, de sorte que la France perd, comme le souligne R.Girault, des parts de marchés. La dépression touche également le secteur automobile. Malgré les mesures protectionnistes et de contingentements mis en place, le déficit budgétaire de la France est énorme depuis 1930. En 1932, la balance des paiements courants devient également excédentaire, c'est-à-dire que les revenus des capitaux placés à l'étranger ne permettent pas de compenser le solde commercial négatif. La France s'est ainsi repliée sous son empire colonial, surtout depuis 1930. En 1938, l'échange colonial représente environ 30% du commerce extérieur français. [...]
[...] Les années 1930 jusqu'à 1935 marquent pour la France une descente progressive vers une nouvelle phase de dépression. Le bilan en 1935 est sévère : la France, loin d'avoir évité la crise mondiale comme on pouvait le penser au début de l'année 1930, semble même avoir davantage souffert que ses principaux concurrents. Les raisons de cette dépression sont avant tout l'incapacité des hommes politiques à proposer des solutions économiques efficaces à la crise : alors que la solution se trouve dans les causes de la crise elle- même, les politiques ont toujours été mis en place pour réduire les effets de la crise. [...]
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