L'historien Marc Bloch est né à Lyon en 1886 dans une famille juive. Mobilisé en 1914 comme sergent, il termine la guerre comme capitaine, reçoit quatre citations, à l'ordre de l'armée ainsi que la croix de guerre. Universitaire, il devient l'un des historiens les plus marquants de sa génération. Le 24 août 1939, il est mobilisé sur sa demande comme capitaine d'état-major afin de défendre sa patrie.
Il assiste aux derniers jours de la bataille des Flandres en 1940, rallie Dunkerque, puis l'Angleterre, et revient à Cherbourg. Après l'armistice, il rejoint la zone libre. D'abord exclu de la fonction publique comme juif, il est relevé de déchéance pour services exceptionnels rendus à la France et choisit alors d'entrer dans la Résistance. Le 8 Mars 1944, il est arrêté et torturé ; il sera exécuté le 16 juin.
Après la Libération, comme le souhaitait son auteur, paraît « L'étrange défaite » de Marc Bloch, qui donne un ultime témoignage du patriotisme de son auteur. Cette oeuvre, écrite à chaud, « en pleine rage », comme le rapporte Georges Altman dans l'édition originale, par un historien qui a fait les guerres de 1914-1918 et de 1939-1340, est intéressante à bien des égards. Marc Bloch, témoin de la défaite, conscient des limites du témoignage comme du devoir de témoigner, formé à la réflexion historique, analyse les circonstances et les causes de Mai 40 dans les mois qui suivent.
[...] Ils ont, au contraire, laissé se développer le défaitisme et le découragement. Les mensonges et les omissions coupables des politiques, révélés au grand jour lors de la bataille de France ont contribué à une médiocre préparation mentale de l'opinion, mais aussi au désarroi des soldats, mal informés et mal dirigés, confrontés sur le terrain non pas à ce que le gouvernement et l'état-major les avaient préparés, mais à une forme de guerre qu'ils n'avaient même pas envisagée. L'idéologie internationaliste et pacifiste Les faiblesses de la société française l'ont amenée à dénoncer les dangers du progrès, du machinisme, du travail. [...]
[...] Or, durant la drôle de guerre, les alliés ont cherché en vain à coordonner leurs opérations. Les états majors français, comme le constate Marc Bloch, sont très réticents à l'idée de communiquer avec les officiers britanniques qu'ils reçoivent. Les différents services de l'armée française communiquent, d'ailleurs très mal entre eux et Marc Bloch en fait l'amère expérience durant sa tentative d'obtenir des renseignements sur les positions allemandes de la part des forces britanniques. Ainsi, malgré leur volonté de défendre la France et le Royaume-Uni contre le nazisme, force est de constater que, lors de l'offensive allemande, le manque de concertations au sommet entre les alliés eut comme conséquence une dispersion des forces en présence. [...]
[...] La démocratie même a été cause de la défaite puisqu'elle a contribué à remettre les destinées de la France à un peuple auxquels ses dirigeants n'avaient pas donné des renseignements nets et sûrs (p.169). Faillite des dirigeants, faillite du système démocratique, tel est le procès verbal de l'année 1940 que dresse Marc Bloch. III- Une défaite annoncée La supériorité allemande Marc Bloch connaissait bien l'Allemagne : il aurait pu développer le versant allemand de l'affaire. Hitler avait transformé son pays en bête de proie. [...]
[...] Il est donc à noter que, malgré les apparences, la supériorité allemande, en nombre de chars sur les Franco- Britanniques n'était pas l'élément déterminant. Les forces en présence étaient alors relativement équilibrées. Le défaut d'alliance En réalité, ce sont les différences de conception stratégique entre les Alliés qui est à l'origine d'une incompréhension quasi-totale et, par voie de conséquence d'un manque de coordination entre les alliés. En effet, pour Marc Bloch : une alliance véritable est une création continue (p.113). [...]
[...] Il rend bien compte de l'ambiance et du désordre qui régnait dans l'armée française lors du désastre. Il montre bien le manque de prévoyance des états-majors et surtout leur infériorité stratégique face à une armée allemande, maîtrisant des techniques inédites (forces blindées fonçant sur les routes, appui de l'artillerie lourde, articulation des blindés avec les bombardiers en piqué, aussi appelés stukas). Néanmoins, le témoignage de March Bloch, écrit sur le vif, ne laisse pas de place au recul nécessaire à un historien pour analyser en profondeur et objectivement les causes d'une défaite aussi proche et aussi durement ressentie. [...]
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