FICHE DE LECTURE « ISTANBUL ET LA CIVILISATION OTTOMANE »
Bernard LEWIS, 1963, Oklahoma Press (trad. Par Yves THORAVAL)
[...] A partir de cette victoire, LEWIS remonte l'historique du peuple turc et son évolution. Rappelant que le mot turc date du VIème siècle, il rappelle leur usage d'esclaves militaires et leur statut de « Mamelouks ». Remontant à l'ascension puis au déclin rapide du sultanat des Grands Seldjoukides puis à l'émiettement de leur empire en une multitude de principautés, les échecs face aux Mongoles, il arrive à Osman dont il associe le termes « Ottomans » et cela dés le XIVème siècle. [...]
[...] Ces oulèmes, professionnels de la religion et donc gardien de la justice, réapparaît lors de l'apparition du café et du tabac dans la ville et leur vive opposition contre « l'oisiveté » ; l'auteur terminant son avant-dernier chapitre sur l'ensemble des lieux et moments de sociabilité de la population à l'image des « pique-nique ». Le dernier chapitre évoque la science et la foi et pose une des ultimes questions de la civilisation ottomane : la base du droit. Comme nous l'avons déjà expliqué, droit et théologie sont liés Dieu, seul, est source de la loi. Ainsi, la loi sainte, « la charia », repose sur le coran. Le rôle du souverain est donc de ne pas modifier la loi mais de la faire respecter. [...]
[...] A partir de Bayezid, LEWIS nous liste alors l'ensemble des sultans qui se sont succédé jusqu'à Suleyman en rappelant leur rôle dans les mutations de l'Empire ottoman. On apprend aussi que les sultans ont leurs cours et sont de véritables mécènes pour les arts. Cette mise en place d'un empire dynastique trouve ses sources dans les écrits d'OGHUZ et cette idée d'état islamique dynastique est totalement soutenue par les élites militaires et civiles. Revenant sur la prise de Constantinople, l'auteur rappelle que cette conquête est avant tout géopolitique permettant de donner une unité entre la partie de l'Anatolie du Royaume clairement islamique et la Roumélie, fraîchement vaincue et rattachée et où éclectisme religieux domine. [...]
[...] L'auteur revient ensuite sur les « pages », les jeunes chrétiens convertis qu'il nomme « devshirme » et nous explique, par les yeux de BON, l'organisation du système éducatif structuré et organisé en quatre grandes périodes pour s'assurer d'une loyauté inconditionnelle de cette jeune garde. Le chapitre se termine sur l'évolution apportée au séance du divan et sur la mise en avant du vizir qui devient le bras droit du sultan en acquérant sa demeure, son administration et ses finances. Homme libre issu de l'aristocratie musulmane le plus connu reste Lufti PASHA qui œuvra sous Souleymane. [...]
[...] Le seul moment où cette démarche déductive est utilisée apparaît lorsque LEWIS met en parallèle le recensement de 1478 et l'étude historiographique de SOLAKZADE concernant la vie économique de la ville et de l'organisation sociale des fameuses corporations. Le manque d'objectivité apparaît aussi lorsqu'à plusieurs reprises LEWIS parle « de sultans incompétents et dégénérés » et lorsqu'il explique que cela peut s'expliquer par la fin de la loi relativement incompréhensible de nos jours du fratricide. En effet, le choix d'enfermer les enfants du sultans dans des prisons dorées plutôt que de les tuer lorsqu'ils ne sont pas appelé à prendre le pouvoir expliquerait, selon l'auteur, la dégénérescence de l'Empire. [...]
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