La réflexion de Nolte s'articule autour de l'hypothèse centrale selon laquelle Hitler a été profondément marqué par la crainte du communisme, et qu'il n'a fait que mettre en forme une émotion que nombreux de ses contemporains ressentaient. Ainsi, l'auteur a brisé le tabou qui interdisait la critique du communisme sous prétexte d'antifascisme historiographique, et permet une meilleure compréhension d'un phénomène majeur du XXe siècle : le totalitarisme. Cette conduite a provoqué une polémique, connue sous le nom de la 'querelle des historiens', dans laquelle les historiens allemands de gauche ou d'extrême gauche ont, de 1986 à 1988, prononcé l'invalidité des thèses de Nolte
[...] Selon la définition de Nolte, le fascisme est un antimarxisme qui vise à anéantir son ennemi en développant une idéologie radicalement opposée à la sienne, encore qu'elle en soit proche, et en appliquant des méthodes presque identiques aux siennes, non sans les avoir transformées d'une manière caractéristique, mais cela toujours dans le cadre inébranlable de l'auto-affirmation et de l'autonomie nationale Il fait de plus la distinction entre le fascisme radical que fut le nazisme et le fascisme normal de l'Italie. En donnant une telle définition au fascisme, Nolte le fige dans l'histoire, et le relègue à une période bien déterminée. [...]
[...] Nolte n'a pas cherché à tout expliquer, mais à mettre en avant un schéma de relations structurantes. Ce faisant, il met en lumière trois faits fondamentaux : le XXe siècle fut un siècle marqué par les émotions fondamentales, que celles-ci passent pas l'idéologie, la violence, ou, plus récemment, la recrudescence de la religion. Ce même siècle s'est construit autours de confrontations entre différents pôles et si l'un d'entre eux a tenté d'imposer une idée universaliste, ce n'était que dans le but de renforcer sa puissance. [...]
[...] De même, il indique que l'existence d'un nouvel Hitler n'est pas une probabilité pour le futur. . Permet d'envisager les enjeux du siècle achevé sous un autre angle La caractéristique principale de ces fascismes, celle qui leur donne leur caractère de nouveauté, tient au fait qu'un parti prennele contrôle de l'Etat et affirme la volonté d'une éradication de toute une classe du peuple. Le meurtre de masse fait son apparition avec un tel processus, en parallèle avec l'affirmation dans les pays démocratiques de procédés de plus en plus perfectionnés pour permettre à ces dernières de s'exprimer. [...]
[...] Cette influence se lit aussi dans sa démarche, et dans les moyens qu'il utilise pour la mettre en œuvre. En effet, il se réclame révisionniste, au sens où il remet en question des conceptions établies. On ne peut ici que penser à l'entendement que Nietzsche fait de la vérité : il n'y a pas de faits, que des interprétations et les convictions sont des ennemies de la vérité plus dangereuse que les mensonges Dans cette perspective, Nolte ne prétend pas répondre définitivement à la réflexion historique, mais questionner à la fois le passé et les hommes du présent. [...]
[...] Peu après la parution de cet article, Habermas affirme que le travail de deuil n'a pu avoir lieu en Allemagne depuis la guerre car jamais les Allemands n'ont admis leur culpabilité. Or, Nolte répond dans son livre : tout d'abord, il souligne la tendance fondamentale de son œuvre à l'antifascisme puis il met en avant l'idée que l'Allemagne suit un phénomène de culpabilisation excessif , l'autoglorification allemande de l'époque nationale socialiste étant simplement inversée Trois points principaux de l'œuvre de Nolte prêtent à débat : l'idée de reléguer le nazisme à un simple anti-marxisme, c'est à dire la notion de nœud causal ; la banalisation du passé allemand, la dénationalisation du nazisme ; le noyau rationnel pour expliquer l'antisémitisme d'Hitler. [...]
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