On ne peut que constater la faiblesse de la prégnance du terme dans le vocabulaire français. L'absence au niveau de la religion catholique de la conception du fédéralisme (contrairement au protestantisme allemand ou américain par exemple) n'a pas contribué à la diffusion du terme. Il ne fait par exemple son apparition que tardivement dans les dictionnaires, et fait l'objet de définitions neutres ou péjoratives (ceux-ci le présente comme une simple idée politique, et lui enlève tout de côté polémique).
Dernière remarque d'ordre sémantique : le terme « fédéralisme » en français a pour terme voisin « décentralisation » (distinguer les deux mots est quasi impossible) et connaît peu d'antonymes : les deux majeurs sont « centralisation » et « souveraineté d'Etat », que l'on peut regrouper sous le nom de « centralisme »...
[...] Brissot revendique, lui, un pluralisme local : la reconstruction doit se faire par le bas, l'Etat couronnant l'édifice des Cités auto-constituées. Cependant, Necker est le premier à énoncer dans la période révolutionnaire l'idée d'une véritable république fédérative, partant de la constatation des ravages de l'indivisibilité du gouvernement, obligeant de recourir à des moyens de tyrannie II Le triomphe du centralisme et les conséquences de la stigmatisation du fédéralisme Le centralisme, au nom de l'indivisibilité de la Nation, s'impose. Il entraîne un enthousiasme pour l'unité et une forte méfiance envers le pluralisme (vu dans le jacobinisme comme une entreprise de dislocation de l'Etat national). [...]
[...] Cependant, ce que l'on retire principalement dans ce livre est un manque de précision sémantique dans sa description du régime américain (national, fédéral, confédéral Si les libéraux ne parviennent pas à parler proprement du fédéralisme et sont capables uniquement d'établir une description dans les autre pays et non de trouver une application française, Proudhon parvient lui à énoncer une doctrine claire. Cela permet au fédéralisme de sortir de l'ombre et de devenir un véritable programme à accomplir. Ses idées sont développées dans le Principe fédératif paru en 1862. [...]
[...] On emploie, par exemple, indifféremment les adjectifs fédératif fédéral et confédéral . Il faut attendre le XIXe siècle pour voir apparaître le fédéralisme en tant que concept politique. III L'émergence du fédéralisme comme concept politique au XIXe siècle Le XIXe siècle va permettre au fédéralisme de se placer au rang de concept politique (Koselleck). Il faut dans un premier temps remarquer l'oubli de la république fédérative de la part des libéraux français, même s'ils restent farouchement hostiles à la centralisation. [...]
[...] Dernière remarque d'ordre sémantique : le terme fédéralisme en français a pour terme voisin décentralisation (distinguer les deux mots est quasi impossible) et connaît peu d'antonymes : les deux majeurs sont centralisation et souveraineté d'Etat que l'on peut regrouper sous le nom de centralisme I Le traumatisme de la Révolution française ou le fédéralisme comme crime politique La révolution française a éliminé toute idée de réalisation de fédéralisme et a rendu pour longtemps péjoratif le concept. Il fut associé à l'anarchie et au séparatisme. Le destin des termes de Fédération et de fédéralisme est distinct. Le mouvement fédératif est perçu comme unificateur. En témoigne la Fête de la Fédération, devenue Fête Nationale. En effet, la Fête de la Fédération permettait de se reconnaître comme partie d'un ensemble plus grand, permettait l'auto-affirmation d'individus, venant de différentes provinces, enfin citoyens et renonçant à leurs privilèges locaux. En revanche le fédéralisme suscite une crainte immédiate. [...]
[...] A l'exception de Proudhon ou de Tocqueville, les tentatives de conceptualisation sont rares, et le plus souvent pauvres. Cela est principalement dû à l'absence de pratique fédéraliste en France (on observe le même phénomène en Angleterre). L'analyse de la sémantique des termes fédéralisme et Fédération pourrait, si l'on suit la pensée de Koselleck, permettre de mieux saisir l'histoire sociale et politique de ces concepts, car à la différence des mots, les concepts ne peuvent rester univoques et contiennent une certaine polysémie. [...]
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