Mona Ozouf (1931 - ) : Elève à l'Ecole Normale Supérieure, elle collabore dès sa sortie avec de nombreux historiens comme François Furet, avec lequel elle écrit le Dictionnaire critique de la Révolution française, Denis Richet et Emmanuel Le Roy Ladurie. Membre du Centre de Recherches Politiques à l'EHESS et directrice du Centre National de la Recherche Scientifique, elle écrit pour le Nouvel Observateur et participe à la revue Le Débat.
Le 18e siècle dénonce l'abondance des fêtes. Elles sont un obstacle au productivisme économique et produisent des abus envers la religion, l'Etat et les mœurs. On reconnaît cependant l'utilité des fêtes qui permettent en même temps une pause dans le quotidien des sujets, un évènement expiatoire des excès et un facteur de cimentation communautaire.
Après un bref rappel du contexte, Mona Ozouf explicite le sujet de son livre qu'elle conçoit comme une étude de la rencontre de ce rêve avec la réalité de la Révolution. Son analyse vise à dégager « le bloc » que représente la fête révolutionnaire en même temps qu'elle tente d'expliquer les échecs.
Elle montre d'abord leur importance. La Révolution a déblayé les hiérarchies fabriquant ainsi des individus identiques, égaux mais solitaires. Les révolutionnaires tentent alors de les rattacher par l'utilisation de deux outils : la loi qui permet aux individus, de manière abstraite, de se gouverner eux-mêmes, et la fête dans laquelle « l'individu est rebaptisé citoyen ».
[...] Dans cette optique-là, la représentation visuelle est primordiale et il faut réussir à captiver son audience, réussir à parler à l'imaginaire collectif du peuple. Les discours, pancartes ou bannières prennent une place primordiale pour atteindre cet objectif. Tous les moyens d'attirer l'attention sont ainsi mobilisés. La vie populaire autour de cette fête est en effet un aspect crucial puisque sans les manifestations populaires, les fêtes n'auraient absolument aucun soutien et disparaîtraient donc. L'importance du bruit provoqué par les manifestations est ainsi longuement soulignée par Mona Ozouf qui y voit un symbole de réussite. [...]
[...] Le 18e siècle dénonce l'abondance des fêtes. Elles sont un obstacle au productivisme économique et produisent des abus envers la religion, l'Etat et les mœurs. On reconnaît cependant l'utilité des fêtes qui permettent en même temps une pause dans le quotidien des sujets, un évènement expiatoire des excès et un facteur de cimentation communautaire. Reconnaissance de l'utilité et dégoût pour la réalité vont inciter les esprits éclairés à chercher une autre fête. Cette recherche s'effectue d'abord dans le temps et dans l'espace : on s'inspire de modèles antiques (Athènes, Rome) ou exotiques (Chine, Pérou), puis en imagination. [...]
[...] Elle montre d'abord leur importance. La Révolution a déblayé les hiérarchies fabriquant ainsi des individus identiques, égaux mais solitaires. Les révolutionnaires tentent alors de les rattacher par l'utilisation de deux outils : la loi qui permet aux individus, de manière abstraite, de se gouverner eux-mêmes, et la fête dans laquelle l'individu est rebaptisé citoyen Pour préciser sa démarche, Ozouf se replace alors dans l'historiographie des fêtes de la révolution. Elle dénonce dans un premier temps l'erreur de l'histoire politique, représentée par Aulard et reprise par la majorité des historiens, qui s'attarde sur la divergence des volontés des organisateurs pour faire des fêtes l'expression de sectes opposées. [...]
[...] Ozouf entre ensuite dans la chronologie révolutionnaire. La fête de la Fédération du 14 juillet 1790 est la plus importante puisqu'elle est la première fête nationale. Elle consacre le passage du privé au public de même qu'elle doit réconcilier le roi avec la Révolution. Elle admet cependant deux exclus : l'aristocratie dénoncée comme absente et le peuple en réalité témoin plus qu'acteur. A l'année 1792, elle est l'une des seules fêtes unificatrices et deux fêtes antagonistes : la fête de Chateauvieux qui célèbre la liberté et celle de Simonneau où la loi est à l'honneur semble confirmer la fin du mythe d'une nation unifiée. [...]
[...] Le terme de révolutionnaire est en effet porteur de sens. Ce n'est pas seulement une fête de la Révolution mais quelque chose qui va faire changer le cours des événements . Révolutionnaire au sens du changement et de la portée. On peut ainsi dire avec certitude que la fête révolutionnaire a atteint son objectif et signe le début d'une ère nouvelle. [...]
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