En 1944, un agent américain de l'OSS (Office of Strategic Services) parcourt le Péloponnèse sur une jeep et filme ce qu'il voit. Il ne voit pas les scènes de liesse populaire de la Libération, mais des visages épuisés, inexpressifs, des hommes et femmes mal nourris, des villages détruits, brûlés et les femmes du village de Calarryta où les Allemands ont massacré tous les hommes. Une tragédie grecque trop peu connue: celle des 40 000 morts de la famine athénienne due aux réquisitions de la Wehrmacht en un an d'occupation; celle des répressions sanglantes contre la guérilla. « La distinction conventionnelle entre un comportement légal et un comportement illégal s'était évanouie non seulement dans les camps mais dans l'ensemble de l'empire nazi » et notamment en Grèce.
Une bonne illustration de la place qu'Hitler réservait aux peuples soumis dans le Nouvel Ordre européen. La Grèce n'était là que pour fournir des matériaux bruts, des denrées et de la main d'œuvre. En aucun cas, Hitler n'envisageait une association, tout juste laissait-il en place une administration locale pour minimiser les frais d'organisation.
La nécessaire historicisation, remise en perspective historique des années noires de l'occupation allemande (et italienne dans une moindre mesure et jusqu'en 1943 seulement). Il faut connaître les difficultés de la vie politique grecque de l'avant guerre (le régime de Metaxas de 36-41 notamment) pour comprendre 41-43, et voir comment a éclaté la guerre civile, dans le contexte de la guerre froide.
[...] À partir de l'automne 43, les cours martiales cessent presque complètement de fonctionner, et la répression cesse de prendre un semblant de procédure légale en étant aux mains des SS Le redéploiement des SS En mai 43, les hommes de Stroop écrasent le ghetto de Varsovie et le rasent. Deux mois plus tard, alors que le retrait italien crée un vide du pouvoir qu'il faut combler, Stroop est nommé Höherer SS-und Polizeiführer (HSSPF) en Grèce. En même temps, Hermann Neubacher est nommé représentant spécial du ministère des Affaires Etrangères pour le Sud-Est. [...]
[...] L'aide extérieure : rien ne vient d'Allemagne, à tel point que se développe en Grèce la conviction que la famine n'est que le moyen utilisé par les Allemands pour réaliser leur politique d'extermination du peuple grec. En Grande-Bretagne, l'opinion publique fait plier la Royal Navy. On accepte tout d'abord la livraison de blé par la Turquie mais celle-ci doit affronter sa propre pénurie. Après de longues négociations entre Londres, Berlin et Rome, une brèche est acceptée dans le blocus naval : des navires suèdois achemineront du blé canadien et la Croix Rouge déjà installée à Athènes se chargera de la redistribution. Cette aide évitera en 42-43 un deuxième hiver meurtrier. [...]
[...] Berlin entend simplement préserver la Grèce de l'anarchie, encore plus dès lors qu'elle devient une zone à défendre contre l'invasion vus les progrès anglo-saxons en Afrique. Les ouvriers du Reich Les ouvriers grecs sont les pires parmi les ouvriers étrangers Le volontariat est un échec complet malgré la propagande invitant les ouvriers à partir travailler en Allemagne. Ils sont à peine 500 en octobre 1941, environ vers la fin 1942. dès 1943 les SS organisent plus simplement des rafles de civils. [...]
[...] La continuité entre la Grèce classique et la Grèce actuelle aurait été coupée au VII° siècle par les invasions slaves. En plus, Athènes avait été contaminée par le sang phénicien, donc sémitique On assimile de plus en plus le Grec à ce fanatique des Balkans qu'ont eu à combattre en Yougoslavie. Löhr et de nombreux officiers du secteur sont d'anciens de l'armée Habsbourg, et conservent de vieux préjugés raciaux contre les peuples des Balkans. On emploie donc les termes de banditisme de fanatiques plutôt que ceux de franc-tireur ou de résistant. [...]
[...] En plus, il existe derrière les textes généraux une grande diversité de situations locales. Par exemple, dans les tribunaux populaires, l'égalité des sexes prônée par l'ELAS n'est pas toujours appliquée par les paysans. L'idéologie de la laocratie L'ELAS prône une éthique de l'engagement eh toi, patriote, qu'as-tu fait pour la lutte aujourd'hui ? Il étend cet engagement à des catégories jusque là dominées et peu revendicatives. Ce sont d'abord les femmes, qui deviennent des andartisses, organisent l'approvisionnement de villages, etc Les jeunes aussi, à travers l'EPON (Organisation patriotique nationale des jeunes), qui font de nombreux actes de résistance. [...]
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