« Notre rôle à nous prêtre, est précisément de montrer comment on peut mourir. » Cette phrase du père Rivet, aumônier aux armées pendant la Grande Guerre reflète parfaitement la problématique autour de la question de la Foi dans la Première Guerre mondiale, face à la mort de masse provoquée par cette guerre « moderne », quelle place la Foi et la ferveur religieuse ont-elles et prennent-elles ?
C'est à cette question qu' Annette Becker cherche à répondre dans cet ouvrage. Le sous-titre « De la mort à la mémoire » confirme l'omniprésence de la question de la mort dans le premier conflit mondial.
L'auteur, spécialiste de la Grande Guerre, co-directrice de centre de recherche de l'Historial de Péronne (Somme), tente dans cet ouvrage de mettre en relation le fait religieux et les croyances des Français avec le fait guerrier. La mort de masse, élément nouveau apporté par la Grande Guerre est-elle synonyme d'un tournant culturel et religieux ? Pour répondre à cette question, Annette Becker se place au croisement de deux historiographies, celle de la Grande Guerre et celle de l'histoire religieuse. En ce qui concerne l'historiographie de la Grande Guerre, Annette Becker s'inscrit dans ce qu'Antoine Prost et Jay Winter appellent « la troisième configuration historiographique » , une histoire culturelle et sociale. C'est dans ce cadre de l'histoire culturelle qu'Annette Becker essaye de répondre à la question des relations entre la guerre et la Foi en trois parties.
[...] L'alternative consentement ou contrainte n'existe pas en tant qu'explication globale, aucun de ces systèmes n'est recevable. Pour Nicolas Offenstadt il est nécessaire de parler de ténacité et plus généralement constater qu'il a continuation de la guerre, un événement que nul n'est à même d'interrompre et dont on aurait tort de sous-estimer l'inertie Cette continuation est parfois acceptée et célébrée avec enthousiasme, parfois résignée, parfois subie, dans des proportions variables suivant les lieux et les dates. L'aspect coercitif, la justice militaire, les exécutions sommaires ont un rôle dans le caractère de contrainte. [...]
[...] La guerre et la foi de la mort à la mémoire (1914-1930), Annette Becker Notre rôle à nous prêtre, est précisément de montrer comment on peut mourir. Cette phrase du père Rivet, aumônier aux armées pendant la Grande Guerre reflète parfaitement la problématique autour de la question de la Foi dans la première guerre mondiale, face à la mort de masse provoquée par cette guerre moderne quelle place la Foi et la ferveur religieuse ont-elles et prennent-elles ? C'est à cette question qu'Annette Becker cherche à répondre dans cet ouvrage. [...]
[...] Pendant la guerre se développent de nombreux signes interprétés comme bons ou mauvais présages et des remèdes pour éviter la mort ou les mauvais coups se répandent. Des prières inventées, inspirées de l'antiquité ou d'ancienne croyance rurale se retrouvent sur tout les fronts. L'énumération des signes de superstitions utilisés par les combattants pendant la grande guerre est impressionnante, et ces signes ne sont pas systématiquement en lien avec la religion classique. La frontière est donc extrêmement ténue entre ces croyances plus ou moins proches de la religion catholique et la superstition. [...]
[...] Dans la partie suivante Offrir la Foi Annette Becker revient sur la place du clergé dans le conflit. La guerre est synonyme à l'arrière d'une baisse du nombre de prêtres ainsi que d'une hausse et d'une modification des besoins spirituels des Français. L'engagement important des prêtres aux fronts est utilisé pour contredire la rumeur que nous venons d'évoquer. Dans le même but on voit très vite apparaître des récits hagiographiques de clercs engagés. Et à cela s'ajoute le fait que l'Eglise fait un effort financier très important pour soutenir la Nation en guerre et que la guerre, ses blessés et ses morts, renforcent la présence de l'Eglise car celle-ci à toujours une place prédominante dans les hôpitaux, pour les enterrements et dans le culte des morts en général. [...]
[...] Il y a une double posture dans le choix des sources d'Annette Becker, d'une part, ne pas se complaire dans la tendance à la victimisation des soldats qu'on observe dans le contexte pacifiste de la fin du XXème siècle au début du XXIème. D'autre part, Annette Becker accorde aux témoignages une place plus faible dans l'étude de la vie dans les tranchées, dénonçant le culte de la mémoire, elle revendique une lutte contre la dictature du témoignage Mais n'aurait-il pas été aussi intéressant d'avoir sur la question spirituelle et religieuse le point de vue de combattants étrangers à la Foi ou à la religion. [...]
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