Le cours Naissance de la Biopolitique a finalement été consacré en son entier à ce qui devait n'en former que l'introduction : le libéralisme. Au départ, le thème retenu était celui de « biopolitique ». Or ces problèmes de la biopolitique sont indissociables du cadre de rationalité politique à l'intérieur duquel ils sont apparus : le libéralisme. C'est par rapport au libéralisme que ces problèmes de la biopolitique ont pris l'allure d'un défi : comment le phénomène « population » peut-il être pris en compte dans un système soucieux du respect des sujets de droit et de la liberté d'initiative des individus ? (...)
[...] La société civile est une forme dépendante du schème libéral de politiques publiques. II) Qu'est-ce que le libéralisme ? A. Un instrument critique de la réalité Le libéralisme n'est pas une sorte d'utopie jamais réalisée. A moins de prendre pour le noyau du libéralisme, les projections qu'il a formulé de ses analyses et de ses critiques, il n'est pas un rêve qui manque de réalité. Son polymorphisme et ses récurrences, montrent au contraire, qu'il constitue un instrument critique de la réalité : une gouvernementalité antérieure, dont on essaie de se démarquer ; d'une gouvernementalité actuelle qu'on tente de réformer et de rationaliser en la révisant à la baisse ; d'une gouvernementalité à laquelle on s'oppose et dont on veut limiter les abus C'est pour cette raison qu'on trouve le libéralisme sous des formes différentes mais simultanées, servant de schéma régulateur de la pratique gouvernementale et comme thème d'opposition parfois radicale. [...]
[...] Ce cadre est censé simplement offrir des garanties et des limitations de la loi et assurer que la liberté des processus économiques ne produise pas de distorsion sociale. B. Le néolibéralisme américain La deuxième partie du cours est consacrée au néolibéralisme américain, et plus particulièrement à celui qu'on place sous l'égide de l'Ecole de Chicago. Il se développe également en réaction à ce trop de gouvernement de la politique du New Deal, la planification de guerre et les grands programmes économiques et sociaux soutenus la plupart du temps dans l'après-guerre par les administrateurs démocrates. [...]
[...] Le Tableau des physiocrates était une analyse visant à rendre visible, dans la forme de l'« évidence la formation de la valeur et de la circulation des richesses. La main invisible d'Adam Smith est une analyse qui suppose l'invisibilité intrinsèque di lien entre la recherche du profit individuel et l'accroissement de la richesse collective. Dans ces deux types d'analyse, l'économie montre à chaque fois une incompatibilité de principe entre le déroulement optimal du processus économique et une maximalisation des procédures gouvernementales. [...]
[...] En Allemagne, cet excès était le nazisme, mais au-delà, un type d'économie dirigiste et planifiée issue de la période 1914-1918 et le socialisme d'Etat. Le libéralisme allemand d'après la deuxième guerre mondiale a été défini et programmé par l'école de Fribourg et s'est exprimé dans la revue Ordo. Les analyses des ordolibéraux comme Eucken, Roepke, Böhm ou von Rustow sont issues d'un croisement entre la philosophie néokantienne, la phénoménologie de Husserl et la sociologie de Max Weber. Elles sont également proches des économistes viennois, soucieuses de la corrélation qui se manifeste dans l'histoire entre processus économique et structures juridiques. [...]
[...] Dans cette recherche, il est apparu que la régulation par la forme juridique constituait un instrument plus efficace que la sagesse ou la modération des gouvernants. Par méfiance du droit, les physiocrates avaient eux plutôt tendance à chercher cette régulation dans la reconnaissance, par un despote au pouvoir institutionnellement illimité, des lois naturelles de l'économie s'imposant à lui comme une vérité évidente. Le libéralisme a cherché cette régulation dans la loi non pas par un juridisme naturel, mais parce que la loi définit des formes d'interventions générales exclusives de mesures particulières, individuelles, exceptionnelles, et parce que la participation des gouvernés à l'élaboration de la loi, dans un système parlementaire, constitue le système le plus efficace d'économie gouvernementale Le libéralisme est ainsi lié, pendant tout le XIXe siècle, à l'Etat de droit, c'est-à-dire à l'organisation d'un système parlementaire réellement représentatif On peut cependant faire une analogie : de même que l'économie politique a tout d'abord servi de critère de la gouvernementalité excessive sans être ni par nature, ni par vertu libérale et qu'elle a même vite induit des attitudes antilibérales (cf. [...]
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