Ian Kershaw, professeur d'Histoire à l'université de Sheffield, commence à s'intéresser à l'histoire de l'Allemagne dans les années 1970 à l'occasion d'un séjour linguistique qu'il effectue dans ce pays. Plus particulièrement, c'est en discutant avec un ancien nazi que l'auteur décide de se consacrer à la période 1933-1945, durant laquelle les nazis sont au pouvoir en Allemagne.
Son livre Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d'interprétation se veut être un ouvrage de synthèse des différents courants d'explication du nazisme tout en se référant à des thèmes précis permettant un éclairage pertinent sur la période étudiée. Se posant lui-même comme historien structuraliste, il s'oppose à une approche intentionnaliste, c'est-à-dire qui met l'accent sur le rôle et la volonté de Hitler pour expliquer la politique du IIIe Reich ; alors que l'approche structuraliste tend à minimiser le rôle de Hitler sans pour autant le dénier, mais replacer les faits dans leur contexte social et politique.
[...] La résistance ouvrière exista pourtant réellement (en témoigne les milliers de morts) mais ne s'organisa pas en réseaux et fut réduite à m'échec par l'atomisation du monde ouvrier en général. Ainsi, peut-on parler de résistance sans le peuple Ian Kershaw réussit dans cet ouvrage à présenter de façon claire les différentes interprétations et les controverses auxquelles le sujet est confronté. Même si les débats sont encore très actuels, l'auteur opte pour une méthodologie qui tout en rappelant les différentes approches (la partie Interprétations au sein de chaque chapitre) essaie de se positionner, mais surtout de tester la pertinence des thèses présentées (la partie Évaluation au sein de chaque chapitre). [...]
[...] En 1986, Habermas dénonça dans un article virulent les tendances apologétiques dans l'historiographie contemporaine allemande s'attaquant à Hillgruber, mais surtout à Nolte. Celui-ci affirmait que l'holocauste serait la conséquence de la terreur que suscitait le bolchévisme, un assassinat préventif répondant au goulag et même à de réelles «fautes» commises par les juifs , se distinguant d'autres génocides uniquement par la méthode employée. Nolte allait jusqu'à juger comme recevable la littérature d'extrême droite, étant donné que l'écriture de l'histoire de l'holocauste était essentiellement réalisée par des auteurs juifs, d'où une tendance à la victimisation. [...]
[...] Enfin, Ian Kershaw a rajouté dans sa réédition de 1997, un chapitre sur la résistance allemande, thème qui englobe les rapports entre le régime nazi et la société allemande, la mesure de l'emprise du nazisme sur la population, et in fine l'analyse de la collaboration et du conformisme. Le traitement de la résistance fut jusqu'aux années 1960, nettement lié à des considérations politiques. Ainsi, en RDA, la résistance était assimilée aux actions du KPD, tandis qu'à l'ouest, l'accent était mis sur la résistance des élites, notamment l'action orchestrée contre Hitler en juillet 1944. Le concept de résistance pris dans une acception plus large de Resistenz est défini comme la capacité d'un acte à freiner la pénétration du nazisme. [...]
[...] Si l'ouvrage ne donne pas de synthèse précise sur la nature exacte du régime nazi, il est encore prématuré de penser que cela sera possible dans un avenir proche, tant les débats sont vifs, et cela d'autant plus que cette période marque un tournant de l'Histoire, et touchent à des questions morales et politiques qui relèvent de l'irrationnel. Interview de Ian Kershaw par Thomas Roman réalisée le 25 octobre 2000 et consultable sur la page web : http://www.parutions.com/pages/1-4-100- 2167.html Wolgang Sauer, “National Socialism : Totalitarism or Fascism AHR 73 (1967-1968) p C'est ce qu'on appelle syndrome en six points” Ernst Nolte, Le fascisme dans son époque, tome 3 Le national- socialisme, Paris, éditions Julliard Ralf DAHRENDORF, Society and Democracy in Germany, London,, Weidenfield and Nicolson David SCHOENBAUM, Hitler's Social Revolution class and status in Nazi Germany, 1933-1939, New York, Doubleday, 1966. [...]
[...] En effet, on en connaît de plus en plus sur cette période de l'Histoire, mais les interprétations sur la nature exacte du régime nazi portent à controverses. L'auteur aborde ainsi trois notions indispensables pour comprendre non seulement le nazisme, mais aussi l'Histoire en général : la dimension historico-philosophique, politico-idéologique, et enfin la dimension morale. La dimension historico-philosophique est particulièrement importante dans la mise en relief des aspects du régime nazi dans la mesure où dans un contexte plus général elle permet de se placer suivant qu'on estime que l'histoire est le fruit des actions humaines (tendance historiciste). [...]
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