Dans cet ouvrage, Philippe Ariès tente de retracer la façon dont la mort a évolué dans les mentalités au cours du second millénaire : comment, pourquoi sommes-nous passés d'une mort familière à une mort « interdite » ?
Les sciences humaines ont longtemps été très discrètes sur la mort... Or, si la mort est aujourd'hui interdite dans les moeurs quotidiennes, elle se « banalise » pourtant quelque peu chez les intellectuels, en particulier les historiens, qui pendant bien longtemps n'ont envisagé la mort que sous son aspect démographique ; se penchant désormais sur l'attitude devant la mort, ils constatent ainsi qu'à plusieurs reprises, cette attitude a changé... Dès lors, le travail de l'historien consiste à essayer de restituer ces changements, tout en mettant en évidence les longues périodes d'immobilité (...)
[...] La mort, évacuée du domaine public, tend à s'effacer, à disparaître. Le mourant est comme privé de ses droits, n'a plus le droit de savoir qu'il va mourir Les principales causes de ce bouleversement tiendraient à la diminution des croyances religieuses, à l'importance nouvelle prise par la famille, à la médicalisation de la mort et à l'impératif d'être heureux Objectif et méthode de Philippe Ariès Ariès constate que les changements de l'attitude devant la mort sont très lents ou bien situés entre de longues périodes d'immobilité ; d'ailleurs, ces évolutions sont si lentes qu'elles sont passées inaperçues aux yeux des contemporains ! [...]
[...] Ainsi, l'historien s'intéresse à l'histoire des illusions, des choses imaginaires et inaperçues ; de fait, il doit parfois se faire psychanalyste, en quelque sorte : il n'étudie alors pas des faits réels, facilement repérables et mesurables, mais des fantasmes. Il explore alors le monde de l'imaginaire et arrive par conséquent aux frontières mêmes de la psychologie l'attitude devant la mort entretient d'ailleurs des liens étroits avec les variations de la conscience de soi et de l'autre, le sens de la destinée individuelle ou du destin collectif En outre, afin d'éviter des anachronismes de compréhension liés au choix d'une chronologie trop courte, l'auteur explore son sujet sur de très longues périodes : il travaille sur le millénaire Pour autant, l'historien ne prétend pas détenir la vérité en ce domaine : l'erreur est toujours possible, sinon inévitable. [...]
[...] Compte-rendu de lecture : Essais sur l'histoire de la mort en Occident, du Moyen-âge jusqu'à nos jours. Philippe Ariès Dans cet ouvrage, Philippe Ariès tente de retracer la façon dont la mort a évolué dans les mentalités au cours du second millénaire : comment, pourquoi sommes-nous passés d'une mort familière à une mort interdite ? Les sciences humaines ont longtemps été très discrètes sur la mort Or, si la mort est aujourd'hui interdite dans les mœurs quotidiennes, elle se banalise pourtant quelque peu chez les intellectuels, en particulier les historiens, qui pendant bien longtemps n'ont envisagé la mort que sous son aspect démographique ; se penchant désormais sur l'attitude devant la mort, ils constatent ainsi qu'à plusieurs reprises, cette attitude a changé Dès lors, le travail de l'historien consiste à essayer de restituer ces changements, tout en mettant en évidence les longues périodes d'immobilité . [...]
[...] La mort perd peu à peu sa familiarité pour devenir une rupture violente : en témoigne, par exemple, l‘alliance de la mort et de l'érotisme dans l'imaginaire (et pas seulement ) Notons bien, au passage, que ces modifications s'avèrent très progressives et subtiles. Le debout du 20e siècle se caractérise par la mort de toi : la mort de l'autre est plus difficilement acceptée ; l'idée de mort émeut. Au 20e siècle, on assiste à une véritable crise de la mort, à une brutale révolution des idées et des sentiments traditionnels : c'est l'époque de la mort interdite : honteuse, celle-ci devient un tabou et remplace le sexe comme principal interdit de la société. [...]
[...] Finalement, Ariès a entrepris, dans cet ouvrage, d'écrire l'histoire de ce qui semble ne pas en avoir, explorant les attitudes quotidiennes devant la mort, analysant tout d'abord les permanences, le fond d'immobilité puis les ruptures plus ou moins brutales Ainsi, ses essais éclairent l'évolution souterraine, cachée des relations que l'homme occidental a entretenues avec la mort, en balayant les siècles. [...]
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