Pascal Clerc, géographie, Epistémologie et histoire des savoirs sur l'espace, chapitre 7 à 12
La géographie est-elle une science de la nature ? Une science humaine ? Une science sociale ? Ou une « science de synthèse » ? Dans le dernier quart du XIXe s, la géographie s'est rapprochée des sciences naturelles alors qu'elle était et reste liée à l'histoire par l'institution scolaire. Avec la nouvelle géographie, la discipline s'est affirmée comme science humaine.
Un ménage à trois : géographie, histoire et sociologie
Sous la IIIe République, la géographie s'institutionnalise. Le nombre de chaires augmente, mais les géographes sont en concurrence avec d'autres disciplines. Se pose aussi la question de leur classement : aux côtés des géologues dans la faculté de sciences ou avec les historiens et les sociologues dans celle de lettres.
Influencés par les géographes allemands (Humboldt, Ritter, Richthofen ou Ratzel), les géographes vidaliens intègrent à leurs travaux une dimension naturaliste. La géographie n'apparaît plus comme une science auxiliaire de l'histoire. Si l'un de leurs concepts centraux est la région naturelle, ces géographes entendent fonder une géographie humaine. Il s'agit d'étudier les relations de l'homme avec le milieu et non le milieu naturel pour lui-même. Ils présentent leur discipline comme une science de synthèse, entre savoirs naturalistes et savoirs sur l'homme.
Emile Durkheim (1858-1917) est de la même génération que Paul Vidal de la Blache. Il pose les bases d'une sociologie scientifique moderne : Les règles de la méthode sociologique (1894). François Simiand, un de ses élèves, signe en 1909 dans L'année sociologique, une recension critique des thèses publiées par 5 élèves de Paul Vidal de la Blache : Albert Demangeon, Raoul Blanchard, Camille Vallaux, Antoine Vacher et Jules Sion. Il constate l'absence de définition de l'objet géographique, la faiblesse d'un système explicatif qui ne parvient pas à expliquer le social par la nature et l'inefficacité de la méthode idiographique.
[...] La géographie en kiosque : un pari impossible ? La revue L'Histoire (en kiosque depuis 1978, + de exemplaires) n'a pas d'équivalent en géographie. Geo n'est pas une revue de géographie mais une revue de mise en spectacle du monde. En 2007, la GéoGraphie fait son apparition en kiosque, c'est en réalité la revue de la Société de Géographie de Paris. Elle existe depuis 1822. Mais seuls 7 numéros ont été diffusés en kiosque. Depuis 2010, la revue Carto aborde la revue à partie des cartes et privilégie une approche géopolitique. [...]
[...] La 4e GU revendique une géographie comme science sociale et refuse la description sans règles ni lois. Elle est plus problématisée. Cependant, elle prolonge l'étude successive de morceaux du monde pour le dire dans sa totalité. Les 4 GU sont 4 manières de dire le monde. Chapitre 11 : La Géographie française en revues Pourquoi créer une revue scientifique ? - Diffuser des savoirs - Exprimer une identité collective : les chercheurs partagent une orientation scientifique, un champ de recherche. [...]
[...] Ex : agriculture intensive des déserts saoudiens. Cette idée est remise en cause avec le développement des idées environnementalistes, qui mettent l'accent sur les limites de cette indifférence aux milieux. De même Las Vegas est perçue comme un révélateur du problème de l'approvisionnement en eau. Chapitre 9 : La géographie, ça sert à coloniser ? Aimé Césaire a accusé les géographes d'être des chiens de garde du colonialisme (Discours sur le colonialisme, 1950). Depuis les années 1970, des travaux ont mis en évidence l'adhésion idéologique des géographes et leur participation en tant d'experts à la colonisation. [...]
[...] Selon Denise Pumain et Thérèse Saint-Julien (Les interactions spatiales), l'interaction dans l'espace géographique est d'abord un phénomène social, régi par la définition des rôles et des positions que les acteurs ont acquis Les interactions entre les lieux se traduisent par des échanges matériels et immatériels ainsi que par des déplacements de personnes. Les déplacements et les échanges façonnent l'organisation de l'espace. L'adhésion au concept d'espace géographique implique, par définition, de considérer la géographie comme une science sociale. L'ensemble des géographes ne se retrouvent pas dans l'analyse spatiale, dont les méthodes sont basées sur les statistiques. Les hommes ont tendance à disparaître au profit des agrégations de lieux et de populations. [...]
[...] CLERC (Pascal), Géographies, Epistémologie et histoire des savoirs sur l'espace, SEDES, Paris Chapitres 7 à 12 Chapitre 7 : La géographie française dans les sciences sociales La géographie est-elle une science de la nature ? Une science humaine ? Une science sociale ? Ou une science de synthèse ? Dans le dernier quart du XIXe la géographie s'est rapprochée des sciences naturelles alors qu'elle était et reste liée à l'histoire par l'institution scolaire. Avec la nouvelle géographie, la discipline s'est affirmée comme science humaine. [...]
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