L'école méthodique est « l'illustration d'un certain esprit historique, qui n'est plus le nôtre, mais dont nous sommes, parfois inconscients ou ingrats, les héritiers » (Palmade G-P). Les textes que nous étudions ici, pour analyser l'apport de l'histoire méthodique, sont en quelque sorte les reflets de cette citation. En effet on a d'un côté l'ouvrage paru en 1897 : Introduction aux études historiques écrit par Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos qui est un ouvrage épistémologique du courant de l'histoire méthodique. Cet ouvrage est publié durant la vague intellectuelle allemande sur la France suite à la défaite de 1870. Ainsi l'école méthodique se développe durant cette fin du 19e siècle sur un modèle allemand. Charles Victor Langlois (1863-1929) et Charles Seignobos (1854-1942) en sont les 2 principaux chefs de file.
Dans ces documents, les auteurs s'attachent à décrire l'importance du document à la base de leur réflexion et l'application de leur méthode critique tandis que dans le second texte Antoine Prost, citant allégrement Seignobos, montre l'évolution de la pensée de celui-ci en réponse en quelque sorte à ses détracteurs. En quoi par sa méthode critique appliquée aux documents, l'école méthodique fut non une impasse mais une étape dans le débat menant à notre conception et à notre pratique de l'histoire ?
Dans ce sens nous examinerons successivement : le statut du document au sein de la connaissance historique, puis le raisonnement à partir des sources de l'école méthodique et enfin les apports de la méthode critique réhabilitée au sein du débat épistémologique.
[...] 3/Les apports de l'école méthodique : une réhabilitation ? A/Le statut de l'école méthodique au sein de la réflexion sur la discipline Les éléments présents dans les 2 textes de notre corpus nous permettent de présenter la trame générale du débat épistémologique avant et après le courant de l'école méthodique Tout d'abord, c'est au travers de la valeur donnée au document par cette méthode que l'Introduction aux études historiques critiquent ses prédecesseurs historiens français : délégitimation de l'histoire trop littéraire que pratiquait la génération précédente Et dans cette désignation Prost entend ceux que l'opinion publique a intronisé de grands savants et il cite pour exemple Cousin, Vuillemain, Guizot, A.Thierry ou Barante Ces hommes du 19e siècle furent philosophes et/ou hommes politiques, mais avec tous un statut d'historien. [...]
[...] Si la seconde affirmation n'est pas contestée par Prost, en revanche il dit que l'élargissement du répertoire documentaire est parfaitement compatible avec l'épistémologie de Seignobos De plus comme on l'a vu le raisonnement méthodique au sein de ce métier d'historien fait appel au raisonnement analogique, et ainsi la connaissance du présent avant même du passé, est indispensable à l'historien : ce qui rend l'histoire tributaire de l'approfondissement des autres sciences sociales Le courant de l'histoire méthodique est dit positiviste, à savoir que ces historiens pensent leur méthode à l'origine de faits scientifiques supérieure et donc que cette méthode est à appliquer aux autres disciplines. Aujourd'hui ce critère d'histoire positiviste apparaît comme une critique. Mais Prost ici également s'attache à relativiser ce critère. [...]
[...] Selon Seignobos et Langlois : la connaissance historique est, par essence, une connaissance indirecte à savoir que l'historien ne peut pas baser son travail sur des faits qu'il a vu. C'est là le propre des faits historiques dont le caractère historique n'est pas dans les faits ; il n'est que dans le mode de connaissance .Dans le 1er document on a notamment l'exemple d'un tremblement de terre qu'on peut constater de façon directe si on le voit se produire ou si on en constate les effets, ou de façon indirecte si on nous raconte ou on lit le commentaire d'un observateur du phénomène ou de ses effets. [...]
[...] De même, le mouvement du renouveau de l'histoire politique montre encore combien cette histoire fut une étape importante dans la construction de la science historique. Bibliographie Ouvrages généraux Bloch Marc, Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, Armand Colin, Paris (1949). Ouvrages spécialisés Prost Antoine, Douze leçons sur l'histoire, Seuil, Points, Paris Seignobos, La méthode historique appliquée aux sciences sociales, Alcan, Paris Instruments de travail Mourre Michel, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Bordas, Paris Editions de la source Langlois, Seignobos, Introduction aux études historiques, Kimé (1898). [...]
[...] On se demande ainsi : qu'est ce qu'il a voulu dire ; s'il a cru ce qu'il a dit ; s'il a été fondé à croire ce qu'il a cru Cette méthode de critique a pour but de faire passer les informations des sources du statut de signes d'opérations psychologiques à celui d'observation. Ainsi en tant qu'observation, il ne reste plus qu'à le traiter suivant la méthode des sciences objectives Dans ce sens, Prost cite un exemple soulevé par Noiriel : bien des statisticiens actuels, voire des historiens, auraient encore intérêt à méditer ces remarques sur l'exactitude abusivement prêtée aux chiffres En effet cela montre l'intérêt d'appliquer cette critique non seulement en histoire, mais également dans d'autres disciplines puisqu'ici par exemple le chiffre avec son aspect mathématique donne l'illusion du fait scientifique, or on tend à confondre précis et exact B/La méthode critique : à l'origine d'une discipline scientifique ? [...]
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