La France de Vichy, 1940-1944, Robert O. Paxton, nazis, maréchal Pétain, régime de Vichy
Robert O. Paxton est un historien américain, spécialiste de l'histoire de la France moderne et contemporaine et notamment de la France de Vichy. L'un de ses ouvrages majeurs, Vichy France, Old Guard and New Order. 1940-1944, paru en 1972 et traduit en 1973 sous le nom de La France de Vichy. 1940-1944, est l'une des études majeures sur ce thème. A sa parution, il s'opposait à l'Histoire de Vichy de Robert Aron, alors considéré comme l'ouvrage de référence de l'époque. En effet, en étudiant les archives allemandes, il s'est aperçu que les quatre idées principales sur lesquelles se basait Robert Aron - le Diktat organisé par les nazis à l'armistice, le fait que Vichy ait voulu faire rempart à ce Diktat, le « double jeu » secret qui existait entre Vichy et les Alliés et l'opinion française globalement attentiste – ne permettaient pas de dresser un portrait réaliste de ce qu'avait été le régime du maréchal Pétain et qu'elles étaient le reflet des opinions qui avaient fait surface à la fin de la guerre, au moment de la Libération.
Le but de cet ouvrage est donc de faire la lumière sur ce qu'a véritablement été le régime de Vichy. Toutefois, comme le dit Stanley Hoffmann dans sa préface, « il n'est pas facile de traiter de ces quatre années terribles sans reproduire les divisions, les accusations, les suspicions qui les avaient marquées ». A l'époque de la rédaction de cet ouvrage, Robert Paxton semble donc être le plus à même de mener cette étude puisque, étant américain et n'ayant pas vécu les événements relatés, il offre un regard neuf et neutre sur cette période de l'histoire de la France et il bénéficie d'une grande légitimité, de par sa spécialisation et ses sources irréfutables.
[...] Paxton innove en montrant que la collaboration fut développée et voulue par Vichy, Hitler n'ayant de cesse de la repousser, et l'ordre nouveau incarné par le Reich accepté. La France de Vichy de R. Paxton se compose de six parties : un prologue qui montre toute l'importance qu'a eu la défaite de l'été 1940 dans l'établissement et la construction du nouveau régime, deux chapitres traitant de la collaboration entre 1940 et 1944, deux chapitres sur la politique interne du régime, la « révolution nationale » et les hommes qui l'ont soutenue, et, enfin, un chapitre-bilan qui montre l'impact qu'à eu le régime de Vichy sur la postérité. [...]
[...] Paxton montre bien que ces mesures n'ont pas été imposées par les allemands, ceux-ci n'ayant mis en place leur programme de déportation qu'à partir de 1942. Il réfute donc ce qu'on a pu dire sur les pressions allemandes et l'inertie française, les allemands ne considérant pas la France comme faisant partie des régions devant être « purifiées », en 1940. Toutefois, l'antisémitisme français diffère de l'antisémitisme nazi puisqu'il est le fruit de la tradition française d'assimilation. Si les mesures prises contre les juifs pouvaient être perçues comme un moyen d'assoir la souveraineté française dans le pays, c'est l'inverse qui va se produire. [...]
[...] Toutefois, en 1942-44 comme en 1940-42, ces tentatives restent vaines, le régime n'ayant pas la capacité de faire pression sur l'Allemagne. En effet, pour pouvoir obtenir une paix de compromis et un règlement général de la guerre, il aurait fallu que les deux pays disposent de moyens de pression réciproques et apparaissent utiles aux yeux de l'autre. Or, la France, même si elle aurait pu être utile au Reich dans sa lutte contre les Alliés, ne dispose pas de moyens de pression en 1942-44, comme en 1940-42, pouvant faire pencher la balance en sa faveur. [...]
[...] Paxton montre que l'existence et l'intégrité territoriale de la France n'étaient pas en jeu. De plus, il explique que, malgré les efforts du régime, Vichy n'a jamais pu obtenir de concessions importantes de la part du Reich. Enfin, il porte une grave accusation morale contre les dirigeants du régime qui ont aussi aggravé les dissensions et les oppositions qui existaient au sein de la société et ont rendu les français complices d'actes répréhensibles. Pour Robert Paxton, si Vichy n'avait pas prévu la catastrophe qu'a été la Seconde Guerre mondiale, en cherchant à « sauver la France » il a entaché l'honneur de la patrie. [...]
[...] De plus, le gouvernement met en place un mécanisme autoritaire destiné à diriger le pays : Pétain ne laisse aucune place à l'opposition et a les pleins pouvoirs et le régime repose sur les associations d'anciens combattants et sur le Conseil national. L'absence de constitution qui subsiste entre 1940 et 1944 va permettre à Vichy de prendre un certain nombre de mesures qui vont façonner le régime. Ainsi, le régime veut rétablir l'autorité de l'état grâce à une puissante police, qui de par la logique de l'armistice en vient à participer à la répression allemande, et à la restriction des libertés. Toutefois, comme le montre R. [...]
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