Dans quelle mesure ce que l'on raconte peut-il correspondre à ce qui s'est passé ? Ou autrement dit dans quelle mesure l'Histoire correspond à l'histoire ? Le livre ici présenté soulève à ce titre une double problématique, à savoir d'une part comment se raconter, mais ici plus particulièrement comment échapper au passé. Ainsi comment passe-t-on de l'Histoire à des histoires, de la mémoire à des Mémoires, ici celles de F. Lehideux
[...] Lehideux en appel à de véritables historiens ce dont il faudra peut-être se méfier. B. Le rôle de l'historien Le rôle de l'historien est en effet de faire passer la mémoire, la nature sensible, à la conscience, c'est à dire au sens historique. L'historien doit faire passer le sujet à l'état d'objet, c'est en ce sens que l'on parle d'objectivité. Il est intéressant à ce titre de reprendre la théorie de l'interprétation du langage formulée par Gadamer appliquée au domaine historique. [...]
[...] Le danger du livre de Lehideux c'est qu'il est un amalgame entre plaidoyer pro domo et récit historique. L'ambiguïté est d'autant plus forte que le livre est préfacé par un historien reconnu et respecté(E Leroy Ladurie de l'Institut) qui ne cache pas ses liens d'amitié avec l'auteur et apporte ainsi un prestige historique à un livre qui en est essentiellement dépourvu. Il faut alors faire attention à ceux qui justement appellent de manière ostentatoire à la vérité, car en y regardant de plus près, se sont souvent ceux qui en sont le plus dépourvue. [...]
[...] Avec l'éclatement de la guerre il devient secrétaire d'Etat à la Production industrielle jusqu'en avril 1942. C'est ce passage qui correspond au nœud du livre et de la problématique posée par ces Mémoires. Il aura en effet pendant cette période de nombreux contacts avec le Maréchal Pétain, de même qu'avec Darlan et Laval. Il ne quitte ses fonctions qu'avec l'arrivée en 1942 du nouveau gouvernement Laval et affirme qu'il n a pas voulu réintégrer ce dernier. Il affirme également avoir nouer plus tard des contacts importants avec des membres de la Résistance dont Marc O'Neil. [...]
[...] On peut prendre plusieurs exemple dans le livre qui témoigne bien d'une constante obsession de justification : 121 383 On s'aperçoit qu'il évoque et rappel sans cesse son procès de Fresnes vécu comme une incroyable injustice. Ces évocations seraient trop nombreuses pour toutes les citer. On voit bien cependant ici que c'est bien la mémoire, quand elle devient trop pesante, qui déclenche un tel processus. F Lehideux veut de toute évidence dans cet ouvrage échapper à sa mémoire par l'histoire. [...]
[...] Lehideux passe alors de l'histoire à des histoires. On peut évoquer ici brièvement le texte de Bergson extrait de l'Energie spirituelle qui définit bien la mémoire comme cette conservation et accumulation de passé dans le présent et relie les deux notions. On retrouve alors la même opposition entre l'histoire et des histoires avec la mémoire et des mémoires ou Mémoires. Le pluriel renvoie ici à la multiplicité et au décalage avec l'unité de l'objet étudié. Il y a donc de toute évidence absence d'objectivité dans le sens ou l'histoire serait un objet d'étude. [...]
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