La colonisation est un fait essentiel dans l'histoire des relations internationales aussi loin que remonte la découverte du nouveau monde au 15ème siècle. De tout temps elle a été un phénomène structurant pour les uns, déstructurant pour les autres : dans un cas elle a permis de construire des réseaux de types économiques, culturels, d'influence politique et idéologique. Structurante donc, pour la puissance dominante qui par le biais de la conquête géographique élargit sa sphère d'influence sur un territoire inconnu, contribuant de la sorte a prendre de l'envergure par rapport aux autres puissances. Déstructurante, évidemment, pour l'entité géographique, institutionnelle, culturelle qui voit désormais son destin lié a celui d'une métropole, à la dialectique du maître et de l'esclave. Déstructurante encore, par la soumission à un ordre nouveau qu'il soit de nature administrative, institutionnelle ou même politique : ceux qui sont considérés comme des barbares par les tenants de l'occident voient leurs coutumes, systèmes traditionnels et générationnels confrontés aux systèmes dits « modernes » importés des pays d'Europe. Peu importe que ces apports européens désorganisent la société en question, comme peut s'observer dans les pays d'Afrique, peu importe que l'essence même d'une société soit diluée dans des principes inadéquats, la mission civilisatrice dont se galvanisent les puissances colonisatrices et la recherche du progrès, justifient le fait colonial.
[...] De façon générale, très peu de pouvoirs sont laissés aux institutions locales et les populations des colonies ne bénéficient pas des mêmes droits que les colons. Dans les protectorats, la France bafouait littéralement l'état de droit en exerçant une domination sans annexion Somme toute, l'organisation coloniale présentait certaines incohérences : un exemple probant serait celui de la création d'une Union Indochinoise composée d'une colonie (la Cochinchine) et de deux protectorats (empire d'Annam et royaume du Cambodge). Un autre exemple : dans l'Afrique du nord, le senatus consulte de 1865 accordait le statut de citoyen français aux musulmans sans pour autant leur laisser le droit de vote ou celui de travailler dans hauts postes de l'administration. [...]
[...] Les oppositions des partis socialistes et communistes sont aussi évoquées pour expliquer le processus. Celles-ci demeurent toutefois ambiguës : au début, c'est le colonialisme en tant qu'instrument du capitalisme qui est dénoncé. Dans le cas français par exemple, l'auteur choisit de citer Paul Louis, qui montre que l'on ne condamne pas l'expansionnisme en lui même mais le fait que le profit dégagé de l'exploitation des colonies ne revienne qu'aux capitalistes. Ce n'est que plus tard que le principe du droit des peuples à disposer d'eux même sera pris en compte dans le rejet des formes de colonialisme. [...]
[...] L'étude comparative nous amènera, en ouverture, a nous poser la question suivante : peut on parler de décolonisation réussie ? A-t-on déjà vraiment vécu l'achèvement total de la décolonisation ? II Les experiences observees peuvent elles nous permettre de parler de decolonisation reussie ? A. L'attitude des puissances européennes face à la décolonisation après la seconde guerre mondiale A deux conceptions idéologiques différentes, deux réponses différentes. Les pouvoirs politiques français et britannique vont gérer de façon très différente le destin de leur empire. [...]
[...] On a d'ailleurs coutume de les comparer disant que la décolonisation britannique est réussie alors que la française est un cuisant échec. L'empire britannique est le plus grand de tous et sa politique est fondée sur la mise en place d'institutions permettant l'évolution progressive vers l'indépendance. Elle repose aussi surtout sur l'idée de profit économique, d'où la création du Commonwealth, permettant de conserver des relations favorables au maintien de la domination britannique. Depuis l'évocation du statut de Westminster en 1931, on tend vers la self détermination et certaines colonies sont considérées comme des états indépendants au sein du Commonwealth. [...]
[...] Pour l'Afrique noire française, le schéma de décolonisation semble plus simple, grâce a certains facteurs : la reconversion lente de l'opinion publique, le rôle du général de gaulle, la situation dans l'union française et les conditions locales ; l'égalité des droits entre africains et européens et la reconnaissance de la civilisation négro-africaine et la fin de la politique d'assimilation. Après la constitution de 1958, on met en place de façon fictive une communauté qui renferme le Sénégal, Madagascar et les pays d'Afrique équatoriales. Enfin l'indépendance de l'Algérie est fondamentale en cela qu'elle a donné un lieu à un affrontement triangulaire entre les musulmans, les colons et la métropole. [...]
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