L'ouvrage de Ian Kershaw est un recueil de synthèse qui présente la somme des recherches et débats historiographiques sur des grands thèmes de l'histoire du nazisme. Il s'agit d'un livre purement descriptif où l'auteur ne présente ses thèses qu'au détour de phrases discrètes et sibyllines, presque en s'excusant. Il est donc extrêmement difficile de résumer cet ouvrage dont chaque chapitre est déjà en réalité un condensé extrême des thèses de différents auteurs. C'est pourquoi nous avons opté pour une fiche de lecture linéaire qui suit la trame du livre
[...] Franz Neumann, suivi par Peter Hüttenberger propose l'explication selon laquelle "le régime nazi résultait d'une alliance non-écrite entre des blocs distincts mais interdépendants au sein d'un cartel de pouvoir Ce cartel était composé du bloc nazi, du grand patronat et de l'armée." (p.111) Les rapports de force se modifièrent petit à petit au profit du bloc nazi. Quant au génocide, argument souvent avancé pour montrer l'irrationalité économique des nazis, Kershaw montre qu'il n'est valable que durant les dernières années. Auparavant, on observe une hausse considérable des profits des grands groupes (IG-Farben en particulier Chapitre IV Hitler: "maître du Reich" ou "dictateur faible" ? [...]
[...] A l'Ouest également, l'utilisation du terme "régime totalitaire" permet une forte politisation du sujet grâce à l'amalgame fascisme-communisme. - La dimension morale "Nous sommes en présence d'un phénomène qui semble dépasser toute analyse rationnelle" (p.30) avoue l'auteur Chapitre II Le nazisme, un totalitarisme, un fascisme ou un phénomène unique en son genre ? Ian Kershaw s'attache ici à présenter une problématique récurrente dans l'étude du nazisme. Il passe d'abord en revue les deux termes: Totalitarisme Après un rappel des acceptions du terme et de son utilisation (Carl Schmitt, H.Arendt), Kershaw revenant sur les 6 critères de la définition statique de Carl Friedrich (idéologie officielle, partie unique à base de masse, contrôle policier terroriste, monopole des moyens de communication, monopole des moyens de combat, contrôle centralisé de l'économie.), montre que le schéma totalitaire pour mérite essentiel de mettre en évidence ce qui différencie les démocraties des dictatures" (p.62). [...]
[...] - Les historiens non-marxistes sont assez divisés : La méthode phénoménologique de E.Nolte (le fascisme dans son époque) analyse le fascisme à travers l'image qu'il a voulu se donner, le structuro- fonctionalisme de Hildebrand voit dans le fascisme une phase de "transformation sociale vers une société industrielle" (p.77), enfin l'approche de Lipset essaye de proposer "un extrémisme du centre", c'est-à- dire des classes moyennes qui se seraient tournées vers l'extrême-droite. L'auteur affirme que les concepts de totalitarisme et de fascisme ne sont pas "purement scientifiques", qu'ils sont trop connotés pour être neutres. De plus, l'optique qui les accompagne est sensiblement divergente : tandis que fascisme est centré sur les mouvements, l'organisation ou le but, totalitarisme reflète plus un système, une technique de gouvernement. Le nazisme est-il un totalitarisme ? (p.77). Les détracteurs de terme totalitarisme se divisent en deux groupes. [...]
[...] Le second groupe pointe les limites du mot. En effet, les particularités du système ne sont pas assez prises en compte par une comparaison superficielle englobante. "Partis uniques" masque les profondes différences du PCUS et du NSDAP, "dictateurs forts" occulte les personnalités de Hitler ou de Staline, etc De plus, l'évolution du système communiste, post-stalinien notamment, n'est pas prise en compte au même titre que les conditions socio-économiques et les fonctions et les buts des systèmes. Enfin, le concept est ambigu car il désigne à la fois des régimes ayant existé et des dictatures modernes. [...]
[...] Qu'est-ce que le nazisme? I. Kershaw L'auteur Ian Kershaw, né en 1942, est médiéviste de formation. A partir de 1974, il se spécialise dans l'étude du nazisme dont il est aujourd'hui le spécialiste incontesté. Il apporte des éclairages nouveaux à l'étude de l'opinion publique sous le 3e Reich dans son ouvrage désormais classique Popular Opinions and Political Dissent in the Third Reich. Bavaria 1933- 1945 (Oxford, 1983), et s'intéresse à la place et au rôle exact de Hitler dans le système nazi (The Hitler Myth ».Image and Reality in the Third Reich, Oxford et, plus récemment, Hitler.A profile of Power, 1990). [...]
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