Claude Hagège est né en en 1936 à Carthage (en Tunisie). Arrivé en France, il mène de brillantes études secondaires et supérieures, qui le conduiront à intégrer l'Ecole Normale Supérieure en 1955. Il est actuellement professeur au Collège de France et y occupe la chaire de théorie linguistique. Il suivra par la suite les enseignements d'éminents professeurs (Benveniste au Collège de France, Jakobson à l'université de Harvard). Polyglotte, il est reconnu pour son implication dans le combat pour la diversité linguistique et la reconnaissance du français. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus importants linguistes français, preuve en est son obtention de la médaille d'or du CNRS en 1995.
Le combat pour le français est, de nos jours, l'affaire de tout francophone ; promouvoir cette langue semble être un devoir à assumer, prouver que le français est une langue riche, porteuse de valeurs uniques doit être le fait de tous ceux se retrouvant dans cette conception. Sa richesse culturelle prend toute sa dimension quand son histoire est retracée. Claude Hagège va donc développer dans cet ouvrage cette histoire peu banale, qui nous touche tous, l'histoire de notre langue.
Les combats pour le français se sont souvent accompagnés d'effusions de sang. Les acteurs de notre histoire linguistique commune furent divers : du guerrier farouche à l'écrivain célèbre, du seigneur ambitieux à l'humaniste confirmé. Tous ont agi plus ou moins consciemment au même dessein : la promotion de notre langue.
Notre auteur se posera donc plusieurs questions : Comment a-t-il évolué pour revêtir l'aspect que nous lui connaissons aujourd'hui ? Quels furent les grandes périodes, grandes dates de cette histoire qui nous concerne tous ? Quelle est, en soi, cette unité culturelle francophone ?
[...] Des cours hors-horaire scolaire sont mis en place. Mais la lutte atteindra son maximum après la Seconde Guerre Mondiale. De nombreuses associations sont créées, qui seront d'ailleurs reconnues d'utilité publique. En janvier 1951 est signée la loi Deixonne légalisant l'enseignement des quatres langues régionales. Plusieurs lois l'élargiront et la renforceront par la suite (circulaire Savary, loi Haby en 1975). Bien que la France n'ait pas ratifié la Charte Européenne sur les langues régionales et minoritaires, cette description nous permet de voir que la conception française de ses langues régionales a évolué, et elle ne se sent plus menacée par ceux-ci. [...]
[...] Hagège luttait donc en terrain conquis, mais ses explications ne font que les renforcer. Ce qui est surtout plaisant, c'est que l'auteur ne tombe pas dans l'isolationnisme linguistique la défense du français et de la culture française va de paire avec la défense de toutes les identités culturelles mondiales. La France a Voltaire, Proust, le Royaume-Uni Shakespeare, Dickens, l'Espagne Garcia Marqués, la Russie Dostoïevski Au nom de la diversité culturelle, la défense contre n'importe quelle hégémonie linguistique doit exister, car un monde unifié ne ferait, à mon humble avis, rien de bon. [...]
[...] La défense d'une exception culturelle française est nécessaire. Un entretien avec de jeunes rappeurs permet de conclure avec brio cet ouvrage. Il ne fait aucun doute que la langue est riche, elle permet de s'exprimer, d'expliquer clairement ses sentiments. Dans ce rap si critiqué, l'amour de la langue est omniprésent, qui par ses déformations permet de s'ouvrir à d'autres cultures ; la France est mixte, sa langue doit l'être également. Le rap, autant que toutes les nouvelles cultures permettent implicitement de défendre le français. [...]
[...] La Déclaration des Droits de l'Homme, qui exprime les valeurs de la patrie, est rédigée en français, qui devient la langue de la liberté. Il semble alors que pour être patriote, il faut parler français. Mais malgré tout, les dialectes gardent une grande importance, l'intégration du français dans les campagnes est très limitée. Faut-il privilégier les idées révolutionnaires au risque de sacrifier l'unité nationale ? Mais cette situation connaît des troubles, les révoltes royalistes et fédéralistes se multiplient contre le pouvoir jacobin. [...]
[...] Le français fut donc forgé autour d'autant d'actes violents que pacifiques. En soi, cette lutte fut une succession de combats : contre le latin, contre puis pour les langues régionales, et maintenant sûrement le plus hardi, contre l'anglo-américain. Du fait de son rayonnement passé, nul doute que le français est investi d'une mission. Ses valeurs, son Histoire doivent être véhiculés, pour la diversité, contre l'uniformité. Le combat en faveur de la langue française est aussi, à plus d'un titre, un combat pour l'Humanité C. [...]
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