Pierre Milza est un spécialiste de l'Italie contemporaine et plus précisément du fascisme. Il est professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris et jusqu'en 2000, il a été directeur du Centre d'histoire de l'Europe au Xxème siècle à la fondation nationale des sciences politiques. Dans le débat historiographique, il soutient, avec René Rémond entre autres, la thèse d'une extension du fascisme limitée à l'Italie et à l'Allemagne et qui aurait épargné la France. Il est alors en complète opposition avec Paxton et surtout avec Zeev Sternhell qui considère que le fascisme a bien existé en France.
Mais dans ce livre, Pierre Milza quitte quelque peu son domaine de prédilection. Il part d'un constat : l'Europe connaît depuis quelques années une radicalisation politique caractérisée par une montée de l'extrême droite. L'exemple le plus significatif est celui des élections présidentielles françaises de 2002 qui ont vu Jean-Marie Le Pen, leader du Front National, arriver au second tour face au président sortant Jacques Chirac. Si cet événement a fait figure de « raz de marée » par la méprise qu'il a suscité, le cas français est loin d'être isolé en Europe où la grande majorité des états sont confrontés à une montée en puissance des partis populistes. Ceux-ci semblent d'autant plus menaçants qu'ils ont abandonné leur ancien activisme pour un légalisme qui paraît être en grande partie dicté par le pragmatisme. Leurs discours s'est en effet adapté à la nouvelle société dans laquelle ils évoluent et où critiquer la démocratie avec trop de véhémence revient à se priver d'une partie importante de l'électorat. C'est cette droite radicale et conquérante que Milza se propose ici d'étudier, d'abord en s'interrogeant sur ses origines et sur ses liens avec le fascisme, puis en comprenant les différentes mouvances à travers l'Europe.
[...] Ces trois pays possèdent de fortes similitudes : ils sont sortis à peu près en même temps de la dictature au milieu des années 70 et se sont pleinement engagés dans la voie démocratique, choix massivement soutenu par l'extrême majorité de la population. En effet, à la mort de Franco, L'Espagne devient en démocratie en novembre 1975. Il y persiste alors de petites formations d'extrême droite qui veulent modifier le cours de la transition. On peut penser au Fuerza Nueva, qui est le plus important ou au Blas Pinar. [...]
[...] En cela, il est proche des communistes. On parle de coalition brun-rouge Il a un fort écho dans la population en réalisant aux élections de 1993. Mais rapidement, le LDPR apparaît comme l'auxiliaire caché du pouvoir destiné à prendre des voix aux communistes et à faire peur à l'occident. Ils sont donc peu à peu décrédibilisés. En marge, il existe en outre l'Union nationale russe qui elle n'a pas de collusion avec le Kremlin et qui exalte un néo-nazisme ouvertement. [...]
[...] En effet, Après la seconde Guerre mondiale, le titisme a la fonction de frigidaire des nationalismes car il crée un patriotisme yougoslave après la succès de sa politique de non-alignement. A la chute du régime, les nationalismes se réveillent. Milza fait remarquer que si on considère comme d'extrême droite, ce qui relève de l'ultra-nationaliste et de la xénophobie, la totalité de la population se situerait dans cette catégorie. Ainsi, la Slovénie ne pratique pas de politique de purification ethnique mais use de procédés discriminatoires contre les non-slovènes afin qu'ils quittent le pays. [...]
[...] D'où la volonté affichée, chez une importante frange de l'extrême droite néo- fasciste, de contester l'Histoire telle qu'elle a été écrite par les alliés et de remettre en cause tout particulièrement l'extermination des juifs par les nazis. Dans son étude du négationnisme et du révisionnisme, Milza souligne le fait que toute historiographie est nécessairement révisionniste. En effet, le propre d'un historien est de remettre en cause et de réétudier sans cesse les évènements tels qu'ils ont été relatés. Mais ce qui différencie radicalement, pour lui, une telle pratique du révisionnisme néo-fasciste est que ce dernier représente une manipulation pure et simple de la mémoire. [...]
[...] Cette tentative ne va pas à son terme mais il naît cependant une formation fasciste : le Parti Croix Fléchées qui compte jusqu'à adhérents. Ce double héritage de l'extrême-droite se retrouve aujourd'hui encore dans le champ politique. La famille historique des partisans de Horthy se divise entre le MIEP (parti de la vérité) et le FKgP (Parti des petits propriétaires indépendants). De ces deux formations, seul le MIEP peut être considéré selon Milza comme étant d'extrême droite (ils ont par exemple accueilli Le Pen lors de ses voyages en Hongrie). [...]
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