Bien qu'une multitude d'historiens aient déjà écrit sur la première guerre mondiale, l'approche de Vincent Fauque est inédite : il a en effet choisi d'analyser l'effet de la Grande Guerre sur le plan moral et esthétique, et de la considérer comment l'évènement ayant institué la modernité culturelle dans les sociétés qui ont été les plus impliquées _ Allemagne, France et Grande-Bretagne. Selon lui, la Grande Guerre a entraîné la dissolution des valeurs constitutives de ces sociétés, et a de ce fait permis d'ouvrir une nouvelle phase de la modernité culturelle. Cette thèse le conduit à une analyse qui lui permet d'appréhender le phénomène de modernité, celui de guerre totale, tout en étudiant différents courants artistiques.
[...] Dans un premier temps, les impressionnistes imposent une nouvelle vision du monde, beaucoup moins statique et qui privilégie l'expression libre des émotions sur la représentation de la réalité, rapprochant l'art de la vie _ une constante de la modernité artistique. Dans leur continuité, les néo-impressionnistes s'attachent à la quête de la réalité fondamentale tandis que les post-impressionnistes, Van Gogh et Gauguin, affirment la primauté de l'imaginaire. Le symbolisme se rapproche encore davantage de la modernité en diffusant une critique globale de la civilisation, et en cherchant à rompre avec elle dans leur quête d'un univers perdu ; c'est aussi un courant anti-réaliste. Enfin, Cézanne est le premier à déconstruire la réalité pour édifier une nouvelle structure perceptive. [...]
[...] En dernier lieu, malgré ses carences, cet ouvrage pourrait être un bon complément de celui de George Mosse, La brutalisation des sociétés européennes : dans des domaines différents, les deux livres essaient de saisir l'impact de la Première Guerre mondiale sur les sociétés occidentales. Bien que très différentes, relier ces deux analyses semble donc intéressant. F. [...]
[...] Cet ouvrage ne manque donc pas de qualités, d'autant plus que l'auteur énonce clairement sa thèse et ne manque pas de connaissances pour l'étayer. Dans l'optique d'un mémoire portant sur l'impact de la guerre sur la peinture, il apporte même des éléments extrêmement précieux, notamment par son analyse du dadaïsme, du surréalisme et de la nouvelle objectivité. Néanmoins, si cet ouvrage n'a pas eu beaucoup de retentissement, c'est sans doute aussi parce qu'il est loin d'être exempt de défauts. D'un point de vue pratique, il aurait été intéressant d'inclure des éléments iconographiques, qui auraient explicité l'analyse de la modernité artistique. [...]
[...] "La dissolution d'un monde : la Grande Guerre et l'instauration de la modernité culturelle en Occident" de Vincent Fauque L'auteur Vincent Fauque est un universitaire québécois, docteur en science politique de l'Université du Québec à Montréal. Enseignant les relations internationales, notamment à l'Université Laval, au Québec, c'est en raison de sa fascination pour la guerre qu'il a décidé de s'attacher au phénomène de la Grande Guerre, lui qui se dit Européen de culture Il a d'abord rédigé un mémoire, Le rôle de la Grande Guerre, en 2001, qui a débouché sur l'essai qui fait l'objet de cette fiche, La dissolution d'un monde : la Grande Guerre et l'instauration de la modernité culturelle en Occident. [...]
[...] Surtout, le problème de son ouvrage est que la Grande Guerre n'émerge pas comme la rupture qu'elle prétend être ; on a plutôt l'impression d'un processus lent, diffus, et que la Grande Guerre ne fait que consacrer. La rupture semble plutôt se situer au milieu du XIXe siècle, avec cette chute progressive des valeurs morales antérieures. Or, tout le raisonnement de l'auteur est alors remis en cause ; et si on peut admettre que la Grande Guerre a bien fait émerger des courants artistiques comme le dadaïsme ou le surréalisme, ce n'est pas pour autant que c'est elle qui a instauré un nouvel ordre. [...]
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