Zeev Sternhell, né en 1935 est un historien (des Idées) israélien. Il occupe actuellement la chaire de science politique de l'université hébraïque de Jérusalem. Ancien élève de Sciences-po, il soutint sa thèse, encadré par Jean Touchard, sur Maurice Barrès et le nationalisme français.
Sternhell s'intéresse principalement à deux sujets. Le conflit israélo-arabe tout d'abord ou, plus précisément, la naissance d'Israël ainsi que le " nationalisme juif " : Aux origines d'Israël. Entre nationalisme et socialisme(1996). L'idéologie fasciste en France, ensuite (naissance, épanouissement et accomplissement) sujet développé dans ces trois ouvrages : Maurice Barrès et le nationalisme français (1972), La droite révolutionnaire, 1885-1914 (1978), Ni droite ni gauche (1983).
L'ouvrage étudié ici est le résultat des recherches de l'auteur. Il s'inscrit dans la continuité du premier livre consacré à Barrès.
Lorsque La droite révolutionnaire paraît, le titre de cet ouvrage frappe les esprits car la droite ne pouvait être à l'époque, suivant les écrits de René Rémond, que libérale (orléaniste) bonapartiste ou conservatrice (légitimiste) mais non révolutionnaire. Le contenu de l'ouvrage suscita aussi des réactions et des controverses car Sternhell présente cette droite révolutionnaire comme la " matrice " du fascisme français de l'entre-deux-guerres.
Dans quelle mesure l'approche spécifique de Sternhell, sa méthode d'analyse permet-elle une meilleure lecture des mouvements nationalistes français du tournant du XXe siècle ?
Dans quelle mesure l'interprétation faite dans cet ouvrage du nationalisme français du début du siècle permet-elle une meilleure compréhension des mouvements fascistes* français de l'entre-deux-guerres ?
L'ouvrage est dans une première partie synthétisé. Nous analyserons ensuite la méthode d'analyse utilisée par l'auteur et la thèse sur le fascisme français qu'il fait apparaître. Je ferai part, ensuite, des critiques que les historiens français lui ont adressées.
[...] Reconstituée, la ligue se fixe pour objectif la conquête de Paris, au détriment de la province. Durant le mois de février 1899, Déroulède prépare, avec le concours des autres éléments nationalistes et antisémites, un coup d'Etat. Il en appelle alors à " une révolution populaire soutenue par l'armée Cette tentative échoue et l'arrestation des chefs brise l'élan nationaliste. L'agitation nationaliste cesse d'être un danger en août 1899. Contre ces velléités révolutionnaires s'était constitué un front commun de la bourgeoisie libérale et du prolétariat, de la gauche marxiste et marxisante et du centre libéral. [...]
[...] Or, l'unique bénéficiaire de la victoire républicaine est, aux yeux du prolétariat, la bourgeoisie. D'autre part, le refus par la bourgeoisie d'une entente avec le mouvement ouvrier a pour conséquence la radicalisation d'une de ses franges. En effet, un grand nombre de militants ouvriers se tourne alors vers le syndicalisme révolutionnaire et la " guerre idéologique à outrance Enfin, le socialisme est fortement décrié, car il est devenu un parti parlementaire comme les autres. Le prolétariat cerne alors le " danger " de la démocratie : non seulement ne modifie-t-elle pas les rapports de classe, mais en plus elle tend à transformer et annihiler les éléments révolutionnaires du socialisme français. [...]
[...] Lanoir, " Discours au premier banquet des Jaunes L'Union ouvrière, 1902). Finalement, le terme de socialisme dont le mouvement se réclame est en désaccord avec l'objectif fondamental de celui- ci. Ainsi, en 1904, Biétry répudie définitivement le socialisme. D'autre part, les Jaunes passent, aux yeux de leurs ennemis, pour les agents du patronat. Ils sont en effet systématiquement hostiles à la grève, s'opposent à la loi de réduction du temps de travail et ne sont pas farouchement favorables à l'instauration du repos hebdomadaire. [...]
[...] Une droite prolétarienne : les Jaunes Le premier syndicat jaune est fondé en novembre 1899 à Montceau-les-Mines par un petit groupe de mineurs qui refusent de participer aux mouvements de grève. Le syndicalisme jaune prend une ampleur nationale à partir de 1901 avec la création de l' " Union fédérative des syndicats et groupements ouvriers professionnels de France et des colonies " qui se veut l'organisation nationale des jaunes. Elle est dirigée par Paul Lanoir. Les nombreux syndicats qui ont une aversion pour " la forme de défense prolétarienne que représente alors la grève " adhèrent à cette union fédérative. [...]
[...] Elle est populaire, boudée par la grande bourgeoisie de l'ouest de Paris et de la rive gauche. Elle connaît durant un temps des difficultés financières, mais en 1898, l'état-major du Duc d'Orléans accepte de voler au secours de la Ligue en la subventionnant. L'objectif implicite était alors de ramener le prolétariat à la " maison de France Ce nouveau financement lui permet une grande activité. En juin 1898, un indicateur infiltré dans la Ligue écrit : " l'agitation et la violence, voilà le programme de Guérin, ratifié d'ailleurs par les ligueurs présents Le rôle joué par la Ligue dans les émeutes de 1898- 1899 fut assez important. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture