Ce document d'une grande qualité est une synthèse portant sur l'œuvre "Tyrannie et citoyenneté en Grèce archaïque" de Francis Prost.
Le texte traite du rôle des Tyrans dans la construction des groupes sociaux archaïques et de la citoyenneté. L'auteur confronte un texte d'Hérodote (V, 68) concernant la tyrannie de Clisthène de Sicyone, ainsi qu'un passage de la Constitution des Athéniens d'Aristote, aux méthodes archéologiques actuelles ainsi qu'à d'autres sources littéraires helléniques. Le texte est tiraillé entre deux thèses ; les tyrans sont-ils à l'origine des transformations civiques et sociales, ou bien sont-ce les structures initiales qui se restructurent d'elles-mêmes ? Quel est l'apport de la tyrannie dans la construction de la citoyenneté ?
En première partie sera analysé le problème du statut juridique de la citoyenneté. Dans une deuxième partie, c'est le problème de la culture civique qui fera l'objet d'une grande attention, avant d'enfin se concentrer sur le problème des motivations tyranniques.
[...] La cité précède la citoyenneté. Pour P.B. Manville les associations et structures familiales permettent l'intégration culturelle et politique des nouveaux membres Le problème de la culture civique (p.9-12) Les tyrans s'inscrivent dans l'historiographie moderne comme ayant développé la dimension culturelle de la citoyenneté. Hérodote se souvient de la réorganisation de certains cultes, avec notamment la fête d'Adraste instaurée par Mélanippos. Clisthène incite les citoyens à louer les mêmes dieux (Dionysos). Pisistrate réorganise les Panathénées. Les cultes d'Athéna et de Dionysos sont nourris par les tyrans. [...]
[...] Auparavant l'intégration d'un nouveau membre se fait par assimilation sociale. Solon décrit des étrangers revenus à leur terre d'origine, réintégrés par la reconnaissance de leur citoyenneté par les autres membres. De même que la loi de Dracon décrit la citoyenneté comme un statut décentralisé et familial. Pour P. Clastres : « la société fait le citoyen ». Désormais la citoyenneté repose sur un critère abstrait coupé du lien familial. On passe d'une logique de groupe à une relation hiérarchique, dominant-dominé. Selon P. [...]
[...] On présuppose que la citoyenneté donne droit à des avantages économiques, concrets, matériels. L'objectif pour le tyran est de former une large base sociale. Aucun document ne nous parle de redistributions de terres cependant, sous les tyrans athéniens. Cette théorie affirmerait que le tyran se serait opposé aux riches propriétaires de sa propre cité, ainsi que de l'aristocratie pour obtenir un soutien populaire. Un article de R. Drews de 1972 met en avant le rôle du domaine militaire dans la citoyenneté. [...]
[...] Il est probable que cette tribu accueille les étrangers. On entend par étrangers, ceux qui n'ont pas de reconnaissance civique, doriens ou non, et ceux-là sont identifiés selon des critères sociaux. Cl de Oliveira distingue trois nouveautés dans l'interprétation de cette réforme : principe territorial, principe intégrateur, principe centralisateur. Clisthène introduit le territoire dans la définition de la citoyenneté. Il rompt avec les deux conceptions traditionnelles de la citoyenneté. La première est fondée sur le lien du sang, de parenté reconnue par la communauté entre ses membres. [...]
[...] La seconde est culturelle, et préfigure l'Etat. Ses deux conceptions se complètent, et des communautés liées par une parenté s'identifient aussi par l'occupation territoriale par exemple. M.H. Hansen rappelle qu'une cité-Etat classique s'organise autour d'un centre politique avec une logique d'appartenance (capitalisme) plus qu'une logique d'occupation du territoire, et exerce sa volonté sur ce dernier. Le système étatique rend plus difficile l'intégration puisqu'il substitut le lien de parenté à la dévolution civique. La deuxième nouveauté, c'est que l'appartenance communautaire ne se fait plus uniquement par parenté mais sur décision politique. [...]
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