Espagne et Europe - histoire contemporaine de l'Espagne
Diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Bordeaux (1995) et agrégé d'histoire (1997), Matthieu Trouvé est l'auteur d'une thèse sur la diplomatie espagnole face à l'Europe (1962-1986). Enjeux, stratégies et acteurs de l'adhésion de l'Espagne aux Communautés européennes, effectuée sous la direction de Sylvie Guillaume (Université de Bordeaux-3). Ses travaux portent sur la construction européenne, l'Espagne et l'Amérique latine au XXe siècle. Il est maître de conférences en histoire contemporaine à l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux depuis le 1er septembre 2008. Cet ouvrage est la publication de sa thèse, soutenue en 2004.
Le rapprochement entre l'Espagne et l'Europe est un vieux débat, que l'on peut faire remonter à la « génération de 1898 » qui, lasse de l'archaïsme et des faiblesses du système politique espagnol, démontrés encore une fois lors de la défaite écrasante face aux Etats-Unis à Cuba, proclame le besoin d'une « homologation » européenne capable de régénérer une Espagne trop longtemps décadente. Ce débat, qui rebondit de période en période sans aboutir, notamment suite à la guerre d'Espagne, peut expliquer le consensus au moment de ce rapprochement réel, qui commence dans le dernier tiers du XXe siècle. La démarche globale de l'auteur consiste, sur un long terme, à expliquer ce rapprochement, dont il démontre qu'il a commencé sous le franquisme, avec comme thèse que le politique commande tout, et que cet épisode a fortement servi les Espagnols à se définir eux-mêmes. Son approche chronologique commence en février 1962, date de la première approche sérieuse, jusqu'à janvier 1986 et l'entrée dans la CEE, avec une insistance toute particulière, étant donné les archives et les interviewées par l'auteur, sur les relations diplomatiques.
[...] Dès lors, des hauts fonctionnaires vont être associés à l'entreprise, ceux que l'on va appeler les Magnifiques dont Carlos Westendorp. Les dossiers n'avancent toujours pas, alors que le nouveau Président français, François Mitterrand, connaît mal l'Espagne (la première rencontre officielle avec González date de décembre 1983 Cependant, l'arrivée de Roland Dumas aux affaires européennes, en décembre 1983, donne un nouveau départ du côté français. Les Espagnols se montrent très déterminés, font de l'adhésion à la CEE une affaire d'Etat de même que le roi. [...]
[...] De son côté, l'opposition n'est pas vraiment unie, même au sein du régime (groupe Tàcito). Continuer l'intégration à l'Europe semble cependant une solution pour tous. La répression accélérée à la fin de l'année 1975 provoque cependant une rupture avec la CEE, et une suspension de l'accord de 1970. La deuxième partie porte sur la transition vers la démocratie (1975-1982). Juan Carlos est nommé roi à la mort de Franco, mais n'est cependant pas chef de gouvernement, poste laissé au fidèle Carlos Arias Navarro. [...]
[...] Tout se fait de la loi à la loi, sans heurts et de manière consensuelle. La victoire, lors des premières élections en 1977 (les premières depuis 1936), revient à l'UCD (Union du Centre Démocratique) de Leopoldo Calvo-Sotelo, qui vient d'être créé. L'élaboration de la nouvelle constitution peut alors commencer et est approuvé par référendum l'année suivante. En matière de politique étrangère, la France est très présente, et pose déjà des problèmes dans les secteurs sensibles que sont l'ETA et les fruits et légumes. [...]
[...] Son régime est au départ esseulé, refusé à l'ONU, et voit sa frontière avec la France fermée. Guerre froide oblige, cette situation ne dure pas, mais l'Espagne est éloignée d'entrée de l'aventure communautaire. Le pays assouplit sa politique économique, et abandonne l'autarcie en 1959, mettant en place un plan de stabilisation qui s'inspire beaucoup de celui engagé en France l'année précédente. Sous la houlette de ministres technocrates, dont Fernando Castiella mais aussi Alberto Ullastres ou Laureano López Rodó (ces deux derniers membres de l'Opus Dei), un certain libéralisme est accepté, bien qu'uniquement d'ordre économique (desarrollismo). [...]
[...] L'Italie n'est pas en reste, alors que la Grande-Bretagne soulève le problème de Gibraltar et critique la position de neutralité de l'Espagne au moment de la guerre des Malouines. L'Irlande, elle, a peur pour ses subventions. Dans le fond, seule la RFA soutient sans faille l'entrée des Espagnols. Le putsch manqué va relancer les discussions ; quant à l'entrée dans l'OTAN, le 30 mai 1982, elle ne se fait pas dans le consensus, mais les acteurs politiques espagnols se rendent compte qu'ils peuvent se servir de ce dossier comme levier dans les discussions avec la CEE. La troisième et dernière partie porte sur l'aboutissement des négociations (1982-1986). [...]
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