Dissertation d'histoire sur le livre de Primo Levi, Si c'est un homme, dans lequel l'univers de la Shoah et du système des camps de concentration sont décrits. Pourquoi peut-on qualifier cette oeuvre comme emblématique de cette période ? En quoi Primo Levi détaille-t-il avec précision l'indicible ?
[...] - Le Lager, c'est la faim : nous-mêmes, nous sommes la faim, la faim incarnée (p. 79). Ainsi, ne pas mourir de faim devient la première occupation des déportés, et ainsi, c'est tout un commerce d'échange qui se met en place, commerce dans lequel la seule monnaie d'échange est le pain. Le vol de vêtements, de fil de fer, de tout ce qui pourrait s'avérer utile dans de telles conditions, devient courant : c'est la base de ce système boursier concentrationnaire, où le prix de la soupe était stable, mais le cours du navet est variable : Primo Levi nous l'explique dans le chapitre en parlant de la règle de vie des camps : [ . [...]
[...] ] confondus en une même substance, un amalgame angoissant dans lequel nous nous sentons englués, étouffés (p. 67) _ enfin, ils sont aussi considérés comme des morts-vivants : Morts à nous- mêmes avant de mourir à la vie, anonymement (p. 59) Une file d'ombre (p. 48) des spectres affamés ou des automates des pantins misérables et sordides et même les SS ont inventé la choré-graphie de la danse des morts (p.54). L'animalisation et la chosification sont les figures récurrentes pour nommer l'innommable : pour-tant, c'était vraiment des hommes. [...]
[...] Il raconte de la page 13 à la page 20 les 15 jours de son long voyage en train, de sa triste déportation : en effet, les conditions de la déportation en train sont des plus bestiales et précaires : la promiscuité dans les wagons est dérangeante, la faim de tous les déportés & la soif pesante comme une épée de Damoclès se conjuguent pour créer des conditions abominables dans lesquelles ces déportés ont vécu durant leur déportation de Fossoli (Italie) à Auschwitz (Pologne). Le trajet en train contient donc un lot d'atroces souffrances et d'humiliations : La soif et le froid nous faisaient souffrir : à chaque arrêt, nous demandions de l'eau à grands cris, ou au moins une poignée de neige, mais notre appel fut rarement entendu ; les soldats de l'escorte éloignaient quiconque tentait de s'approcher du convoi. Deux jeunes mères qui avaient un enfant au sein gémissaient jour et nuit, implorant de l'eau. [...]
[...] Sinon, rien de très probant ne nous est communiqué dans son œuvre et à travers son écriture. Mais cette absence de données sur le monde extérieur et sur la progression de la politique hitlérienne est tout à fait révélatrice de ce que vivaient les déportés : ils étaient coupés du monde, ils vivaient hors du monde, occupés à survivre au jour le jour dans un lieu hors du monde dont les barbelés matérialisaient ce retranchement hors du temps. Aussi, pour mieux comprendre ce qui s'est passé et ce qui se passait, c'est un livre d'histoire qu'il faut interroger. [...]
[...] Pour pouvoir manger leur soupe, il leur faut une cuillère, or on ne donne pas de cuillère, donc il faut troquer quelque chose afin d'en obtenir. L'occasion, rarissime, de se nourrir se fait même dans l'humiliation, dans la comparaison entre l'homme et l'animal : Notre façon de manger, debout, goulûment, en nous brûlant la bouche et la gorge, sans prendre le temps de respirer, c'est bien celle des animaux (p. 81) Nous pouvons ajouter aussi l'idée de l'hygiène défaillante et insalubre : en effet, la promiscuité interdit le respect de n'importe quelle intimité et le premier contact que les déportés ont eu avec le Lager, c'est l'épreuve humiliante de se retrouver nu devant les autres. [...]
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