Stéphane Audoin-Rouzeau, spécialiste de la Première Guerre Mondiale (thèse soutenue en 1986) et auteur de nombreux ouvrages (notamment sur la place et le rôle des enfants dans le conflit), signa en 1993 l'une de ses deux publications les plus citées : La Guerre des enfants, 1914-1918 sous-titrée pour la première édition seulement comme le rappelle l'auteur dans sa préface de Juin 2004 « Un essai d'histoire culturelle » – la seconde étant de facto son fameux 14-18, Retrouver la guerre, pavé dans la mare de la recherche, coécrit par Annette Becker. Cet historien de la troisième génération historiographique de la Grande Guerre (la génération histoire sociale et culturelle) [Penser la guerre…], « importateur/penseur » du concept de « brutalisation » (George L. MOSSE, Fallen Soldiers…), directeur d'études d'anthropologie historique à l'EHESS et codirecteur du centre de recherche de l'Historial de la Grande Guerre affiche dès la troisième page de la seconde édition de son ouvrage son « péronnisme » chevronné avec des remerciements appuyés aux chefs de file de l'Historial, Jean-Jacques (le père) et Annette (la fille) Becker, ainsi qu'au personnel du musée mais aussi à la BDIC de Paris X-Nanterre, « université-fief » des Becker. De plus, le quatrième de couverture se voit marqué du sceau de l'école historiographique de Stéphane Audoin-Rouzeau : énième serment d'allégeance à l'Historial (Péronne, Somme) dans la violente guerre de mots qui l'oppose au CRID 14-18 sur la question de l'implication morale des soldats dans la guerre (?) On peut en douter jusqu'aux premières lignes de la préface de l'édition la plus récente de La Guerre des enfants qui retirent tout soupçon.
En effet, préfaçant son ouvrage onze ans après sa première parution (1993), Stéphane Audoin-Rouzeau affiche la volonté de remettre l'écriture de ce livre dans le contexte de l'époque : 1992 voit l'inauguration de l'Historial de Péronne (Somme), d'où l'émergence d'une « nouvelle manière d'aborder la guerre de 1914-1918 », véritable « ferveur intellectuelle collective » précise-t-il quelques lignes plus bas. De plus, en accord avec le propos d'Antoine Prost et de Jay Winter sur l'historiographie française des années 1980-1990, il rappelle que ces années étaient à l'ouverture du champ d'étude de l'enfance dans la Première Guerre Mondiale et surtout plus largement à la découverte de nouvelles sources dans les objets (ici, les jouets, affiches, manuels scolaires…) : terminus a quo de l'histoire culturelle. On ne pourra alors pas s'empêcher d'entendre l'écho du « Tout est source, tout est public. » cité par Pascal Ory dans son Histoire culturelle. La publication de ces pages – dans l'historiographie de la Grande Guerre – venait alors couronner le lancement d'un nouveau mouvement de recherche – bien que, comme le signal l'auteur, elles aient attiré « l'histoire culturelle sur son versant le mieux éclairé ».
En résumé, La guerre des enfants s'inscrit doublement dans l'historiographie – deux niveaux biens distincts : à un premier niveau, par l'engagement dans la naissance de l'histoire culturelle en solution à la crise de l'histoire des mentalités ; à un second niveau, dans le renouvellement de l'histoire de la Grande Guerre – en réaction non seulement à l'histoire politique puis à l'histoire sociale du conflit ressassées mais aussi à leur lecture « victimisante » (pour le soldat) du conflit telle qu'on pouvait la connaître avec les prédécesseurs de la génération Becker (fille), Audoin-Rouzeau, Cazals, Rousseau (on regroupera, malgré les différences d'âge et d'école, les quatre chercheurs dans une même génération, les deux derniers travaillant dans la continuité de leurs prédécesseurs et en réaction aux deux premiers).
[...] Quelle est la spécificité de l'enfant-héros de 1914- 1918 ? Un portrait de l'enfant-héros de la Grande Guerre dans la littérature est dressé : garçon ou fille (leur héroïsme se matérialisera différemment), ce personnage est mu par un désir adulte lié à sa conscience nationale, il peut être issu d'un milieu populaire et sa simplicité permet de ne lui faire souffrir aucune éclipse, aucune défaillance Il n'en va pas de même en Allemagne et en Angleterre : l'enfant est plus spectateur qu'acteur du conflit. [...]
[...] Un retour est fait sur les différentes facettes du concept. A la lumière de l'ouvrage, une nouvelle genèse de la culture de guerre est faite. 14-18 est son aurore et crépuscule La culture de guerre : force et limite de l'ouvrage Objectif de dévictimisation atteint L'objectif de dévictimisation de la société française est assurément atteint. A la problématique évoquée plus haut, bien formulée par Frédéric Rousseau Pourquoi les combattants de 14-18 supportent-ils la guerre si longtemps ? Comment expliquer leur longue patience ? [...]
[...] Renforcement des thèses de l'Historial. Pour ce faire, un arsenal de mots chers aux péronistes est déployé : brutalisation culture de guerre (utilisé sans guillemets ni pincettes), supporter un conflit barbarie Les ajouts de l'édition de 2004 nous font donc entrer dans le conflit rangé qui sévit dans l'historiographie de la Grande Guerre par articles interposés, cours, livres et séminaires[13]. Resume du propos Amener le sujet et mettre ce dernier en valeur L'introduction amène doucement le sujet en s'interrogeant d'abord sur la manière dont on est arrivé à l'avènement d'une violence entièrement nouvelle avec la guerre de 1914-1918. [...]
[...] Cet historien de la troisième génération historiographique de la Grande Guerre (la génération histoire sociale et culturelle) [Penser la guerre importateur/penseur du concept de brutalisation (George L. MOSSE, Fallen Soldiers directeur d'études d'anthropologie historique à l'EHESS et codirecteur du centre de recherche de l'Historial de la Grande Guerre affiche dès la troisième page de la seconde édition de son ouvrage son péronisme chevronné avec des remerciements appuyés aux chefs de file de l'Historial, Jean-Jacques (le père) et Annette (la fille) Becker, ainsi qu'au personnel du musée mais aussi à la BDIC de Paris X-Nanterre, université-fief des Becker. [...]
[...] La sous-partie se finit alors sur l'hypothèse que cet accroissement de la violence présentée aux enfants était une réaction à une résurgence d'un pacifisme muselé en début de conflit. Le troisième chapitre est consacré à L'enfant Héroïque L'idéal de comportement et l'idéal dans l'imaginaire de l'enfance sont étudiés sous différents angles. C'est à La guerre transposée dans l'enfance qu'est consacrée la première sous-partie. Comment l'enfant-héros est-il présenté dans la littérature ? Quelle est la genèse de cette enfance héroïque dans la littérature de guerre ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture