« La nouveauté des Annales n'est pas dans la méthode mais dans les objets et les questions » (Antoine Prost). Les historiens des Annales furent formés à l'école des Langlois et Seignobos mais ils vont être les premiers à critiquer leur conception de l'histoire. L'école des Annales est crée en 1929 sous le titre des Annales d'histoire économique et sociale dans un contexte institutionnel d'une profession en crise par 2 figures majeures de l'historiographie du 20e siècle : Lucien Febvre et Marc Bloch. L'ouvrage Apologie pour l'histoire ou métier d'historien de Marc Bloch qui part notamment de ce constat de crise de la profession (repli et vieillissement de l'histoire universitaire (ex : des chaires universitaires)), est une œuvre individuelle, œuvre d'un moment, écrite durant la 2nde guerre mondiale (41-43). Cette œuvre, produit de l'unique Marc Bloch, apparaît comme le résultat des expériences et réflexions qui ont évoluées au cours de sa vie. Marc Bloch (1886-1944), a dès 41 adhéré à un réseau de résistance, et en 44 il est capturé par la Gestapo et fusillé. Ainsi son ouvrage Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, reste inachevé sous le titre à l'époque de Comment et pourquoi travaille un historien ? Et cet ouvrage, forme de testament, va connaître un succès énorme : d'abord publié sous forme de brochure (Cahiers des Annales n°3), en 1949, il est ensuite à partir de 74 édité à plusieurs reprises sous forme de livre. (traduit en 8 langues et 450.000 exemplaires vendus dans le monde). Et l'impact de cet ouvrage sur la profession a été énorme et perdure encore même si au sein de l'école des Annales, il est pris non comme une fin mais un point de départ en soi, à critiquer.
Cet ouvrage a comme Marc Bloch l'expose dans son introduction pour but de répondre à l'enfantine mais non moins primordiale question : l'histoire à quoi ça sert ? C'est la question de la légitimité de l'histoire et du métier d'historien qui est ici posée. Et c'est à partir de là que tout au long de cet ouvrage il se propose de nous exposer sa conception de l'histoire, cette histoire qu'il dit être « une science de l'homme dans le temps » (structure de l'ouvrage). Et donc son raisonnement s'organise autour du processus concret de la démarche professionnelle de l'historien : la définition de l'objet de l'histoire, « la chasse des données » (la recherche revêt une forme d'aventure), et l'interprétation de la matière. Tout au long de l'ouvrage Marc Bloch expose les solutions qu'il voit aux origines de la crise inhérente de la discipline : l'enseignement, sa conception du travail en groupe, et surtout la conception qu'il a d'une « histoire universelle ». C'est en quelque sorte un recueil du « meilleur de l'historiographie du 19e et début 20e » car malgré sa critique notamment des romantiques et des « positivistes » sa conception n'est pas totalement en rupture.
Que doit être l'histoire, le métier d'historien selon Marc Bloch ?
[...] De même dans cette nature de l'histoire Marc Bloch dit que la finesse du langage a quelque chose d'artistique, mais que la précision du raisonnement est pleinement scientifique. Mais la limiter à la simple science des hommes n'est pas suffisant, c'est la science des hommes dans le temps car le temps est à la fois un immense continu et un perpétuel changement : ainsi au sein de la connaissance on oppose constamment la connaissance ancienne et le raisonnement et l'intelligence plus récente. [...]
[...] A/L'analyse historique et ses outils B/Les chevaux de bataille de Marc Bloch dans sa réflexion sur la discipline Bibliographie Ouvrages généraux Prost Antoine, Douze Leçons sur l'histoire, Seuil, Points, Paris Ouvrage spécialisé Delacroix, Dosse et Garcia, Les courants historiques en France, 19e-20e, A.Colin, Paris Bédarida François (dir.), L'histoire et le métier d'historien en France 1945-1995, MSH, Paris Instruments de travail Mourre Michel, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Bordas, Paris Edition de la source Bloch Marc, Apologie pour l'histoire, ou métier d'historien, A.Colin, Paris (1949). [...]
[...] Suite à cela, Marc Bloch expose son compromis d'une discipline entre science et art. La critique a pour but de partir : à la poursuite du mensonge et de l'erreur l'imposture prenant 2 formes : le faux avec une tromperie de forme et celle de fond. Ainsi, Marc Bloch établit différents degrés de tromperies (le faux, le plagiat, le sournois remaniement avec des détails inventés sur un fond grossièrement véridique). Et l'erreur selon Marc Bloch s'accorde souvent avec les partis pris de l'opinion commune dont l'historien doit se détacher. [...]
[...] La principale évoquée par Marc Bloch est la linguistique, car le langage se distingue de l'histoire : il arrive que réciproquement les noms varient, dans le temps ou dans l'espace, indépendamment de toute variation dans les choses Chaque groupe et système possède son mode d'expression particulier et de même chaque historien va s'exprimer avec les mots de son pays face à des réalités s'exprimant dans des langues étrangères (exemple du Domesday Book traduit par des clercs latins et donc les réalités anglaises perdent toute signification). Ainsi, la constatation de Marc Bloch est qu'aussi rigoureux, des langages d'historiens alignés côte à côte ne feront jamais le langage de l'histoire. Aussi au sein des jeunes disciplines la concertation est possible, autant au sein de l'histoire mieux vaut toujours essayer de se rendre accessible et utile à tous par un vocabulaire particulier et non constamment changé. [...]
[...] Conclusion Marc Bloch répond ici aux questions de légitimité à la fois scientifique et civique (devoir de mémoire de l'historien). Il nous livre ici sa conception de ce que doit être cette science des hommes dans le temps, de la méthode de pratique du métier d'historien, gage de légitimité par sa pratique critique, ainsi que des devoirs de l'historien dans l'historiographie contemporaine, pour se rapprocher des lignes mêmes du réel par une histoire universelle au sein d'un groupe de travail, ouvert aux disciplines auxiliaires Toutefois ce témoignage, testament, ou quel que soit le nom qu'on lui donne, de Marc Bloch reste inachevé et de plus sa rédaction se fit sans tous les documents et les outils que peuvent requérir l'écriture d'un tel ouvrage, dans un contexte de guerre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture