L’Europe et ses nations, Krzysztof Pomian, chrétienté latine, monde romain, latinisation du christianisme, assemblées grands feudataires, clergé séculier, unification européenne, culture humaniste
L'Europe et ses nations est paru en 1990. C'est un survol de l'histoire européenne (de Rome à la Première Guerre mondiale en deux cents pages) dont la problématique est centrée sur les unifications européennes, appréhendées en termes de noyaux organisateurs, de pôles culturels et d'axes géographiques.
Durant l'Antiquité, l'Europe est découpée entre Rome (au Sud) et les Barbares (au Nord) séparés par le limes. Au sein du monde romain, division entre une aire latine (occidentale) et grecque (orientale). Le limes n'est pas étanche : on observe à la fois des échanges économiques (les Barbares fournissent aux Romains des esclaves comme moyen de paiement) et une recherche de protection, due aux guerres endémiques entre Barbares. Ambivalence des processus de « romanisation » et « barbarisation ».
[...] Au début XVIIIe, la Respublica Litteraria, incarnation de l'unité culturelle de l'Europe, est débordée par les aires culturelles nationales. Contrairement à la culture savante, culture de lettre, la culture des cours est celle de l'image (par la gradation des privilèges et la visibilité des distinctions, elle prolonge et sublime la culture chevaleresque). Dans l'histoire des cours européennes, la mode italienne (XVe -XVIe) précède la mode française (du XVIIe jusqu'à la fin de l'Ancien Régime). Entre le XVIe et le XVIIIe, le voyage en Italie offre l'initiation par excellence à la tradition européenne et au goût européen. [...]
[...] La Réforme est ainsi l'occasion de transferts de propriété à très grande échelle. Pour K. Pomian, la Réforme comprend une part de revanche sociale (conflit ouvert entre haute et basse culture, illustré par l'iconoclasme) : ainsi les murs blanchis à la chaux rendent-ils les temples plus semblables aux masures des pauvres qu'aux demeures décorées des riches La Réforme aurait participé de l'irruption des cultures locales, vernaculaires et orales, et de la légitimation de l'égalité des hommes devant Dieu. Par le Concile de Trente, la réforme catholique s'attaque à ce qui a rendu possible la Réforme, à savoir l'amalgame du sacré et du profane. [...]
[...] La conversion d'un peuple signifie son intégration dans l'un des deux réseaux de dépendances ecclésiastiques : Rome ou Constantinople. Les deux capitales de la chrétienté diffèrent sur le plan des rapports entre le spirituel et le temporel (à Byzance le premier est subordonné au second : il n'y existe pas d'équivalent de la Donation de Constantin), de la langue de l'Eglise (latin ou grec), des langues vernaculaires (permises à l'Est). Les deux chrétientés sont, même avant le XIe siècle, séparées par une frontière que matérialisent le baptême romain de la Bohême, de la Pologne et de la Hongrie, et le baptême byzantin de la Bulgarie puis de la Russie de Kiev. [...]
[...] Alors que l'Antiquité était le bien commun des Européens, on assiste maintenant à la mise en valeurs des biens propres de chaque nation mis à part : la culture européenne devient un système de cultures nationales dont chacune fait retour sur son passé médiéval, prône la supériorité de l'oral sur l'écrit et élève le peuple à la dignité de créateur. Les cultures romantiques viennent du nord, surtout d'Angleterre et d'Allemagne. Pour la première fois, souligne Pomian, une innovation culturelle ne partait pas du Sud. [...]
[...] Le roi cède des terres en fief, ce qui a pour conséquence une patrimonialisation des instances de l'Etat, une autonomisation des vassaux et un morcellement accrut du pouvoir. Le système féodal est le plus enraciné dans la France du Nord, la Lotharingie, la Bourgogne et la Normandie, d'où il est transplanté en Angleterre. La féodalité n'entre en Bohême, Hongrie et Pologne qu'au XIIe siècle. Le fief, lié au métier des armes, est noble : c'est par un contrat que le vassal s'est lié à son seigneur ; la tenure, liée au travail de la terre, est vile, et le paysan dépend unilatéralement du seigneur dont il est serf. [...]
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