Dans son introduction, Antoine Prost note le désintérêt des historiens et notamment des historiens français pour une mise à distance par rapport à leur sujet d'étude : l'histoire. Certains y voient un respect du partage des tâches, pour d'autres, il ne s'agit ni plus ni moins d'un manque de recul. Cette attitude déplorable a pour conséquence que les ouvrages traitant d'une réflexion méthodologique sur l'histoire sont presque tous étrangers. Cela reflète à la fois une modestie superflue étant donné qu'une réflexion sur leur discipline octroierait aux historiens le rôle de chef d'école, de tenant d'une doctrine alors que son enjeu est tout autre et également une crainte du jugement de l'historien par ses pairs alors qu'il existe justement par leur approbation et celle de la société. Les Douze leçons sur l'histoire tendent à combler en partie cette lacune des ouvrages français sous la forme d'un cours que l'auteur a donné à des étudiants en histoire et qu'il a synthétisé pour les besoins de l'édition en douze leçons.
[...] Langlois et Seignobos utilisent une méthode critique qu'ils n'appliquent qu'aux faits construits à partir de documents écrits, et en particulier de textes d'archives. Mais il faut déjà être historien pour procéder à cette critique puisqu'il s'agit de confronter le document en question avec ce que l'on sait déjà concernant le sujet dont il traite, le lieu et le moment qu'il concerne. La critique est divisée en deux parties : - La critique externe qui porte sur les caractères matériels du document visant par exemple à déterminer un vrai document d'un faux. [...]
[...] En étudiant la situation à la fois du côté des chefs nazis et de ceux qui subissaient leur dictature, on sait de quel côté l'historien, qui est avant tout un être humain, sera tenté de pencher. - Le problème de la légitimité de la transposition. Le professionnel ne peut jamais être totalement sûr d'avoir réussi à comprendre totalement ce qu'il étudie. La distance temporelle est un obstacle considérable. C'est pourquoi L. Febvre met en garde contre l' anachronisme psychologique Leçon 8 : Imagination et imputation causale Malgré la rigueur de la démarche historique que l'on a déjà évoquée, l'imagination tient une place essentielle. C'est effectivement le seul moyen de se transposer dans le passé. [...]
[...] D'après Antoine Prost, on ne comprend bien que de l'intérieur. H.-I. Marrou parle même d' amitié entre l'historien et les hommes sous- jacents à son objet d'étude. Ce qui montre que bien qu'objectif et véridique le travail historique n'en est pas moins sensible, humaniste. L'affectivité inhérente à cette pratique pose trois problèmes. - Le problème des limites morales de la compréhension historique. L'historien doit prendre garde à ne pas excuser en tentant d'expliquer. La morale intervient dans des faits extrêmes comme le nazisme : comment s'identifier un tant soit peu à un homme tel qu'Hitler ? [...]
[...] Cela pose question quant à la véracité de son explication mais peut-il en être autrement ? Leçon 9 : Le modèle sociologique Pour les sociologues positivistes tels que Simiand, l'histoire pour être érigée au rang de science doit se donner des objets et élargir son étude des faits particuliers au général. Seulement, généraliser, c'est aussi abstraire, or l'histoire s'intéresse avant tout au concret. Il faudrait, selon Simiand, construire des faits sociaux ou politiques abstraits. C'est ce que fait Durkheim en posant le suicide, originellement acte on ne peut plus individuel, en fait social. [...]
[...] Decaux résume ainsi la situation : L'histoire de notre pays est mal enseignée ou pas du tout. Leçon 2 : La profession historienne La profession historienne est l'activité menée par un groupe de personnes qui se disent historiens avec l'accord de leurs collègues et du public. Groupe diversifié (professeurs, chercheurs) mais unifié par une formation commune, la conscience de l'importance de l'histoire et des normes concernant l'histoire à faire ou à ne pas faire. Avant les années 1880, l'histoire était l'affaire des professeurs de lettres, d'amateurs mais pas d'une collectivité organisée telle qu'elle apparaît à la fin du XIXème siècle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture