« Une histoire sans les femmes est-elle possible ? » : voici comment Françoise Thébaud achève la conclusion de la première édition de son ouvrage : Ecrire l'histoire des femmes. Cette formule provocante - mais audacieuse – rappelle au lecteur que l'auteure, après avoir démontré sa scientificité historique, demeure une femme militante. Etudiante dans les années 1970, elle fut séduite par ce nouveau champ de recherches qui s'ouvrait à elle. Partant du postulat que les femmes sont largement exclues de l'histoire, il fallait leur donner une voix et comprendre la domination du masculin sur le féminin : les premières recherches en histoire des femmes s'inscrivent clairement dans les revendications sexuelles des années 1970.
C'est pour cela que nous allons nous demander en quoi le parcours intellectuel de Françoise Thébaud est révélateur de l'évolution de l'histoire des femmes et du genre en France. C'est un parcours chronologique qui nous guidera dans cette analyse : de l'émergence de la discipline et de sa concentration sur le travail féminin, à l'intérêt porté sur le corps des femmes, jusqu'au nouveau prisme du genre. La dernière partie sera consacrée à son intense activité de promotion de ce domaine de recherches.
[...] Pour Françoise Thébaud, la Grande Guerre apparaît comme profondément conservatrice dans la mesure où elle a bien peu modifié les rapports entre les sexes. Cela montre clairement que l'histoire des femmes n'est pas un isolat intellectuel, mais qu'elle est au cœur des interrogations historiographiques contemporaines ; Françoise Thébaud en est l'une des plus ferventes promotrices. IV- Un rôle actif dans la promotion de l'histoire des femmes L'histoire des femmes au fil des ans, des colloques et des ouvrages publiés, acquis une certaine reconnaissance intellectuelle. [...]
[...] Sa direction du volume XXe siècle de la collection Histoire des femmes (1992, réédition en 2002) , qui est une tentative de synthèse des travaux en histoire des femmes, est une autre pierre qui favorise sa légitimation. Il lui paraît nécessaire de revendiquer l'autonomie de ce champ intellectuel par rapport au mouvement social. Son but étant de proposer une manière de faire qui respecte les règles de travail de l'historien. Elle est actuellement présidente de l'association Mnemosyne qui œuvre pour le développement de l'histoire des femmes et du genre, en dépassant les clivages périodiques de l'histoire elle rassemble les historiens qui veulent promouvoir une approche sexuée de l'histoire. [...]
[...] Elle s'intéresse tout autant au mouvement des femmes qu'aux questions sociales. L'histoire des femmes prend comme premier et principal objet la question du travail des femmes et des rapports entre le travail des femmes et le mouvement ouvrier. Avec deux amies - Mathilde Dubesset et Catherine Vincent- Françoise Thébaud travaille sur les ouvrières des usines de guerre pendant la Première Guerre mondiale, sous la direction d'une pionnière : Michelle Perrot. Elles travaillèrent en ayant le sentiment de militer à la fois, en ayant la ferme intention de rendre visible ce qui ne l'était pas. [...]
[...] Elle a également utilisé des écrits de femmes, tels que la correspondance, qui éclairent sur la vie privée. Progressivement, suivant l'historiographie du moment, elle s'est un peu détachée de l'enveloppe corporelle des femmes pour s'intéresser à leur condition dans la société. III- Un œil différent sur les évènements du passé : l'œil du gender Depuis la fin des années 1980, sous la poussée de l'historiographie anglo- saxonne, l'histoire des femmes tend à se focaliser sur le genre, une notion culturelle qui évacuerait la question du sexe biologique ».Le genre est en quelque sorte le sexe social, variable dans le temps et l'espace, ouvrant la porte à une histoire des rapports de sexe. [...]
[...] Jusqu'en 2007, elle fut professeure d'histoire contemporaine à l'université d'Avignon. Elle continue ses recherches en histoire des femmes en publiant par exemple en 2008, l'ouvrage : Histoire orale, Histoire des femmes, Mémoire des femmes ; ouvrage qui s'inscrit dans la lignée historiographique de ses travaux antérieurs. Elle tire doucement sa révérence, au profit d'une nouvelle génération d'historiens. Car, comme elle l'a bien écrit en 2000 dans Regards croisés sur l'œuvre : Femme et féodalité de Georges Duby: L'histoire des femmes continue Plan L'histoire des femmes : un nouvel objet d'études Contexte d'émergence des études historiques sur les femmes Une femme active, au cœur du mouvement II- Une histoire au féminin Une histoire centrée sur le corps des femmes Femmes emmurées, comment vous rejoindre ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture