Paxton s'intéresse à partir de 1960 à la France de Vichy : personne en France n'étudie réellement cette période. Robert Aron écrit l'Histoire de Vichy en 1954, où il dit que les nazis ont imposé un Diktat au gouvernement de Vichy, et que celui-ci a servi de « bouclier » contre le nazisme, en attendant de pouvoir reprendre le contact et le combat avec les Alliés. Mais Aron s'est fondé sur les procès d'épuration, donc sur un point de vue juridique, et c'est pour Paxton une « illusion rétrospective : les souvenirs les plus récents sont venus obscurcir les plus anciens ». Le début de la Guerre est occulté dans cette vision.
En 1940, pour Paxton, Hitler laisse à la France une certaine autonomie et un gouvernement : il veut « juste » la neutraliser sans trop de coûts pour l'Allemagne.
En 1941, la France sert de fournisseur de matières premières et main-d'œuvre à l'Allemagne. La Résistance est de plus en plus active, Vichy plus répressif et plus coopérateur (pour briser la Résistance). Mais Hitler veut toujours que l'occupation nécessite le moins de soldats possible en France, pour combattre sur le front russe. L'administration française a donc un rôle essentiel dans la collaboration, notamment la discrimination, puis la déportation des Juifs.
[...] La gauche pro-Vichy se regroupe autour de l'anticommunisme. Cela montre que les proPétain viennent d'horizons très divers, y compris des notables de la IIIe République La collaboration de 1942 à 1944. Vichy à l'heure de la vérité: libération ou révolution? L'hiver 42-43 est le tournant de la guerre: les Alliés débarquent en Algérie et au Maroc, la VIe armée du général Paulus est encerclée à Stalingrad par les Soviétiques, mais la France perd ce qui lui restait d'indépendance. Les Allemands envahissent la zone sud le 11 novembre. [...]
[...] Churchill, persuadé que la flotte française va tomber dans les mains de Hitler, lance un ultimatum, qui est repoussé: les navires anglais tirent sur les Français à Mers-el-Kébir, tuant 1277 marins. C'est la rupture avec l'Angleterre. La GB est considérée comme faible face à l'Allemagne: la France veut en profiter pour agrandir ses colonies à ses dépens. Le général Weygand fait accepter l'armistice dans les colonies et ne laisse pas l'Axe utiliser l'empire colonial. L'Angleterre devient un ennemi commun avec l'Allemagne. [...]
[...] Les organisations de jeunesse se développent, mais ne sont pas unifiées: les Compagnons de France sont le mouvement officiel, mais il existe entre 15 et 20 groupements "libres" (scouts et catholiques). Les Chantiers de Jeunesse (fondés à l'été 1940) deviennent obligatoires en janvier 1941. Ils mettent au travail les jeunes des villes dans les forêts et sont une forme de service militaire (exercice physique, cours sur l'ordre social et l'histoire de la France). C'est un outil d'endoctrinement, plus ou moins efficace. [...]
[...] Le 13 décembre, Pétain chasse Laval du gouvernement: il convoque le Conseil des ministres et demande la démission de ses membres. Laval est mis en résidence surveillée: cela mène à la rupture des relations franco- allemandes. Abetz, le 16, furieux, ramène Laval à Paris. La France cesse d'intéresser l'Allemagne. Mais Laval n'est pas viré pour cesser la collaboration: Vichy dit que c'est pour une question intérieure. Laval a connu, en effet, des échecs dans ses négociations, et son monopole sur celles-ci est mal vu par Pétain. [...]
[...] Il rencontre Otto Abetz (qui devient par la suite ambassadeur), entre autres contacts. Laval prône la réconciliation, la coopération en Afrique britannique, veut l'unité territoriale de la France, pour que les Français adhèrent au régime. En juillet, le Reich n'est pas intéressé par la collaboration. Fin août, des gaullistes font le tour de l'AEF et font passer la région à la dissidence, avec l'appui de Félix Éboué, gouverneur général du Tchad. Les anglo-gaullistes sont tenus en échec par Vichy à Dakar: Vichy montre ainsi son opposition à la GB. [...]
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