La France est régulièrement comparée à "une vieille marquise au passé glorieux mais à l'avenir incertain" ; le pays représenterait donc à lui seul un "modèle" particulier avec ses spécificités propres, avec une remise en question contemporaine. De prime abord, la notion de modèle se révèle problématique ; le terme renvoie à la fois à l'exception, à l'explication et à l'exemple. Mais pour représenter un modèle, il faut également avoir un certain poids dans le monde et une certaine longévité ; la France satisfait ces deux critères, et a hérité de son histoire des éléments qui expliquent sa situation actuelle. Le modèle économique français repose sur trois principes, en particulier depuis 1945 (...)
[...] Pour assurer une croissance soutenue, il stimule la demande, et par ce biais, la production et l'investissement. Concrètement, l'Etat augmente le salaire minimum, ce qui évidemment augmente le pouvoir d'achat des salariés concernés. L'Etat crée également des pôles locaux spécialisés, et à ceci s'ajoutent le recours à l'effort collectif ou encore la politique de grands travaux qui exalte la modernisation Les défauts de retard français mis en évidence par Christian Stoffaës vont être pris en charge par l'Etat, qui va privilégier l'ouverture, la concentration et l'industrialisation. [...]
[...] Toutefois, les bénéfices indéniables que toutes ces mutations n'ont pas été répartis équitablement ; les inégalités entre régions et au sein de la population augmentent. Bien que le modèle économique soit à son apogée, le modèle social commence à connaître de sérieuses difficultés. On peut voir en les événements de mai 1968 les prémisses d'un retournement du modèle français, qui ne va faire que stagner entre la date de ces événements et mai 1981. La jeunesse de 1968 rejette le modèle français hérité de l'après-guerre et attend des changements. [...]
[...] A partir de 1984, la cohabitation s'installe durablement dans le paysage politique français, et le fonctionnement des institutions change. Malgré cette alternance politique, on dénote une certaine continuité en matière de politique économique. En 1983, la choix de l'insertion à l'Union Européenne est réaffirmé, ce choix revêt dès lors une importance de taille puisqu'en plus de la disparition des frontières au sein de l'Union Européenne, une union monétaire est mise en place. La France renonce par conséquent à sa souveraineté dans la politique monétaire, mais se montre toutefois très désireuse de préserver son exception culturelle La stratégie de la croissance forte est définitivement remise en cause ; le franc fort devient l'objectif essentiel, et donc le recul de l'inflation et la réduction du déficit budgétaire. [...]
[...] La France est alors perçue comme un pays qui allie tradition et modernité, avec des activités de la seconde révolution industrielle, et qui jouit d'une répartition équitable à la fois pour ses secteurs industriels en matière de main d'œuvre ainsi que dans la répartition de la population rurale et urbaine. Ce second âge du modèle peut être identifié à l'idée de République, assumant l'héritage historique du pays, symbolise un certain équilibre et un certain compromis. Le troisième âge du modèle français naît dans le contexte de la Libération, et particulièrement entre 1944 et 1946. Les difficultés que rencontre le pays pousse inévitablement à la mutation du modèle, dont les faiblesses sont mises en relief. Ces faiblesses françaises, Christian Stoffaës les résume ainsi : ruralisme, provincialisme, malthusianisme, culte du petit. [...]
[...] De plus, l'économie française doit s'adapter car sa compétitivité est défaillante ; l'Etat impulse donc la reconversion de secteurs comme le textile ou la sidérurgie pour se concentrer sur des secteurs clés de son économie, comme l'agriculture ou le tourisme par exemple ; la France effectue un redéploiement industriel avec la mise en avant de secteurs de pointe comme le nucléaire ou les télécommunications. Giscard d'Estaing est perçu comme un personnage qui renonce à l'équilibre du modèle ; la libéralisation de l'économie, de la politique et des mentalités est en marche. Avec l'élection de François Mitterrand aux présidentielles de 1981, le modèle français qui avait déjà entamé son déclin va être remis en cause. [...]
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