« Le chaos se cache aujourd'hui sous un mot : démocratie » écrit Guizot en 1948 dans De la démocratie en France. La quête démocratique de l'homme est source de maux et de troubles sociaux. Depuis la Révolution, les Français hésitent entre rejet et acceptation de leur passé révolutionnaire. En effet, si la Révolution a suscité un grand optimisme autour des idéaux d'égalité, de liberté et de démocratie dans une rupture radicale, les changements sociaux ne sont apparus que bien plus tard. Ainsi, la non concrétisation des idéaux révolutionnaires provoque un malaise, entrave à l'acceptation des différents régimes qui se succèdent par la suite et qui déçoivent plus qu'ils ne satisfont aux attentes des Français. Françoise Mélonio, professeur d'histoire à l'université de Paris-Sorbonne, fait référence à la période de 1815 à 1880 comme la « longue transition démocratique » qui résulte de la difficile implantation d'une culture politique de la démocratie depuis la Révolution jusqu'à la IIIe République : « On tentera ici une histoire culturelle du politique qui mette au cœur de son propos l'institution imaginaire de la société ; qui privilégie dans la culture la manière dont la collectivité des Français a vécu, représenté, pensé la construction d'une nation démocratique ». La démarche de Françoise Mélonio est une « entreprise pionnière » car, si l'on a pu écrire à foison sur la culture du XVIIIe siècle, il n'en est de même pour le siècle suivant. En quoi, la culture nationale a pu se forger autour de la construction démocratique de la nation ?
Françoise Mélonio se propose d'étudier la naissance et l'affirmation de la culture nationale française en trois temps que nous allons reprendre : le passage d'un siècle des idées à un siècle de l'action, le passé comme élément unificateur, et la démocratisation de la société.
[...] Les lieux de Mémoire, comme a pu le rappeler Pierre Nora, sont autant d'éléments disparates mais constitutifs d'un sentiment d'appartenance, et d'une culture française. Cette grande entreprise de l'inventaire général participe d'une tendance plus large à vouloir rassembler le passé essentiellement sous la Monarchie de Juillet et après. Ce sont des lieux de mémoire comme le musée, l'encyclopédie, la bibliothèque, les archives qui participent de la culture historique. Françoise Mélonio parle du musée comme un lieu d'auto adoration où l'on peut venir contempler les vestiges de son passé et en ce sens le musée est pleinement un lieu de la culture. [...]
[...] Le XIXe siècle assiste à la naissance d'un espace public comme le rappelait déjà Daniel Roche dans La France des Lumières. Se créent des lieux de débat, d'apprentissage de la culture politique qui favorisent la création d'une opinion publique. Cet essor de l'espace public est lié à l'essor de la bourgeoisie, classe où a lieu la discussion et le débat dans des lieux privilégiés tels que les salons, les sociétés savantes ou les Académies. L'Académie française restaurée en 1795 a pour principale fonction d'ériger la littérature en lieu commun national pour renforcer l'appartenance civique (p70). [...]
[...] Pour autant, Françoise Mélonio émet l'idée que ce ne sont pas plusieurs cultures isolées mais une seule culture qui trouve sa source dans des faits, des symboles, des représentations aussi diverses que variées. Dans la volonté de ne considérer qu'une seule culture, on retrouve la volonté de faire en sorte que les contradictions, les ambiguïtés et les différences des Français soient constitutives de l'unité nationale. Bibliographie Source F. MELONIO, Naissance et affirmation d'une culture nationale. La France de 1815 à 1880, Paris, Seuil p Ouvrages généraux A. de Baecque, F. [...]
[...] L'unité territoriale tient une place importante dans le sentiment d'appartenance à une culture nationale. Le XIXe siècle voit s'instaurer des fêtes de souveraineté où l'on célèbre les grands évènements politiques, les fêtes religieuses mais également les monarques ou les empereurs. Ainsi, le 15 août est fête nationale sous le IInd Empire en l'honneur de la naissance de Napoléon, du Concordat, de l'Assomption et de la fin des travaux agricoles. De même le 2 décembre célèbre le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte ainsi que la victoire d'Austerlitz. [...]
[...] Depuis la Révolution, les Français hésitent entre rejet et acceptation de leur passé révolutionnaire. En effet, si la Révolution a suscité un grand optimisme autour des idéaux d'égalité, de liberté et de démocratie dans une rupture radicale, les changements sociaux ne sont apparus que bien plus tard. Ainsi, la non concrétisation des idéaux révolutionnaires provoque un malaise, entrave à l'acceptation des différents régimes qui se succèdent par la suite et qui déçoivent plus qu'ils ne satisfont aux attentes des Français. [...]
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