Cet ouvrage de Dominique Kalifa entreprend d'étudier l'essor des récits de crimes durant la Belle Epoque en France (1880-1914).
Résultat d'un travail d'archive impressionant, l'ouvrage analyse les aspects sociaux et politiques d'un tel phénomène. Il éclaire aussi les utilisations politico-politiciennes de la sécurité dans l'imaginaire public.
Cette fiche de lecture aborde sous une forme critique et problématisée l'enjeu de l'utilisation par les médias et les pouvoirs publics de l'imaginaire collectif de la violence.
[...] Cela témoigne de cette stigmatisation réductrice. Mais au delà de l'épisode, on remarque que les crimes peuvent aussi être instrumentalisés à des fins purement politiques afin d'affaiblir un ennemi ou de gagner les faveurs de l'opinion publique Conclusion Dominique Kalifa entreprend dans cet ouvrage de réaliser une étude approfondie de l'explosion de l'intérêt pour le crime et pour son récit, phénomène très caractéristique de la période de la Belle Epoque en France. En s'appuyant sur un travail d'archive considérable, son but est de montrer que si la criminalité et la délinquance progressent en fait très peu durant cette vingtaine d'années, leurs récits connaissent en revanche un essor fulgurant. [...]
[...] A en croire Dominique Kalifa, il faut nuancer ce tableau de l'aliénation des individus et de l'instrumentalisation du crime et de son récit car certains courants de pensée contemporains tendent à dédramatiser le crime et à avoir une approche critique de son influence sur la société et sur l'opinion. Il n'en reste pas moins que cette instrumentalisation politique moderne de l'imaginaire social et de la représentation du crime et du criminel sont des outils de masse Prodigieuses pour assurer une cohésion sociale et pour créer un malaise collectif qui garantit la prévention de toute contestation politique du pouvoir, l'efficacité de ces politiques de sécurité et d'insécurité n'est plus à prouver étant donné leur pérennité jusqu'à nos jours. [...]
[...] Il n'en reste pas moins que ses différents aspects tendent tout à voir cette fascination pour les crimes et leurs récits comme un instrument de sociabilité. C'est donc du lien social qui se tisse à travers ce foisonnement criminel. On peut alors se demander si il n'existe pas une certaine instrumentalisation d'ordre socio-politique dans cette redéfinition des normes sociales que semble favoriser l'essor des récits de crime. Instrumentalisations socio-politiques de l'imaginaire du crime L'engouement pour le crime et ses récits est intéressant en ce qu'il a de paradoxal : il s'inscrit entre la fascination pour la transgression des règles et l'horreur du crime. [...]
[...] Alors que la chronique criminelle s'emballe, il apparaît donc que l'objet même de celle-ci, le crime, tend à se faire de plus en plus rare Et même si le Compte Général enregistre une progressive hausse des crimes et des délits dès 1905, celle-ci reste largement moins fulgurante que celle de leurs récits. Le constat est sans appel et l'auteur, répondant de façon provocante au titre du livre en convient lui-même dans sa conclusion : trop d'encre, a-t-on envie de dire, et pas assez de sang. Ce paradoxe témoigne d'une véritable fascination pour le crime à la Belle Epoque. Il faut maintenant s'interroger sur les causes de cet attrait quasi- hypnotique pour le récit criminel que l'auteur nous transmet si bien. [...]
[...] Les enjeux et les aspects sociaux de la fascination pour le crime L'essor des récits de crime et la fascination des Français pour celui-ci témoignent de l'importance que prend le crime dans la société de la Belle Epoque. Analysons les aspects et les enjeux sociaux de celui-ci. Pas autant d'encre que de sang Le travail d'archive méticuleux réalisé par Dominique Kalifa amène rapidement à un premier constat : le récit de crime connaît un essor fulgurant, continu et multiforme de 1880 à 1914. Tout d'abord dans les journaux sous la forme de faits divers. [...]
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