géographie, épistémologie et histoire des savoirs sur l'espace, Pascal Clerc, production géographique, transmission des savoirs, école française de géographie
Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques (1962) : les sciences ne progressent pas par accumulation linéaire, mais pas succession de paradigmes, le plus souvent incompatibles entre eux. Le paradigme est une conception du monde qui fait consensus et qui s'incarne dans un ensemble de problèmes, d'énoncés, d'habitudes de travail et d'instruments.
Les savants mettent en place un système de légitimation afin d'exister au sein d'institutions propres et d'institutions partagées avec d'autres sciences. L'apprentissage de la science s'inscrit dans des cursus, il est sanctionné par des diplômes. Sa production se structure dans le cadre de revues et de congrès. Par ses institutions, la communauté régule l'accès de ses membres au statut de pair. L'accès repose sur le respect de normes communes.
[...] Après la Révolution, la géographie est présente, aux côtés de l'histoire, dans les programmes de l'enseignement primaire. Le rapport Guizot de 1833 révèle que 11% des écoles seulement enseignent la géographie. L'enseignement de la géographie ne se généralise qu'au milieu du XIXe s. et ne devient obligatoire qu'en 1867. Dans l'enseignement secondaire, qui ne concerne que très peu d'élèves, la chronologie est similaire : - 1799/1802 : La géographie est mentionnée dans les textes officiels. - 1818 : Création de la fonction de professeur d'histoire-géographie. - 1821 : La géographie devient une des matières du baccalauréat. [...]
[...] Le paysage est considéré comme une réserve d'indices sur les dynamiques liant la nature et les hommes. Les géographes de cette école se livrent à une multitude d'études régionales pour déterminer les caractères singuliers des régions et se livrer à un travail ultérieur de comparaison. Il s'agit de fournir les bases d'une géographie générale : la publication d'une Géographie universelle est prévue dès 1907. Une géographie de professeurs Les sujets des thèses de géographie régionale sont distribués par Lucien Gallois puis par Emmanuel de Martonne. [...]
[...] La finalité est d'être capable de mobiliser des connaissances pour étudier n'importe quel espace. De la mémorisation à la construction des savoirs Dans les représentations communes, la géographie est perçue comme un ensemble de connaissances factuelles à mémoriser. Victor Duruy, ministre de l'Instruction publique, dans un texte officiel de 1865, présente la géographie comme une nomenclature dont la mémoire doit se charger Dans ses mémoires, le géographe Raoul Blanchard se remémore la méthode de son instituteur dans les années 1880 : chaque matin, il notait au tableau le nom d'un département avec son chef-lieu et ses sous-préfectures. [...]
[...] La crise d'une discipline dans un monde en crise Dès le début des années 1960, Paul Claval souligne le conflit latent entre une géographie classique et une géographie prospective Les défenseurs de la synthèse régionale traditionnelle s'inquiétaient de la fragmentation de la discipline entre différentes spécialités de la géographie physique (géologie, hydrologie, climatologie, pédologie[1] Géographie appliquée ou géographie active ? Michel Philipponneau et Etienne Julliard aspirent à une géographie appliquée, impliquée dans l'organisation du territoire et créatrice d'emplois pour les étudiants. M. Philipponneau écrit Géographie et action. Introduction à la géographie appliquée en 1960. Les géographes marxistes prennent position pour une géographie active, applicable mais sans collaborer au projet politique gaulliste. Pierre George, Raymond Guglielmo, Bernard Kayser et Yves Lacoste publient La géographie active en 1964. [...]
[...] L'explication n'est pas absente de ces premiers travaux : Dans l'Enquête, Hérodote (Ve s av. J.-C.) fait des descriptions des peuples avec leurs cultures et leurs ressources. Strabon livre des éléments relatifs à la topographie, à la politique et à l'administration afin d'expliquer la puissance romaine. Ces connaissances ne sont pas toujours accessibles dans l'Europe médiévale. Une exception au XIIe s : le géographe arabe Al-Idrisi rend compte de ses voyages au roi Roger II de Sicile (Livre de Roger). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture