Dans sa préface, Ariès explique l'origine de ses essais, c'est à dire ce qui l'a conduit à parler de certains thèmes précis, guidé par ses recherches qui l'emmenaient toujours plus loin, en amont et en aval. Puis il justifie la temporalité choisie pour son étude, à savoir la durée millénaire; il dit à ce sujet que les changements des comportements devant la mort sont très lents, et qu'ils alternent avec de longues périodes d'immobilité. Enfin, il décrit le travail de l'historien de la mort, en l'opposant entre autres à l'historien des religions. Il explique comment l'historien spécialiste de la mort doit s'intéresser à diverses sources afin de bien comprendre la sensibilité collective d'une époque. Ariès distingue à ce sujet l'étude du proche et du différent, c'est à dire le dénominateur commun de l'époque et l'annonce de changements futurs.
[...] La première interprétation peut être celle du Jugement, mais cela peut également représenter la dernière épreuve qui consiste à résister à la dernière tentation, en voyant sa vie entière défiler devant ses yeux. Cela renforce la thèse du souci de la particularité, puisque le jugement n'est que pour le mourant lui-même. L'iconographie des artes moriendi réunit à la fois le rite collectif et l'interrogation personnelle. La mort a pris une charge "d'émotion" et le mourant détermine l'action par sa propre volonté; il s'agit d'une mort personnelle. [...]
[...] Des plaques de fondation où étaient inscrits les termes de la donation testamentaire les remplaçaient quelquefois, afin de rappeler de la même façon l'identité du défunt. L'homme a enfin découvert la mort de soi La mort de toi A partir du XVIIIe siècle, la mort prend un sens nouveau ; elle devient dramatique, impressionnante. A partir de XVIe siècle, les thèmes de la mort ont un sens érotique, car la mort est considérée comme une transgression qui jette l'homme dans un monde irrationnel. [...]
[...] Cela a conduit à effacer la séparation entre l'abbaye cémétériale et l'église cathédrale. La grande différence entre ces cimetières et ceux que nous connaissons aujourd'hui est qu'on y trouvait des charniers où étaient entassés les os des morts, qu'ils proviennent des fosses communes ou des tombes plus riches, puisque le corps était confié à l'église et que peu importait sa destination, si ce n'est l'enceinte sacrée de l'église. Cimetière et église restaient cependant des lieux publics, voire un lieu d'asile, où vivants et morts se côtoyaient. [...]
[...] Il s'agit en réalité de dissimuler la mort afin que rien ne s'oppose au bonheur. On a cependant conservé aux Etats-Unis les rites plus traditionnels, qui ne répondent pas à l'idée selon laquelle la mort doit rapidement disparaître. La mort redevient même aujourd'hui une chose dont on parle. Conclusion Ariès résume ici son argumentation. Tout d'abord, l'observation d'une mort familière par laquelle le Destin de chaque individu se révèle. Puis on aperçoit dans les représentations iconographiques le sentiment de l'échec, souvent confondu avec la mortalité. [...]
[...] C'est au XIXe siècle que la mort devient l'innommable; aujourd'hui, nous nous sentons non mortels même si nous admettons techniquement que nous pouvons mourir, c'est pourquoi la mort est encore quelquefois une chose dont on ne parle pas. [...]
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