Les Filles de noces - Misère sexuelle et prostitution au XIXe siècle, d'Alain Corbin - publié le 28/07/2009

Résumé du document

Alain Corbin est un historien français spécialiste du XIXe siècle en France. Il est, depuis 1987, titulaire de la chaire « Histoire de France au XIXe siècle » à l'Université de Paris-1.
Dans ses recherches, il s'est essentiellement intéressé à l'histoire sociale et l'histoire des représentations. C'est grâce à son intérêt pour ces domaines de recherche, qu'il a analysé l'odorat, l'imaginaire social au XVIIIe et XIXe siècle et l'invention des vacances (L'avènement des loisirs, 1996).

C'est à la prostitution et plus particulièrement son histoire qu'Alain Corbin s'intéresse dans Les filles de noces, publié en 1982. L'auteur part du constat que « le plus vieux métier du monde » échappe à l'histoire et est un véritable tabou. Il propose donc à travers cet ouvrage d'aborder le thème de la prostitution (réglementation, contestations…) « sans précautions oratoires, sans dolorisme mais aussi sans ostentation ». Il s'est donné pour ambition d'élaborer une synthèse de tous les ouvrages parus sur la prostitution. Ainsi Les filles de noces peut être considéré comme un livre-référence sur la prostitution au XIXe siècle.

Extraits

[...] En effet, c'est à travers l'apprentissage de la sexualité et ses dangers que le citoyen va prendre conscience seul du mal de la prostitution et se moraliser : c'est là que, sous le signe du péril vénérien est née et s'est popularisée la notion d'éducation sexuelle. (P. 391). Parallèlement au discours médical, des études d'anthropologie criminelle paraissent dans lesquelles la prostituée est décrite comme un être extraordinaire et incomplet [ ] qui présente des signes de dégénérescence physique et psychique [ ] La prostitution est à la femme ce que le crime est à l'homme : le résultat de la dégénérescence, voire de la régression 441). La personne de la prostituée est encore une fois dénigrée. [...]

[...] Le parti socialiste, le monde ouvrier et féministe et les anarchistes viennent s'ajouter à ce bloc contestataire. Tout cela favorise le triomphe du néo- réglementarisme Cependant, il convient de préciser que ces différents protagonistes ont des visions contradictoires, certains sont libéraux mais non libertaires : s'il convient de libérer la femme, c'est pour lui permettre de devenir une épouse (p.332). Selon les socialistes, la famille conjugale bourgeoise est en soi une prostitution non officielle".» Quoi qu'il en soit, ils mènent tous une campagne contre la police des mœurs. [...]

[...] Les Filles de noces Misère sexuelle et prostitution au XIXe siècle, d'Alain Corbin Alain Corbin et son œuvre : Alain Corbin est un historien français spécialiste du XIXe siècle en France. Il est, depuis 1987, titulaire de la chaire Histoire de France au XIX° siècle à l'Université de Paris-1. Dans ses recherches, il s'est essentiellement intéressé à l'histoire sociale et l'histoire des représentations. C'est grâce à son intérêt pour ces domaines de recherche qu'il a analysé l'odorat, l'imaginaire social au XVIII et XIX siècle et l'invention des vacances (L'avènement des loisirs C'est à la prostitution et plus particulièrement son histoire qu'Alain Corbin s'intéresse dans Les filles de noces publiées en 1982. [...]

[...] Le discours sur les risques vénériens du Professeur Fournier est de plus en plus présent dans les consciences. La prostitution devient un mal médical d'autant plus grave, soulignent les spécialistes, que, parti des bas-fonds, il atteint non seulement les bourgeois coupables mais aussi les innocents (p. 366). Ce sentiment est renforcé avec l'abandon du corset : les femmes apparaissent de plus en plus dangereuses pour la société qui se doit de se préserver intacte. La contestation du système est donc de plus en plus importante ce qui conduit inéluctablement à sa fin. [...]

[...] Ainsi, les femmes sont ordonnées aux vices elles sont inscrites dans des registres faisant d'elles des filles soumises mais ayant le droit d'exercer leur activité légalement Cependant, il existe certaines contraintes à cette pratique, ces femmes doivent exercer soit en milieu totalement clos (les filles à numéro) soit en liberté relative (les filles à carte) (p. 55). Le système de la maison de tolérance peut à de nombreux égard être comparé à une entreprise commerciale et la règle du profit en détermine le fonctionnement 99). [...]