Le livre de Edward Luttwak, the « Logic of War and Peace » ou « le paradoxe de la stratégie » paraît en 1987 aux Etats-Unis et marque le désir de l'auteur de restaurer une « véritable stratégie ». Edward Luttwak entre dans le champ stratégique avec l'arrivée de Ronald Reagan à la Maison Blanche en 1981. On le qualifie alors de "restaurateur" de la pensée stratégique. Considéré comme l'un des stratèges majeurs de notre temps, Edward Luttwak a travaillé au centre d'études stratégiques de Washington. Il est l'auteur de nombreux livres sur les aspects historiques et théoriques de la stratégie dont « Coup d'Etat », « The grand strategy of the roman empire » et « The grand strategy of the soviet union ».
« Le paradoxe de la stratégie » constitue le cadre général de sa réflexion dans le domaine et en décrit les éléments permanents. Résumé du livre : Tout à la guerre est antinomie. Dans le domaine technologique, le mieux est souvent l'ennemi du bien. L'efficacité stratégique contredit souvent la logique économique. La guerre est donc faite de paradoxes et n'obéit pas à une logique linéaire. Cette logique particulière connaît diverses phases : « action-culmination-déclin-renversement ». L'arme nucléaire, par exemple, du fait de son excès de puissance, a atteint très rapidement son point culminant d'efficacité et entame depuis son "déclin ".
L'auteur va illustrer ces paradoxes au travers de nombreux exemples historiques et notamment de la défense de l'Europe occidentale face à l'armée soviétique en décrivant les deux dimensions de la stratégie :
La dimension verticale d'une part, qui se décompose elle-même en 5 niveaux qui sont : le niveau technique, le niveau tactique, le niveau opérationnel, la stratégie du théâtre de la guerre et enfin la grande stratégie. Ces strates forment la hiérarchie de la stratégie.
La dimension horizontale d'autre part, est celle "de la logique dynamique qui déploie ses effets, concurremment, à chacun des niveaux ".
Après avoir développé la logique paradoxale de la stratégie au travers de ces cinq niveaux dans une première et deuxième parties, l'auteur intègre la dimension horizontale dans sa réflexion et souligne les difficultés de la « grande stratégie » dans une troisième et dernière partie.
[...] Luttwak note en effet, chez les partisans de l'attaque en profondeur, une croyance absolue dans le progrès pour gommer le paradoxe de la stratégie. L'exemple récent de la guerre de Yougoslavie montre pourtant la persistance du paradoxe avec l'utilisation de tanks en carton pour mettre en échec des missiles sophistiqués. Il existe une dissymétrie notable entre les systèmes d'attaques en profondeur très sophistiqués et les contre-mesures beaucoup plus basiques employées. Les classiques enseignaient déjà que l'attaque demeure dans l'incertitude, alors que les défenseurs disposent d'une meilleure connaissance et maîtrise de l'information. [...]
[...] Il est un manuel du plus grand intérêt pour une initiation à la stratégie. Bref extrait de bibliographie Consultant du pentagone, l'auteur est un éminent spécialiste de stratégie et travaille au centre D'études stratégiques de Washington. [...]
[...] Par ailleurs, l'innovation ne constitue pas à elle seule une révolution stratégique. Elle doit être comprise et mise en œuvre par les chefs militaires et s'insérer dans des choix tactiques, opérationnels ou stratégiques. L'exemple fameux de la mitrailleuse utilisée dans l'artillerie et non dans l'infanterie par la France en 1870 illustre bien les limites d'une innovation majeure privée d'un concept d'emploi adapté. Le deuxième niveau abordé par Luttwak est celui de la tactique lieu l'affrontement d'unités entières A ce niveau, le terrain est déterminant pour le succès ou l'échec de l'opération. [...]
[...] Mais l'absence de solution politique ou de diplomatie adaptée ne permit pas de capitaliser ces victoires. Cette inharmonie, si elle a autorisé des succès de circonstance, a conduit inévitablement à l'échec : "Faire la guerre sans talent politique ne peut manquer de conduire à l'échec, mais le talent politique ne peut pas toujours se passer d'une guerre pour parvenir au succès Conclusion et avis personnel : Edward Luttwak signe ici une sorte de manuel en négatif à destination du politique et du militaire. [...]
[...] I La stratégie : sa logique paradoxale et ses cinq niveaux La logique paradoxale Le paradoxe de la stratégie consiste en une intervention des contraires. Ainsi, la guerre mène à la paix, quand elle permet la victoire totale d'un camp sur l'autre. Symétriquement, la paix mène à la guerre. De la même manière, entre deux chemins, l'un direct et l'autre détourné, il est souvent plus efficace de prendre le chemin détourné, même avec des risques de frictions organisationnelles aggravés afin de créer un effet de surprise chez l'adversaire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture