L'auteur se propose d'étudier des pratiques qui sont au carrefour de la violence de guerre et d'une histoire des corps dans la guerre, partant du constat que les viols des femmes pendant le conflit de 14-18, après avoir été instrumentalisés à l'époque par la propagande de guerre, ont souffert jusqu'à une date très récente d'un refoulement dans la mémoire collective. En exhumant ces souvenirs enfouis qui sont nécessaires à la compréhension de ce que fut la “culture de guerre”, il stigmatise ce silence qui pèse sur « l'histoire de l'essentiel », pour reprendre les mots d'Alain Corbin, et cherche à comprendre les raisons de ce refus d'intégrer dans les pratiques commémoratives l'un des aspects les plus traumatisants de la violence de guerre exercée sur des civils. La question est de savoir si les viols commis au cours de la Grande Guerre ont une spécificité.
[...] Le tout dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains, 171, juillet 1993. Audoin-Rouzeau, sans réfuter pleinement ses collègues, souligne que le recrutement de l'armée allemande conduit à ce que la moitié des soldats vienne de la campagne ; il préfère en conséquence restreindre l'application de cette idée à une minorité des combattants allemands. Mais il admet que l'influence des gradés sur les autres peut jouer. Le terme, emprunté à l'historiographie anglo-saxonne, désigne ces petits noyaux d'hommes, entre 2 et 5 personnes, qui se sont formés dès le début de la guerre et qui recréent un lien social et de camaraderie indéfectible dans l'anonymat de la 1GM. [...]
[...] ) qui lui assureraient pratiquement la certitude d'une peine légère, sans pouvoir par-dessus le marché véritablement convaincre qu'elle a bien été violée. Elle campe obstinément sur le refus d' un enfant né d'un père boche donnant ainsi la preuve de la préméditation la plus absolue. La presse parisienne a beau s'emparer de l'affaire et se montrer favorable à la jeune femme, le président de la cour refuse de plier aux exigences de la propagande anti-allemande, et de remplacer le Droit par une “justice de circonstances” L'intérêt du procès (où, contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, la haine du boche semblait ne pas devoir l'emporter au tribunal), réside dans la plaidoirie provocante de l'avocat de Joséphine. [...]
[...] Un tournant dans la culture de guerre s'est opéré. Pour la France, ce tournant remonte sans doute à 1916. De 1914 à 1916, la culture de guerre reste moulée par le système de représentations cristallisé à l'été 1914 (guerre de la Civilisation, renforcée par le messianisme républicain et catholique qui attribuent tous deux une mission à la France.) Après 1916, il y a une fragilisation (mais pas une disparition) du cadre culturel : la micro-histoire, comme le cas de J. [...]
[...] Le même processus d'occultation de la réalité du viol se retrouve dans les récits de fiction, Louis Dumur faisant exception. En fait, le mot même de viol est rarement prononcé. L'iconographie participe du mouvement : on ne fait que suggérer . Pourquoi cette gêne ? On a avancé le souci de décence (ce que réfute Mosse). Cette gêne devant des viols suscitant à la fois l'embarras et la fascination trouve son origine, selon Audoin-Rouzeau dans la gravité du traumatisme infligé à la société française en guerre. Du traumatisme de ses hommes. [...]
[...] La Société de médecine légale aussi : la légalisation de l'avortement pour les femmes violées risque d'ouvrir la voie à la légalisation tout court. Beaucoup font partie de sociétés populationnistes dont ils influencent la ligne. Mais le corps médical est très divisé (cf. infra) Points communs, sans qu'ils en aient forcément conscience, entre tous ces “modérés” : entre l'hérédité paternelle et l'hérédité maternelle, ils font confiance à l'hérédité maternelle. Et entre l'hérédité et le milieu, ils font confiance au milieu. [...]
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