Les Grands Cimetières sous la lune écrit en 1938 apparaissent comme un cri de détresse face aux trahisons de l'idéal chrétien. Toutefois ce roman reste un témoignage profond et véritable sur la guerre civile. L'auteur, en qualité de témoin, ne semble pas prendre un parti défini et s'écarte des événements pour en avoir une vision critique. C'est ce travail de critique qu'il nous révèle dans sa préface : « je ne suis pas un écrivain…j'écris pour ne pas être dupe de créatures imaginaires et pour retrouver, d'un regard jeté sur l'inconnu qui passe, la juste mesure de la douleur. » L'engagement de Bernanos reste donc très ambigu, autant que l'objectivité de son témoignage ou il semble proposer une lecture chrétienne, et son anticonformisme semble affirmer finalement sa foi : « démocrate ni républicain, homme de gauche non plus qu'homme de droite, que voulez-vous que je sois ? Je suis chrétien. »
[...] Je suis chrétien. II. Le regard du témoin Dans cet ouvrage, comme nous venons de le voir, il y a une double distance de la fiction au réel historique et de la morale à l'histoire. Ce qui frappe en premier lieu, c'est l'exceptionnelle honnêteté du témoin, l'observation attentive et minutieuse de l'enquêteur qui rassemble et ordonne ses sources d'informations, confronte les faits afin de leur donner un sens recevable. Même si l'auteur aurait du logiquement les approuver (car il s'agit de la réalisation concrète de la révolution nationale dont il a rêvé pour renverser la république anticléricale en France), il les récuse, dénonçant les méthodes employées et l'imposture observée. [...]
[...] De Palma de Majorque (Baléares), où il s'est installé avec sa nombreuse progéniture essentiellement pour des raisons financières, il assiste au soulèvement nationaliste qu'il commence par saluer (son fils Yves s'engagera dans les Phalanges) avant de maudire les méthodes des insurgés qui tuent et violent au nom du Christ. Les Grands Cimetières sous la lune écrit en 1938 apparaissent comme un cri de détresse face aux trahisons de l'idéal chrétien. Toutefois ce roman reste un témoignage profond et véritable sur la guerre civile. L'auteur, en qualité de témoin, ne semble pas prendre un parti défini et s'écarte des événements pour en avoir une vision critique. [...]
[...] Pierre André Vaquin Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune. I. Bernanos, un anticonformiste absolu. Né à Paris en 1888, Georges Bernanos grandit au sein d'une famille de vieille souche artisanale et baigne dès l'enfance dans un milieu traditionnaliste, monarchiste, antiparlementaire et antirépublicain. Il partage l'antisémitisme de cette France conservatrice qui s'est dressée à la fin du 19ème siècle lors de l'affaire Dreyfus contre une autre France, laïque et progressiste. Etudiant en droit et en lettres, il rejoint dès sa création au début du siècle l'Action française, le mouvement royaliste de Charles Maurras, et défile dans les rangs des Camelots du roi contre les partisans de cette République bourgeoise et matérialiste qui a chassé Dieu des écoles et de la vie publique. [...]
[...] Pour Bernanos, François d'Assise, Jeanne d'Arc et Thérèse de Lisieux incarnent l'homme libre, l'homme fidèle à l'honneur et résolu à payer de sa vie son adhésion à la liberté contre tout système totalitaire. L'évocation du martyre de la jeune Lorraine brûlée vive constitue un vibrant plaidoyer pour la défense de la liberté et un rempart contre la future barbarie Ainsi dans cette dernière partie s'exprime la vision de Bernanos de l'histoire : sa vision est une vision christique et sa conception de la politique est celle d'une politique de l'Evangile Loin de la vision de Maurras d'une nostalgie d'un coup de force antirépublicain, Bernanos demeure fidèle à la mystique de l'Evangile dans tous ses agissements. [...]
[...] Pour combattre l'injustice, si la charité de l'écrivain s'unit quelque fois à la violence (notamment dans la dénonciation de la terreur et dans le refus de l'imposture de l'Eglise) c'est par amour du pauvre. Bernanos s'inscrit ainsi dans la lignée des écrivains chrétiens et notamment de Péguy. Mounier écrit : Péguy est mort, Les Grands Cimetières nous le rendent Bibliographie : - Bernanos, Georges, Les Grands Cimetières sous la lune, édition Points. - Estève, Michel, Bernanos : un triple itinéraire, Hachette. - http://menbres.lycos.fr/guerrespagne/bernanos.htm: site sur les écrivains engagés dans la guerre d'Espagne. [...]
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