La culpabilité allemande, Karl Jaspers, problèmes allemands, excuses, purification
Dès 1945, l'Allemagne nazie vaincue par les Alliés, les intellectuels allemands se mobilisent pour penser le régime hitlérien, tandis que le monde occidental découvre l'horreur du système concentrationnaire nazi. Les critiques sur l'inactivité des Allemands face au régime fusent aussi bien des pays vainqueurs que des émigrés allemands. Mais la réflexion la plus intéressante sur l'attitude des Allemands est certainement celles des Allemands eux-mêmes. En effet, des philosophes comme Hannah Arendt et Karl Jaspers, des sociologues, comme Alfred Weber, des théologiens, comme Martin Niemöller ou des écrivains, comme Thomas Mann, s'engagent dans un vaste débat intellectuel. Ainsi, Jaspers présente dans La culpabilité allemande (Die Schuldfrage) une réflexion essentielle, qui encourage par ailleurs chaque Allemand à penser sa « culpabilité ».
[...] De plus, les Allemands pourraient reprocher aux population et états d'Europe et du monde entier d'avoir manqué à la solidarité européenne et plus largement à la solidarité humaine. Cependant, il faut toujours nuancer la culpabilité des autres. Les Allemands ne peuvent pas accuser les pays vainqueurs d'avoir commis les crimes perpétués par l'Allemagne nazie. De plus, les Allemands doivent penser la culpabilité pour pénétrer le sens de [leur] propre culpabilité même lorsqu'ils évoquent la culpabilité des autres. Enfin, peut-on évoquer une culpabilité de tous ? [...]
[...] La fuite peut également résider dans des considérations particulières, des détails qui font oublier l'essentiel. Enfin, la fuite devant la purification peut consister en une sorte de fatalisme, selon lequel le tout submerge l'individu, tout finit par disparaître ou encore dans l'expiation, qui prendrait a forme de la misère d'après-guerre. Mais ces tentatives sont vaines. En effet, si les culpabilités criminelle et politique peuvent être limitées, les culpabilités morale et métaphysique sont inexpiables. Ainsi, les Allemands doivent soit assumer leur culpabilité en tant que leur conscience, et non le monde extérieur, le nécessite, et engager ainsi leur âme dans la voie de la transformation ou alors ne pas rechercher la vérité. [...]
[...] Enfin, il finit son cours en s'interrogeant sur l'existence d'une force allemande, malgré la faiblesse économique et politique de l'Allemagne. La réponse pourrait résider dans l'esquisse de la morale qui [leur] reste encore. La culpabilité allemande est donc une publication de la deuxième partie du cours de Jaspers. Dans son introduction, Jaspers rappelle l'accusation portée par le monde entier envers l'Allemagne et les Allemands. La culpabilité des Allemands est affirmée avec indignation, avec horreur, avec haine, avec mépris par les vainqueurs mais également par des émigrés allemands. [...]
[...] Il décéda à Bâle en 1969. La culpabilité allemande est une partie d'un cours intitulé La situation spirituelle en Allemagne que Jaspers tint en hiver 1945-1946 à l'université de Heidelberg. Dans l'introduction à ce cours, Jaspers souligne que le gouvernement militaire en place, à la différence du gouvernement national-socialiste, permet au peuple allemand de chercher la vérité Or, la vérité est ce qui aide tous les hommes à trouver leur chemin. Pour cette recherche de la vérité, Jaspers souligne deux nécessités. [...]
[...] Pour analyser la culpabilité allemande, Jaspers réfléchit tout d'abord sur les crimes. Les crimes du gouvernement nazi étaient tout à fait objectifs. Les vainqueurs ont institué le tribunal de Nuremberg pour les juger et établi la notion de crime contre l'humanité Comme les vainqueurs l'ont reconnu, le peuple allemand ne peut pas être jugé pour ces crimes. Le tribunal de Nuremberg est selon Jaspers précurseur dans la mesure où il ouvre la voie à l'ordre mondial qu'il devient indispensable de construire. [...]
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