Le témoignage de Marc Bloch sur la Seconde Guere mondiale dans son ouvrage "L'étrange défaite" apparaît comme triplement légitime : il a été écrit par un soldat, à cru et par un historien de formation, pour qui la quête de la vérité est primordiale (« Je tiens la complaisance envers le mensonge, de quelques prétextes elle puisse se parer, pour la pire lèpre de l'âme », écrit-il dans son testament).
[...] L'Etrange Défaite, Marc Bloch Avant de faire la critique d'un livre, je ne le lis jamais. Cela me rendrait partial. disait l'anglais Sydney Smith,[1] de façon ironique. Je dois avouer que j'ai lu L'Etrange défaite, mon propos sera donc partial. Mais, comme je me trouve d'avance prémunie contre la tentation de camper un portrait qui serait naturellement tout arbitraire, je tenterai de rester impartiale. La subjectivité, voilà en tout cas, ce que Marc Bloch tente ici de fuir. Je n'écris pas ici mes souvenirs annonce-t-il en première page. [...]
[...] Et puis, il fait preuve de philanthropie : Aussi bien, le courage n'est-il pas une affaire de carrière ou de caste. L'expérience de deux guerres de la première surtout m'incline à penser qu'il n'est guère chez les hommes un peu sains, de disposition de l'âme plus couramment répandue. écrit-il à la page 136 et croit encore en un sursaut de l'être, même s'il est tardif. Là encore, la comparaison avec De Gaulle est tentante. Ne rejoint-il pas ici l'homme du refus de 1940, l'homme de l'appel du 18 juin : La défaite est-elle définitive? Non ! ( . [...]
[...] Il taxe l'armée française de fatalisme et d'immobilisme. Le commandement de l'armée s'est contenté de reproduire les schémas de la Première Guerre mondiale. L'historien sait bien que deux guerres qui se suivent, si, dans l'intervalle, la structure sociale, les techniques, la mentalité se sont métamorphosées, ne seront jamais la même guerre. (p. 151). Ainsi, l'auteur rejoint le général De Gaulle, qui, dans sa réponse au Maréchal Pétain après la déclaration d'armistice du 25 juin 1940, pointe du doigt un système militaire mauvais fondé sur une armée défensive et privée de force mécanique La troisième et dernière partie apparaît comme la plus intéressante. [...]
[...] L'auteur partage encore ici le point de vue de Charles De Gaulle qui évoque, lui aussi, une posture défaitiste d'une partie des élites françaises dans ses mémoires (Mémoires de Guerre Tome I L'Appel (1940- 1942)). Puis, Marc Bloch pointe du doigt la misère des bibliothèques municipales le manque d'ouverture intellectuelle des officiers. Dans l'art du sarcasme, Marc Bloch est naturellement doué. [Les états-majors] appartenaient à des milieux qui s'étaient progressivement anémié le goût de se renseigner ; où, pouvant feuilleter Mein Kampf, on doutait encore des vrais buts du nazisme. (p. 180). [...]
[...] Il ne nous reste, pour la plupart, que le droit de dire que nous fûmes de bons ouvriers. (p. 205). Mais, Bloch se défend de toute aigreur : Je n'étale pas ses remords par délectation morose. préfère-t-il préciser (p. 205). Au-delà des critiques, c'est bien l'espérance d'un homme qui transparaît en filigrane. Le redressement national sera retardé mais retardé, seulement, j'en ai la conviction. (p. 206). Il a foi en la jeunesse, se fait le chantre du modernisme : La France d'un nouveau printemps devra être la chose des jeunes. [...]
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