Depuis les années 1970, la notion même de britishness (le fait d'être britannique) est en crise. Comme ailleurs en Europe et dans le monde, au Royaume-Uni les identités nationales se sont développées, en particulier depuis 1945 et le début de la décolonisation. Le concept même de britishness est touché par cette crise identitaire, car « être britannique » n'est pas inné, ni permanent, et l'idée connaît différentes définitions depuis les années 1870.
Le fait d'être britannique est un vaste concept puisque cette identité s'est développée depuis les années 1870 autour d'un État multiethnique. Cette situation d'État multinational est, selon certains observateurs, vouée à l'échec. En effet, avec l'Union Act de 1800 est créé le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, et si l'Irlande a depuis repris son indépendance, les nationalistes écossais reprennent cette vision d'échec à leur compte. Cette britishness apparaît dans un premier temps avec l'économie et la culture impérialiste imposées à l'Ecosse, au Pays de Galles et à l'Irlande par les élites dirigeantes anglaises. Elle apparaît alors plus comme une « identité d'État », imposée par les Anglais aux non-Anglais, qu'une « identité nationale » au sens strict du terme. Pour L. Condey, la britishness est une identité qui se superpose à d'autres. Elle se fonde entre 1707 et 1837, en se basant sur le protestantisme, en réaction aux guerres contre la France catholique. Il est ainsi possible de porter cette identité britannique tout en étant Ecossais ou Gallois.
[...] Depuis le XIXe siècle, la monarchie anglaise est au centre de l'identité nationale britannique, ainsi entre 1876, lorsque Disraeli nomme Victoria Impératrice des Indes, et 1953, la monarchie vit au rythme de son Empire. La monarchie doit apparaître comme un facteur de loyauté indéfectible pour les dominions et les colonies, et pour A. Balfour (Premier Ministre de 1902 à 1905), « le roi est la meilleure des constitutions » pour l'Empire.
Longtemps, l'historiographie a séparé l'Empire et la monarchie. J. MacKenzie est le premier à émettre l'idée que l'Empire joue un rôle dans la société britannique, avec son ouvrage Propaganda and Empire : The Manipulation of British Public opinion 1880-1960, Manchester U.P., 1984. (...)
[...] Les hommes doivent dès lors s'entraîner militairement et on leur demande de se battre, voire de mourir pour la patrie. Les femmes, dit-on, ne sont pas biologiquement équipées pour se battre, et cet argument sert à les exclure d'une citoyenneté complète en les empêchant de prendre part aux élections. Les suffragettes sont de plus accusées de saper le moral de la nation. Pourtant leur campagne vise avant tout à participer à la vie de la nation. Les femmes veulent aussi soutenir le pays pendant la guerre, mais pas seulement à l'arrière. [...]
[...] Ranger, The Invention of Tradition trad. française L'invention de la tradition) a cherché à démontrer que jusqu'aux années 1870 la monarchie anglaise est impopulaire, et s'invente alors une tradition qui la rend populaire. Les traditions de la Couronne deviennent l'apanage de quelques personnes comme le vicomte Esher et le compositeur Edward Elgar sous le règne d'Edouard VII. William H. Kuhn critique cette analyse et explique que les politiques, libéraux ou conservateurs, ont contribué à replacer la royauté au centre de l'identité britannique. [...]
[...] Le football est souvent perçu comme une réaffirmation du nationalisme anglais, en particulier lorsque les supporters anglais se peignent la Croix de St Georges sur le visage. Le foot est également un moyen pour l'Ecosse d'affirmer sa différence. Sport et nation en Ecosse, au Pays de Galles et en Irlande La relation entre sport et britishness est rendue difficile par l'Etat multinational qu'est le Royaume-Uni. Le vocabulaire, mais aussi les valeurs et vertus du sport sont plus associés à l'englishness qu'à la britishness. [...]
[...] Un avec un cœur et une âme britannique ! Une vie, un drapeau, une flotte, un Trône ! (Dadabhai Naoroji, le premier député d'origine indienne, est élu en 1892 sous la bannière libérale). À cette époque, l'Empire est construit autour des idées inspirées du darwinisme social, où les nombreuses expositions impériales, comme celles de Londres en 1899 ou en 1923, tentent de démontrées la supériorité de la race britannique. La plus grande division au sein de la société britannique à partir des années 1870 est cependant celle des classes. [...]
[...] * En Ecosse et au Pays de Galles, les spectateurs et acteurs des sports reprennent les pratiques anglaises pour en faire les leurs. Au Pays de Galles, si le football devient populaire, le rugby devient une partie de l'identité galloise et de la welshness. Dans les années 1890, le rugby devient une méthode de transmission de la welshness pour les migrants qui envahissent l'industrie lourde du pays. En 1905, l'équipe nationale parvient à battre les redoutables, et jusqu'alors invaincus, All Blacks (équipe nationale de Nouvelle-Zélande) à Cardiff. Cette victoire est rapidement célébrée comme un triomphe de l'identité galloise. [...]
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