L'histoire culturelle émerge comme méthode historique mais suscite encore de nombreuses réticences. L'ouvrage de P. Poirrier sur les Enjeux de l'histoire culturelle tente donc de faire le point sur cette notion multiforme. Bien que ses propres centres de recherche (les politiques publiques de la culture) le rangent dans cette mouvance historiographique, il adopte une démarche objective qui se veut la plus exhaustive possible pour aborder les divers domaines de l'histoire culturelle. Et c'est toujours d'un ton neutre qu'il présente les différents débats qui ont secoué, ou secouent encore, la planète histoire. Débats qui ont cependant permis à l'histoire culturelle de se définir et d'affiner sa propre façon d'aborder les thèmes historiques. C'est aussi le sens du plan qu'il a adopté :
1) Généalogie de l'histoire culturelle : l'auteur cherche à restituer les modalités d'émergence de cette notion.
2) Etudes des « territoires » fondateurs
3) Etude transversale des enjeux de l'histoire culturelle et des liens qu'elle entretient avec d'autres disciplines (perspective plus stimulante pour les futurs historiens qui s'y intéressent).
[...] De plus, malgré un refus initial de la part des historiens de développer une philosophie de l'histoire, le dialogue avec les philosophes s'affermit et de nombreux débats voient le jour sur l'écriture de l'histoire et du récit (P. Veyne, M. de Certeau, P. Ricœur, La mémoire, l'histoire, l'oubli en 2000). Le concept de régime d'historicité compris en tant que rapport que toute société entretient avec son passé, à la façon dont elle le traite et en traite avant de (et pour) l'utiliser et constituer cette sorte de choses que nous appelons l'histoire a d'ailleurs tendance à se généraliser. [...]
[...] C'est le cas de Madeleine Rébérioux, d'Antoine Prost et son étude sur l'utilisation des monuments aux morts ou encore de Maurice Agulhon qui a fait un travail pionnier sur l'iconographie républicaine. Georges Duby reste une figure marquante de ces interrelations entre Art et société Pour lui, l'art est l'expression d'une organisation sociale, de la société dans son ensemble, de ses croyances, de l'image qu'elle se fait d'elle-même et du monde. En ce sens, tous les sujets réunis dans ce qu'on peut appeler l'histoire des arts peuvent être considérés comme des pratiques culturelles, liées à des enjeux sociaux et politiques, autant qu'esthétiques et artistiques et doivent donc être étudiés en tant que tels par l'histoire culturelle. [...]
[...] Mais cette tendance de l'histoire culturelle est peu acceptée chez les historiens, à l'exception de Pascal Ory et C. Bertho-Lavenir. L'histoire culturelle se nourrit de cette interdisciplinarité, mais celle-ci demeure, pour l'essentiel, une pratique individuelle que chaque historien adapte en fonction de ses appétences théoriques, de sa période de prédilection et de ses objets de recherche. Elle demeure également marginale au sein du cursus initial du futur historien La comparaison internationale Le comparatisme est un outil fondamental que l'histoire culturelle pourrait mobiliser à son avantage. [...]
[...] Soboul : une histoire conceptuelle du politique et une histoire des mentalités révolutionnaires. La première forme est essentiellement développée par F. Furet à partir de son livre Penser la Révolution française paru en 1978 qui invite à développer une histoire intellectuelle et politique de la Révolution. Il est accompagné dans sa démarche par Marcel Gauchet, Mona Ozouf et Denis Richet. La création de l'Institut Raymond Aron à l'EHESS en 1985 leur servira de support pour développer leurs approches et leurs concepts comme celui de culture politique En parallèle se met en place une histoire des mentalités révolutionnaires qui parle de révolution culturelle à étudier. [...]
[...] Prost, cette histoire est sociale et culturelle, indissociablement Il faut donc en conclure que l'histoire culturelle, loin de prendre une indépendance totale, doit au contraire rester en contact avec les questions sociales qui déterminent aussi les sociétés. Inversement, l'histoire sociale ne doit pas oublier d'incorporer dans ses recherches les aspects culturels qui sont le stade ultime de la réflexion historique. On peut ici citer le travail de JF Sirinelli sur Les Baby-boomers. Une génération 1945-1969 qui associant l'histoire sociale, culturelle et politique veut étudier une génération pour en tirer une histoire globalisante. [...]
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