Elizabeth Wiskemann : l'Axe Rome-Berlin, Histoire des relations entre Hitler et Mussolini (1934-1945)

Résumé du document

Dans cet ouvrage, l'auteur part du constat de l'opposition séculaire entre le monde germanique et l'Italie, qui prend des formes diverses depuis les invasions barbares de l'Antiquité pour se cristalliser finalement dans les années 1930 autour de la question autrichienne. Les six premiers chapitres, sur lesquels j'ai choisi de concentrer mon analyse, montrent la grande difficulté du début des relations entre Hitler et Mussolini, entre 1933 et 1938 ; cette relation est complexe et pleine de paradoxes, elle combine des intérêts nationaux antagonistes, surtout à cause de l'Autriche, véritable pomme de discorde entre les deux pays, et des facteurs humains qui tendent à rapprocher les deux dictateurs l'un de l'autre, comme des similarités dans leur personnalité qui suscitent en eux une admiration réciproque, et une formation intellectuelle semblable, autodidacte et très influencée par Nietzsche, qui explique les affinités dans leur conception des relations internationales. Après une série de crises qui ébranlent violemment les relations entre les deux pays, le règlement de la question autrichienne en faveur de Hitler en 1938 scelle définitivement l'Axe, mais préfigure déjà la nature de la relation Rome-Berlin, très déséquilibrée en faveur de l'Allemagne, et joue un rôle déclencheur dans l'engrenage qui conduit à la guerre.

Extraits

[...] Nous avons là un récit direct, cohérent de ce qui est arrivé et comment c'est arrivé. (New York Herald Tribune) Comme ouvrage d'histoire diplomatique, il y a peu de chances qu'il soit surpassé. [...]

[...] Par la suite, la lutte entre les Empereurs germaniques, qui tentent de constituer une unité entre Allemagne et Italie, et les Italiens soutenus par la Papauté, ou encore directement entre les Empereurs et les Papes, s'inscrit dans la continuité de cet antagonisme. Malgré l'alliance de circonstance entre nationalistes allemands et italiens contre les Habsbourg au XIXe siècle, qui aboutit à l'unification des deux pays, ceux-ci ne se rapprochent pas réellement : la triplice qui les allie à l'Autriche-Hongrie ne survit pas au déclenchement de la 1ère guerre mondiale : lorsque celle- ci éclate, l'Italie se déclare neutre puis s'engage du côté de l'Entente. [...]

[...] L'Italie perd peu à peu contrôle de l'Autriche, tout d'abord par l'accord austro-allemand du 11 Juillet, qui représente un premier pas vers l'Anschluss et qui vise à empêcher Schuschnigg de consulter Mussolini en cas de crise ; en compensation, l'Allemagne reconnaît l'empire éthiopien, et un accord italo- allemand est signé à Berchtesgaden, que Mussolini désigne comme la naissance de l'Axe. Le même schéma se reproduit quand les nazis autrichiens poussent Schuschnigg à signer un nouvel accord qui prévoit une consultation préventive austro-allemande pour les questions de politique extérieure, et en consolation pour l'Italie le Japon, nouvel allié de l'Allemagne, reconnaît l'Empire éthiopien. [...]

[...] C'est dans ce contexte que deux hommes, Hitler et Mussolini, mettent au point l'un le nazisme et l'autre le fascisme, deux idéologies qui présentent un bon nombre de similitudes. Les deux hommes ont lu des auteurs comme Nietzsche avec sa théorie du surhomme, et Sorel avec ses Réflexions sur la violence. Ils sont tous deux marqués par la guerre et bénéficient du mécontentement du lendemain de la guerre, lié aux frustrations nationalistes et à la crise économique du début des années 20. [...]

[...] Ces éléments sont très représentatifs de ce que sera l'Axe, une alliance déséquilibrée et contre-nature, une alliance des dictateurs et non des peuples. L'auteur a reçu des critiques très élogieuses à l'époque de la publication de cet ouvrage, qui semblent affirmer qu'elle est la première à avoir écrit une histoire de l'Axe : Le moment était venu d'un semblable ouvrage : de si nombreux documents officiels ont vu le jour à Nuremberg et ailleurs, de si nombreux journaux, lettres et mémoires d'importants acteurs du drame ont été publiés ces quatre dernières années, qu'une étude intelligente de tous ces matériaux dans leurs corrélations critiques et historiques s'imposait. [...]