L'objectivité n'existe pas. Surtout quand il s'agit de souffrance et de mort, de victimes et de coupables.
L'auteur, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, est allemand. Ayant dû fuir en 1933, il se réfugia en France et grâce à une naturalisation expresse en 1938 échappa à la rafle des juifs durant l'Occupation. Mais ces événements l'ayant marqué, il consacrera énormément de son travail à réfléchir à la mémoire, comment appréhender la Seconde Guerre Mondiale, quelle trace dans les esprits, etc. Le propos de ce livre est de retracer les différentes mémoires ayant résulté de ce traumatisme mondial et de surtout insister sur le cas de l'Allemagne : « la mémoire devait se faire action parce que nous étions coresponsables de l'avenir allemand, notamment de l'avenir de la mémoire allemande ».
Un peu partout dans le monde retentissent des appels à la mémoire. Ce thème est un leitmotiv récurrent de nos sociétés modernes. Et la tentation est grande de parler, de faire comme si tout était clair, comme si la parole était univoque.
Au départ le même postulat : un crime est l'équivalent d'un autre crime de même nature et de même dimension dès lors que des êtres humains en ont été victimes. Tout homme vaut tout homme, donc toute atteinte à son intégrité est criminelle.
[...] Et dans ce cas très précis[24], une sorte de non-mémoire s'installa. On ne voulut pas non plus se pencher sur les souffrances meurtrières infligées par le protecteur vietnamien au peuple cambodgien. Aux Etats-Unis, durant la guerre du Viêtnam, l'autoaccusation a fait place à la mise en accusation des médias des années 60 et 70 coupables d'avoir mis en scène des crimes américains et fait silence sur les crimes de l'ennemi. La présence médiatique de la guerre a favorisé les réactions négatives à l'intérieur et extérieur du pays. [...]
[...] Le système stalinien en revanche était auréolé de lumière grâce à sa victoire militaire. Chapitre III : les mémoires allemandes Quels Allemands pour quels crimes ? En France comme dans la plupart des autres pays d'Europe, le problème de la mémoire du crime est, depuis plus de quarante ans, prioritairement un problème allemand. Mais il est à noter qu'il n'existe pas une mémoire allemande, mais des mémoires allemandes, diverses et contrastées. La présence du crime dans les mémoires, le désir de cette présence ou son refus ont été différents selon les appartenances professionnelles, avec des absences et des rejets particulièrement forts là où la mémoire impliquait des constats de complicité. [...]
[...] Par là même, on souligne que la France a aussi souffert des exactions allemandes. Les négateurs communistes et leur mémoire La France patriotiquement unie dans la résistance face à l'occupant fasciste et à ses complices de Vichy et de Paris : cette vision de la réalité avait permis au parti communiste de faire et d'imposer le silence sur son attitude de 1939 à 1941 et aussi sur son défaitisme révolutionnaire qu'il n'avait abandonné qu'en 1935 au lendemain de l'accord Staline-Laval. [...]
[...] Alfred Grosser Le crime et la mémoire Avant-propos Qui parle ? L'objectivité n'existe pas. Surtout quand il s'agit de souffrance et de mort, de victimes et de coupables. L'auteur, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, est allemand. Ayant dû fuir en 1933, il se réfugia en France et grâce à une naturalisation expresse en 1938 échappa à la rafle des juifs durant l'Occupation. Mais ces événements l'ayant marqué, il consacrera énormément de son travail à réfléchir à la mémoire, comment appréhender la Seconde Guerre Mondiale, quelle trace dans les esprits, etc. [...]
[...] Sur ce que fut cette horreur, les informations surabondent même si les autorités turques ont tout fait pour qu'aucune information ne soit divulguée. Au début, il y a eu l'élimination de l'élite de la communauté arménienne de Constantinople et l'élimination des Arméniens des corps des fonctionnaires de l'Etat, puis le désarmement des soldats arméniens de l'armée turque, puis la déportation massive vers des régions désertiques où les survivants sont définitivement voués à la faim et en route horreurs variées, massacres, viols en masse, rapts d'enfants destinés à l'esclavage. [...]
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